▪ Nos Chroniques seront un peu courtes, cette semaine. Votre correspondant assiste à une conférence financière à Vancouver. Il ne veut rien manquer.
Qu’y avons-nous appris jusqu’à présent ?
Rob Parenteau et John Mauldin ont tous deux mentionné le danger des restrictions budgétaires. Resserrer les dépenses semble être le bon choix. C’est le bon choix. Mais ça engendre de plus gros déficits.
Comment est-ce possible ?
"Cela met en marche un cercle vicieux", a expliqué Rob. Le secteur privé corrige déjà. Si le secteur public tente de corriger sa dette en même temps, la pression s’accentue sur les ménages et les entreprises. Leurs revenus baissent (moins de dépenses gouvernementales) et leurs impôts augmentent. Ils réduisent donc leurs dépenses. Des emplois se perdent. Les recettes fiscales baissent. Le déficit du gouvernement augmente donc, et il doit réduire ses dépenses encore plus.
"C’est ce qui est en train de se produire en Irlande. L’Irlande a tout fait comme il le fallait. Elle a réduit ses dépenses comme elle avait dit qu’elle le ferait. Mais les conditions économiques se sont détériorées, non améliorées".
Quelle est la solution ? Il n’y a pas de solution. Mais tant Rob que John laissent entendre que les gouvernements devraient peut-être attendre un retournement à la hausse du secteur privé avant de réduire vraiment leurs dépenses.
▪ A leur place, nous ne nous en inquiéterions pas. Pour commencer, nous ne pensons pas que les gouvernements réduisent sérieusement leurs dépenses. Ils se contentent de jouer avec l’idée. Lorsque le temps sera venu de passer aux choses sérieuses, nous sommes d’avis qu’ils quitteront la pièce. La Hongrie a déjà annoncé qu’elle en avait assez de l’austérité. Quand la situation deviendra vraiment grave, les autres pays tiendront-ils le coup ? Probablement pas, dans leur majorité.
Ensuite, le véritable problème reste celui d’un excès de dette. Elle doit être détruite — le plus tôt sera le mieux. Personne n’a jamais dit que ce serait amusant. Mais mieux vaut s’en débarrasser tout de suite.
Voilà pourquoi une approche concrète aurait été plus efficace au début. Après la chute de Lehman, tout le secteur financier était prêt à s’effondrer. Les ménages, les entreprises, les banques — des milliers de milliards de dollars de dettes auraient pu être effacés du jour au lendemain ; nous ne le saurons jamais.
Au lieu de ça, nous sommes en route pour Tokyo, où on applique des renflouages, des escroqueries et des relances contre-cycliques depuis 20 ans. Et pour quoi ?
"La situation aurait été pire si les autorités japonaises n’avaient pas agi", disent les néo-keynésiens.
Comment le savent-ils — voilà qui reste un mystère. Il s’avère qu’au final, en termes de richesse nominale, les investisseurs japonais ont perdu l’équivalent de trois années entières de PIB. Et l’économie nippone, aujourd’hui, ne s’est pas développée depuis 17 ans, pas plus qu’elle n’a créé un seul nouvel emploi.
La dette n’a pas été réduite non plus. Au lieu de permettre au secteur privé de détruire et rembourser sa dette, le secteur public a lutté… empruntant lourdement pour essayer de déclencher une reprise. Résultat : pas de reprise… et presque exactement la même quantité de dette. Et tandis que le secteur privé remboursait sa dette, le secteur public a pris le relais de l’emprunt. A présent, c’est le gouvernement qui doit de l’argent un peu partout.
On progresse, non ?