** Hourrah ! Le dollar est sauvé ! Comment le savons-nous ? C’est le ministre des Finances russe qui nous l’a dit !
– Le dollar est "en forme" si l’on en croit Alexei Kudrin, qui a affirmé, au G8 du week-end dernier à Lecce, en Italie "qu’il [était] trop tôt pour parler d’une alternative [au dollar américain]".
– Même les politiciens de l’ancienne Union soviétique ont le droit d’avoir un avis, évidemment, tout comme nous avons le droit d’être en total désaccord avec eux. Et d’après les apparences, d’autres membres du gouvernement russe, un peu confus, sont aussi de notre avis. Peu de temps avant que Kudrin soit entendu en train d’appeler au soutien de son allié improbable à la table ronde du G8, le président russe, Dimitri Medvedev a rejoint l’avis du gouverneur de la Banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, qui suggère que le monde a peut-être besoin d’un autre point de référence pour régler les dettes internationales.
– D’où est venu ce champion improbable de la devise américaine, nous demandons-nous, et agit-il vraiment dans l’intérêt de M. Tout le Monde, de N’importe Où, aux Etats-Unis ? Voilà qui serait étonnant. Les politiciens, comme nous le savons, sont tous faits de la même matière, mi-malveillance, mi-fraude. Certains sont un peu plus maléfiques, d’autres un peu plus trompeurs. Kudrin, plutôt que de se contenter d’administrer une raclée pure et simple au billet vert, comprends qu’un mouvement progressif vers une devise alternative encore non mentionnée pourrait être dans l’intérêt de la position mondiale de son pays sur le long terme.
** Pour commencer, la Russie possède près de 138,4 milliards de ces dollars cachés sous quelques tonnes de béton à Moscou. Si la valeur du billet vert chute trop rapidement, les bâtiments construits sur ce tas de billets risquent de s’écrouler. D’autres pays avec d’importantes réserves de dollars en sont également conscients, ce qui explique pourquoi la Chine, le plus gros créditeur des Etats-Unis, ne va pas simplement lâcher 767,9 milliards de dollars de dettes américaines sur le marché libre.
– C’est aussi la raison pour laquelle, quand il s’est exprimé quelques jours avant le G8 mentionné plus haut, le Ministre des Finances japonais, Kaoru Yosano, a affirmé sa confiance dans les titres du Trésor américain, qu’il décrit comme étant "inébranlables".
– "Nous avons une confiance totale dans le fait que les Etats-Unis voient leur politique du dollar fort comme étant fondamentale", a déclaré M. Yosano dans une interview à Tokyo — sans un sourire, pourrait-on ajouter. Mais nous pensons à 686,7 milliards de raisons pour lesquelles M. Yosano pourrait résister à l’envie d’éclater de rire. Si la rumeur se répand que ces billets verts ne valent pas le chiffre imprimé dessus, qu’est-ce que M. Yosano pourra espérer obtenir en échange ? Il en va de même pour M. Kudrin et M. Guido Mantega, du Brésil, qui est lui même assis sur plus de 125 milliards.
– On pourrait dire que les personnes mentionnées ci-dessus surveillent le billet vert plus sérieusement que Greenspan ou Bernanke, qui ont tous les deux cherché à le dévaluer en faisant marcher les presses d’imprimerie et en prêtant à des taux ridiculement bas.
– Tout ça n’est qu’illusion, croyez-moi. Tous le monde sait qu’on ne peut pas continuer à utiliser des coquillages en guise de monnaie si, à chaque fois que la marée monte, 300 milliards d’entre eux se retrouvent sur la berge. Les dirigeants mondiaux sont simplement en train de protéger la valeur de leurs propres réserves en essayant de prétendre que la marée ne remontera pas. Elle remontera, évidemment, et nous verrons alors tout le monde se précipiter sur les noix de coco… et, au passage, écraser les coquillages sous leurs pieds.
[NDLR : Quoi que fasse le dollar, son évolution peut vous rapporter des gains de plusieurs centaines d’euros, comme le démontre Jérôme Revillier : continuez votre lecture pour le suivre dans ses prochaines plus-values !]