▪ D’accord. Qui a mis le monde financier dans une machine à remonter le temps et nous a tous renvoyés en 2007 ? Sérieusement. Le pétrole a dépassé les 80 $ du jour au lendemain. L’or tourne autour des 1 060 $. Les actions ont grimpé. Les bons du Trésor ont grimpé. Est-ce que quelque chose va redescendre un jour ?
Sur la première page du Australian Financial Review de mercredi, on trouve une image représentant des voitures qui roulent sur ce qui semble être une "autoroute pavée d’or". Pas étonnant que l’or augmente. Il faut beaucoup d’or pour paver une autoroute.
La légende de l’image dit : "il y a beaucoup d’argent à gagner grâce au boom des nouvelles technologies en investissant dans les valeurs internet et les grands acteurs du secteur des télécommunications". Cet article a été publié quelques heures après qu’Apple a annoncé avoir vendu plus d’iPods et de Macintosh au cours du quatrième trimestre que depuis leur commercialisation. La foule est devenue folle.
Les actions Apple ont clôturé à 5%, juste en dessous des 200 $. Etant donné qu’elles sont tombées à 78,20 $ en janvier, elles ont donc augmenté de 154% depuis. C’est une augmentation suffisamment importante pour attirer votre attention. Mais si vous vouliez vous positionner à l’achat dans cette reprise bidon, il fallait le faire il y a huit mois — et non pas il y a quelques jours.
Après tout, Apple est peut-être une entreprise intéressante, qui pourrait avoir les capacités d’offrir une bonne croissance des bénéfices, si elle réussit à éviter les mâchoires de la dépression mondiale. Nous en doutons. Mais les iPods sont devenus quasiment indispensables dans notre société moderne. Alors sait-on jamais…
▪ A la Chronique Agora, nous voulons juste vous dire une chose très simple : faites attention ! La seule chose qui chute en ce moment, c’est le dollar. Et ça nous donne la chair de poule. La dernière fois qu’il y a eu un tel consensus concernant la direction à court terme du dollar, tout s’est renversé, et de façon assez brutale.
La dernière fois que l’indice dollar est remonté de ses plus bas, c’était en juin de l’année dernière. Une fois qu’il est remonté, il a entraîné une réaction en chaîne sur les marchés financiers. Les investisseurs ont abandonné les capitaux à risque et se sont tournés vers les bons du Trésor américain à court terme. Les actions ont chuté.
Un rally du dollar et une liquidation boursière sont encore plus probables maintenant, et ce pour deux autres raisons. D’abord, chaque fois que l’on a du carry trade — dans lequel les investisseurs empruntent une devise bon marché pour acheter des actifs — il y a toujours un risque de short squeeze. Les investisseurs qui ont acheté le dollar à découvert couvrent leur position en rachetant la devise.
▪ La deuxième raison pour laquelle il faut s’attendre à un renversement du dollar et à une liquidation des actions, c’est que les actions sont surévaluées en ce moment. John Hussman de Hussman Funds écrit que "sur le front de la valorisation, les actions sont actuellement surévaluées, mais à des niveaux que nous avons déjà observé plusieurs fois au cours de l’histoire. L’anomalie est liée à l’activité du marché ; nous ne pouvons plus trouver un seul exemple historique d’un tel surachat des actions suite à une combinaison de mesures de court- et moyen-terme faisant fortement réagir les intervenants. En réalité, un seul exemple s’en rapproche : le 28 novembre 1980".
Hussman ajoute ensuite que "l’une des caractéristiques notables des conditions de surachat extrême est que les investisseurs ont rarement des chances d’en sortir, tout comme les plus déchaînés affirment que des conditions de survente claires ont tendance à advenir trop rapidement pour qu’on puisse les saisir, à moins d’avoir déjà établi une position. En ce qui concerne le présent, nous avons rarement vu 90% des actions au-dessus de leurs moyennes mobiles à 50 et 200 jours pendant une période aussi longue que celle que nous voyons aujourd’hui".
▪ Avons-nous changé notre fusil d’épaule ? Pas du tout. Nous sommes toujours des baissiers sur le dollar tout à fait convaincus. Mais une chute brutale du dollar n’est dans l’intérêt d’aucun trader ou investisseur qui possède des capitaux principalement libellés en dollars. Et de toutes façons, les traders n’ont pas de morale. Ils font leurs opérations en fonction des tendances, et les tendances n’évoluent jamais dans une direction uniforme.
Tenez-vous le pour dit ! Bien que nous soyons des baissiers du dollar confirmés, le billet vert a l’air survendu. Les actions ont l’air surachetées. Et franchement, la reflation de tous les marchés d’actifs (les bons, les actions, les matières premières, l’immobilier) semble trop cuite.
[NDLR : Quoi que fasse le dollar, vous pouvez en profiter — en suivant les conseils de notre spécialiste. Tout est expliqué ici : n’attendez pas que la situation se renverse pour agir !]