▪ Les matières premières sont-elles devenues un outil de politique comme un autre ?
On peut se poser la question au regard des récents développements sur le marchés des matières premières. Depuis quelques années, les ressources sont devenues un enjeu électoral. Le cabinet Ernst & Young a identifié le « nationalisme des ressources » comme la principale menace pour les minières en 2012.
Depuis les années 2000, seule la Russie nous avait habitués à mêler énergie et politique. Au point qu’on ne distinguait parfois plus l’intérêt du Kremlin de l’intérêt de Gazprom.
Mais depuis un an, la Russie a fait des émules. Nouvelles taxes, entrée en force de l’Etat au capital des JV (joint-ventures), voire nationalisations sauvages. Les matières premières sont devenues un symbole de souveraineté… au risque de faire fuir les investisseurs.
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Avez-vous ces cinq valeurs en portefeuille ?
Elles pourraient être la clé des profits en 2011, malgré la crise : solidement, facilement et en toute simplicité. Mettez-les au fond de votre portefeuille, oubliez-les… et rendez-vous en fin d’année pour voir où en sont vos profits !
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Pourtant, ces pays offrent les opportunités les plus intéressantes. Leurs ressources viennent d’être découvertes, et sont donc abondantes. Voici quelques pistes pour investir sur ces pays.
▪ La Russie, un modèle de nationalisme brutal
C’est la Russie qui a expérimenté cette politique « énergique » envers les acteurs des matières premières. En 2006, le Kremlin force Shell à vendre à Gazprom certains actifs des îles Sakhaline, îles riches en gaz. Gazprom, bras armé du Kremlin, était alors devenu majoritaire sur le gisement de Sakhaline II.
Le Kremlin avait justifié cette action en pointant du doigt l’inégalité des contrats signés dans les années 1990. Le comble, c’est que trois ans après, le Premier ministre Vladimir Poutine a invité Shell à développer ces mêmes gisements, du fait du manque de technologies de Gazprom.
Tous les exemples de nationalisme sur les matières premières ne sont pas aussi caricaturaux. Mais leur point commun est la volonté des Etats de profiter de la hausse des prix des matières premières.
▪ Les Etats s’imposent sur le marché minier…
La Zambie a illustré cette reprise en main de l’Etat sur le secteur des matières premières : l’arrivée de l’opposant de gauche Michael Sata à la présidence cette année a inquiété les investisseurs.
Les inquiétudes se sont vite concrétisées : le nouveau président vient d’interdire l’exportation de minerais. L’objectif est de contrôler les comptes des minières afin de mettre en place une taxe forfaitaire de 25% sur les profits miniers.
La Tanzanie, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud s’apprêtent à leur tour à augmenter les taxes sur les compagnies minières.
Enfin, le Venezuela a opté pour une solution extrême : la nationalisation pure et simple des mines d’or.
▪ Parfois les Etats négocient…
C’est le cas au Pérou actuellement. L’arrivée au pouvoir du président Ollanta Humala a fait craindre une vague de populisme et un bras de fer avec les minières. Finalement, l’accord pour lever une nouvelle taxe a été négocié avec les minières. Le gouvernement devrait récupérer un milliard de dollars sur l’exploitation des ressources minières.
▪ La Mongolie a des ressources, et de l’avenir
En septembre, c’est la Mongolie qui a fait les gros titres des journaux. Le climat des investissements s’est considérablement détérioré depuis que l’Etat a voulu augmenter ses parts dans la JV qu’il a formé avec Rio Tinto et Ivanhoe Mines pour exploiter une mine à trois, une mine d’or et de cuivre.
Le gouvernement veut faire passer ses parts de 34% actuellement à 50%. L’ambition du gouvernement est de financer la diversification économique du pays grâce aux revenus de la mine. L’ambition du gouvernement est légitime en soi. Pourtant, la stratégie a effrayé plusieurs investisseurs. Or la Mongolie est appelée à jouer un rôle majeur dans la mine, du fait de ses importantes ressources.
▪ Mon conseil
Ces diverses réactions doivent nous inciter à davantage de prudence. Je considère que le meilleur moyen d’investir dans un pays réputé « à risque », est de miser sur les entreprises déjà existantes. Elles disposent déjà des relais économiques et politiques pour mieux anticiper les changements de cap politiques. Le cas de la Mongolie est exemplaire.
▪ Comment profiter des ressources mongoles ?
Oulan-Bator est riche en ressources minières. Après le cuivre et l’or, c’est le charbon qui devrait attirer dans les années à venir les investisseurs. Le pays possède 12,2 milliards de tonnes de charbon. Surtout, la Mongolie jouxte le premier consommateur au monde de charbon, la Chine.
Devant l’envolée des prix du charbon sur les marchés internationaux, la Chine va avoir de plus en plus besoin de sécuriser ses approvisionnements. C’est pourquoi les ressources mongoles sont appelées à se développer rapidement.
Avant que de nouveaux projets jaillissent en Mongolie, et ne se heurtent à l’appétit du gouvernement, je vous conseille de jeter un oeil à South Gobi Resources. Sait-on jamais. La minière, cotée à Toronto, produit déjà du charbon en Mongolie. Avec plusieurs projets d’agrandissement en cours, l’avenir pourrait lui sourire…
[NDLR : Retrouvez les conseils de Florent tous les mois dans une lettre d’investissement consacrée exclusivement aux matières premières : tout est là…]
Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises le 26/10/2011.