Par Alexandra Voinchet
L’amour du risque des investisseurs n’est pas pour plaire aux obligations étatiques. L’an passé, la panique boursière avait fait les bonnes heures des emprunts d’Etats, qu’importe leurs taux, tombés alors bien bas. Les investisseurs recherchaient avant tout la sécurité. Le rally des marchés actions a montré le retour des investisseurs vers des titres plus risqués, au grand dam des obligations d’Etat.
Ce que disent les commentateurs
Cela se traduit en chiffres. "En juillet, les achats nets d’obligations d’Etat américaines ont été divisés par trois à 31 milliards de dollars", écrit L’Agefi. Les acheteurs étrangers ont calmé leur appétit : "leurs achats bruts d’emprunts d’Etats (…) se sont élevés à 942,7 milliards de dollars, à comparer à 1 256 milliards de dollars (…) le Royaume-Uni et le Japon, qui en avaient acheté en juin pour 84,8 milliards de dollars à eux deux, ont réduit leurs achats en juillet à 18,7 milliards de dollars. Le Luxembourg, la Russie, le Brésil et les pays de l’OPEP ont été vendeurs nets ensemble à hauteur de 17,5 milliards de dollars ", explique L’Agefi.
A surveiller également : le comportement d’achat de l’autre grand client des T-Bonds, la Chine. Pékin a "renforcé ses positions en Treasuries de 24,1 milliards à 800,5 milliards", précise L’Agefi. Toutefois, ce qui ne se lit pas dans ces chiffres, c’est que, si la Chine a acheté plus de dettes à taux long, elle a en revanche boudé le court terme et acheté moins de dollars. Comme l’évoque L’Agefi, "les actifs financiers à long terme américains ont pâti en juillet du retour de l’appétit pour le risque et du débat sur une nouvelle devise internationale de réserve".
L’Agefi tempère tout de même : "Le solde net des achats reste tout de même positif à 31,1 milliards, contre 100,5 milliards un mois plus tôt, et la dette américaine demeure l’actif préféré des investisseurs juste devant les actions américaines".
Et ensuite
Pour les Etats-Unis, mieux vaut trouver preneur : pour maintenir leur économie à flots, ils ont prévu d’émettre près de 2 000 milliards de dollars cette année, selon Barclays Plc. L’Oncle Sam compte sur l’appétit de ses congénères, mais aussi sur celui des banques et des sociétés de gestion, qui ont de la liquidité (les premières ont abondamment été arrosées par l’Etat). La Maison Blanche comptait aussi sur elle-même, la Réserve fédérale américaine rachetant sa propre dette. Programme qui devrait prendre bientôt fin.
Tout le monde doit de l’argent à tout le monde. Il faudra bien un jour rembourser. Ce jeu ne sera vraisemblablement pas à somme nulle. Même si, pour le moment, les niveaux de taux et la situation économique éloignent la crainte d’un krach obligataire.
Meilleures salutations,
Alexandra Voinchet
Pour la Chronique Agora