Deux tiers du PIB US sont dus aux dépenses de consommation des Américains. Mais les ménages commencent à tirer la langue…
Selon le magazine Fortune, « si l’économie américaine a un héros, en 2019, c’est bien le consommateur américain ».
Ce magazine qui existe depuis 90 ans souligne que c’est parce que « de solides dépenses de consommation » sont la seule tendance susceptible de « soutenir encore la croissance économique » dans un contexte de ralentissement économique mondial et d’une éventuelle récession aux Etats-Unis.
Le mois dernier, lorsque j’ai participé à l’émission Squawk Box, sur CNBC International, à Londres, on m’a demandé si je pensais que le consommateur américain pourrait continuer à porter à bout de bras non seulement l’économie américaine mais, par extension, l’économie mondiale. J’ai répondu quelque chose du genre :
« C’est une énorme attente, étant donné le ralentissement général de l’économie mondiale, et le colossal niveau d’endettement pesant sur les consommateurs américains. »
Les consommateurs américains sont-ils des super-héros ?
D’un côté, les chiffres brossent un tableau fascinant. Aux Etats-Unis, les dépenses de consommation ont totalisé 14 500 Mds$ en rythme annualisé, au deuxième trimestre 2019, pour un PIB de 21 300 Mds$.
Cela signifie que les dépenses de consommation représentent plus des deux tiers du PIB américain. Au cours du deuxième trimestre 2019, le PIB américain, dans son ensemble, a progressé de 2% ce qui est inférieur aux prévisions. Toutefois, la composante « dépenses de consommation » a progressé de 3%.
C’est cette vigueur de la consommation américaine qui a certainement contribué à compenser la baisse enregistrée aussi bien au niveau des dépenses des entreprises qu’au niveau des exportations nettes, et qui est largement attribuée à la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Partout, les entreprises comptent sur le fait que cette vigueur va persister.
Un talon d’Achille, tout de même…
Bref, l’équivalent du talon d’Achille du consommateur américain, c’est la dette. Cela signifie que les consommateurs américains – pour la plupart – ne dépensent pas de l’argent réel pour réaliser un grand nombre de ces achats, mais qu’ils achètent des biens et services avec de l’argent emprunté.
Le montant total des prêts en cours, aux Etats-Unis, s’élève à 4 030 Mds$, et 41,2% des ménages américains sont endettés via leur carte de crédit. Selon les derniers rapports de la Fed à ce sujet, la dette liée aux cartes de crédit a atteint un plus haut historique, aux Etats-Unis.
En moyenne, les ménages américains sont endettés de 9 333 $ sur leur carte de crédit.
Les ménages américains les moins aisés sont endettés de 10 308 $, en moyenne, sur leurs cartes de crédit.
Pourtant, ce sont les générations des « baby-boomers » (population née entre 1946 et 1965) et des « X » (population née entre 1966 et 1976) qui sont les plus endettées.
Et s’ils ralentissent…
Si les consommateurs américains décident de réduire leurs dépenses, et que l’économie ralentit encore, cette conjonction pourrait réellement faire chuter les chiffres du PIB américain.
La définition d’une récession correspond à deux trimestres d’affilée de croissance économique négative. Si les consommateurs américains cessent d’acheter autant, nous ne serons pas loin d’une récession.
Or des données récentes signalent qu’un ralentissement pourrait se dessiner dans les schémas de consommation des ménages américains.
Aux Etats-Unis, les ventes au détail ont enregistré une baisse inattendue de 0,3% au mois de septembre, par rapport au mois antérieur, selon le département du Commerce américain. Ce chiffre est à comparer au taux de croissance de 0,6% enregistré au mois d’août et aux 0,7% enregistrés au mois de juillet. Elles ont rebondi en octobre, mais de 0,3% uniquement, se contentant de revenir à l’équilibre.
Qu’est-ce que cela signifie pour l’avenir de l’économie dans son ensemble ? C’est ce que nous verrons lundi.