Dernier jour « sans » Bill Bonner – son voyage de retour terminé, nous devrions le retrouver dès demain avec de l’inédit. En attendant, un classique, diffusé le 5 janvier 2018 – avec un point de vue sans concession sur la vraie nature de la politique…
Nous devons à Donald Trump un cordial et sincère « merci ».
Non seulement il nous a fait économiser beaucoup d’argent (voir ci-dessous)… mais il nous a aidé à mieux comprendre comment fonctionne vraiment un gouvernement.
Ce que « Le Donald » a mieux compris que les politiciens professionnels, c’est que la politique n’est, à la base, qu’un spectacle. C’est une partie sordide du show business… toute de prestidigitation et de trucages… de performance… plus proche du catch professionnel que des subtilités de la série The Crown.
Séries télé, vantardises et gesticulations politiques
Les médias n’ont toujours pas compris. Dans un article paru cette semaine, les journalistes ont dénombré 1 950 « affirmations fausses ou trompeuses » faites par le président des Etats-Unis [en 2017]. Nous avons été surpris. Nous pensions que c’était plus.
Pourquoi pas, après tout ? Trump a réalisé qu’il faisait le show. Personne ne s’attend à ce qu’un comique dise la vérité. Personne ne vérifie les paroles des chansons de Beyonce pour voir si elles contiennent des erreurs factuelles. Et personne ne s’attend à trouver la vérité en regardant Buffy contre les vampires.
Un autre article nous dit que Trump est « moqué sur les réseaux sociaux pour sa vantardise » concernant son bouton atomique.
Evidemment, ce n’est pas ce qu’aurait fait le président Eisenhower. Mais ce n’est plus la république d’Eisenhower. Et on ne parle pas des électeurs d’Eisenhower.
Ils ont perdu foi dans le système, ses illusions solennelles et sa dignité contrefaite.
Ils sont ravis de voir quelqu’un qui parle dans un langage qu’ils comprennent – le langage d’Howard Stern et des Kardashian.
Trump, qui a été célèbre toute sa vie, a senti que le rôle du président n’a pas grand’chose à voir avec la géopolitique, la maîtrise du budget fédéral ou la connaissance de l’Histoire.
C’est du show biz… comme une émission de téléréalité ou un match de catch, avec des petites phrases assassines, des gesticulations… et de faux combats.
En d’autres termes, c’était tout à fait dans ses cordes.
Savoir-faire en matière de manipulation des masses
Trump a aussi compris que le véritable travail du gouvernement – c’est-à-dire donner des ordres aux gens et les dépouiller – est effectué par le Deep State, les compères, les élites et les ronds-de-cuir de Washington.
Il savait qu’il ne pouvait pas les battre.
Tout ce qu’il pouvait faire, c’était conclure le plus beau deal de sa vie – lui permettant de prétendre être le Champion des « petites gens » de l’Amérique profonde…
… sans pour autant déranger les initiés dans leur petit confort.
Un an plus tard, au niveau national, les arnaques continuent. A l’étranger, les guerres bidon se poursuivent. Et le tout est financé par un système de monnaie factice.
Une autre chose que Trump a comprise : les fans… pardon, les électeurs… en avaient assez.
Il a deviné à juste titre qu’ils se rassembleraient derrière un candidat qui semblait parler vrai… qui promettait d’arrêter les guerres perdues d’avance et qui les protégerait de la concurrence grâce à des murs et des barrières commerciales.
Les professionnels – trop circonspects et trop timides pour s’abaisser à ce genre de démagogie – ne les faisaient plus vibrer.
Ils voulaient quelqu’un qui leur dise « les choses comme elles sont »… ils voulaient un menteur qui n’avait pas peur de dire la vérité : que le système était truqué en leur défaveur… et que les truqueurs emplissaient le Capitole… les bureaucraties… l’industrie financière… les médias… et aussi les grandes entreprises.
Il avait raison sur tous les points. Le système est bel et bien truqué – comme nous le décrivons depuis 10 ans.
M. Trump ne comprend probablement pas de quelle manière il est truqué, mais il a la sagesse du forain : une connaissance instinctive de la psychologie des foules et un savoir-faire bien trempé en matière de manipulation des masses.
Champion de l’Amérique profonde mais président des élites
En se faisant passer pour un ami des « petites gens », M. Trump s’est révélé être le président parfait pour les élites… réduisant leurs impôts… augmentant les dépenses pour les gros bras du Pentagone et l’industrie de la défense… aidant à étouffer les véritables réformes et les limites aux prestations sociales galopantes… s’alliant avec Pelosi et Schumer pour empêcher que le plafond de la dette s’envole, avec aucune limite aux déficits…
Quel spectacle ! Et tout le monde a un rôle à jouer.
Même les médias ont le leur, se posant en gardiens de l’honneur de la république.
Ils font semblant d’épingler Trump pour avoir comploté avec les Russes pour défaire Hillary. Tous les jours, ils crient au scandale du « Russiagate », sachant parfaitement qu’il n’y a pas là matière à enquêter.
Les autorités américaines dépensent 75 Mds$ par an pour détecter les « ennemis » et la « trahison ». S’il y avait le feu dans ce domaine et qu’ils voulaient vraiment se débarrasser de la « bombe blonde », il y a bien longtemps que la fumée nous piquerait les yeux.
Mais jamais outrage feint n’a été si profitable. Les médias n’ont jamais si bien vécu. Les gens se connectent tous les jours simplement pour découvrir quelle chose idiote, farfelue, absurde ou pathétique le président va faire.
Les médias l’adorent.
Le Deep State l’adore ; il sait que Trump protège le système et son escroquerie.
Les riches l’adorent ; Trump continue à envoyer de l’argent dans leur direction.
Les pauvres l’adorent aussi ; ils aiment sa manière de parler… et ils n’ont pas le cynisme nécessaire pour comprendre ce qui se passe vraiment.
Les initiés – du moins ceux qui comprennent le jeu – l’adorent.
Et les exclus l’adorent aussi – ils pensent qu’il est de leur côté !
Et nous l’adorons. Enfin, en tant que chef d’entreprise. Durant les fêtes, nous avons reçu un petit mot de notre directeur financier : selon ses calculs, les baisses d’impôts vont réduire notre note fiscale de 22%.
Nous remercions donc « Le Donald » pour ce petit plus, mais aussi pour avoir fait de 2017 une année distrayante et instructive. Plus qu’aucun autre candidat avant lui, il nous a montré combien la politique est une activité poisseuse et honteuse.
Malgré tous ses défauts et lacunes criantes, M. Trump a quand même raison : le système est truqué.