▪ Pauvre petite Grèce…
Gangrénée par la corruption, la fraude fiscale, les faux et usages de faux à tous les étages… Surendettée et embourbée dans ses déficits, elle n’arrive plus à faire face, ni à lever des capitaux sur les marchés pour se financer. A moins de payer un prix exorbitant qu’elle ne peut se permettre…
Les rapaces de la finance fondent sur elle. Sans foi ni loi et sans pitié… A la clé, un pactole monumental !
▪ "Une attaque menée de main de maître…"
… par une grande banque américaine spécialisée dans les credit default swaps (assurances contre la défaillance d’un émetteur obligataire) et une paire de hedge funds très puissants… et influents. But de l’opération ?
Faire le maximum de plus-values sur les CDS achetés fin 2009 et "obtenir des ‘rendements canon’ lors des prochaines émissions de bons du Trésor grec ou espagnol", comme le disait hier Philippe Béchade.
Meurtre avec préméditation
Je crois bien que l’attaque a été préparée méticuleusement, et depuis longtemps. Parce qu’elle est "globale" et que ses conséquences touchent tous les marchés.
Les initiateurs du guet-apens savaient depuis longtemps qu’en attaquant la Grèce sur ses faiblesses, la Bourse d’Athènes s’effondrerait, les indices mondiaux décrocheraient, et que la panique s’installerait. Ils savaient pertinemment qu’ils faisaient ainsi entrer le cheval de Troie dans la Zone euro.
Car si la Grèce fait faillite — comprenez si elle n’arrive pas à faire face à ses engagements –, c’est l’euro qui vole en éclats. Et si l’euro vole en éclats, c’est le dollar qui (par défaut !!) flambe…
Alors oui, c’était probablement prémédité. Et ça a rapporté gros.
▪ Positionnés à contre-courant avant tout le monde, ils ont gagné sur les trois tableaux
Depuis des semaines, alors que tout le monde vendait le dollar et achetait l’euro, les "initiés" commençaient à accumuler les positions inverses. Ils ont vendu l’euro à 1,50 $… et continuent de le vendre (ils peuvent aujourd’hui le racheter à 1,37…).
Et ce n’est pas tout.
Ils savaient qu’en déstabilisant la Grèce et l’euro, en faisant réémerger brutalement l’aversion au risque au moment même où les marchés commençaient à s’essouffler, ils feraient violemment chuter les marchés actions et matières — notez au passage la précision du timing de l’attaque…
Là aussi, ils ont été les premiers à prendre des positions short (vendeuses) sur les marchés actions et matières, bien avant tout le monde. Avec un décrochage des indices de quelque 15%, imaginez les profits. Et je ne parle pas des matières…
Ils ont gagné sur les trois tableaux : sur les CDS, sur la correction des marchés et sur l’effondrement de l’euro.
▪ Et ce n’est pas tout…
Nos prédateurs ont déjà en ligne de mire d’autres proies, presque aussi fragiles et alléchantes que nos amis Grecs : l’Espagne et le Portugal. Les attaques spéculatives ne pourraient que commencer…
Le ver est dans la pomme. Le cheval de Troie dans l’Union. Nous voilà face au mur. Ou plutôt face à la réalité. Notre réalité.
Car il y a actuellement un short abyssal de huit milliards de dollars sur l’euro (position nette vendeuse à Chicago !). Jamais, absolument jamais depuis la création de l’euro, autant de spéculateurs n’ont accumulé autant de positions vendeuses sur l’euro.
▪ Nous pourrions bien assister à une tempête sur le Forex
Soit les victimes/proies (PIGS) sont fusillées les unes après les autres sur l’autel de la dette et des déficits, et l’euro plonge. C’est le jackpot pour nos prédateurs…
Soit les choses se calment, l’aversion au risque s’atténue, le dollar est progressivement délaissé… et alors nous pourrions bien assister à un rebond violent de l’euro. Parce que les positions short (vendeuses) devront être débouclées de force et massivement, ce qui pourrait propulser l’euro à la hausse (de quelques centaines de pips) à vitesse grand V.
[NDLR : Comment transformer ces bouleversements monétaires en profits ? Il suffit de suivre les conseils d’un spécialiste…]
Cependant, j’ai du mal à croire en cette version, tant les dissensions et divergences internes à l’Union et les convulsions de l’euro m’effraient.
▪ Nous ne nous en sortirons pas indemnes
La seule chose dont je suis convaincue, c’est qu’on ne s’en sortira pas indemnes. Ni la Grèce, ni l’Espagne, ni même l’Angleterre et surtout pas la France. Et n’allez pas croire que les Etats-Unis sont mieux lotis.
Nous avons TOUS hypothéqué notre avenir et notre croissance pendant des années. Car maintenant il va bien nous falloir rembourser nos montagnes dettes. Nous avons échappé à la dépression, au prix de notre croissance future.
Les poches vides, avec une croissance anémique, nos "boulets" risquent de peser bien lourds sur nos épaules et celles de nos frêles enfants…