▪ Nous parlons là de la lutte entre la crainte et l’avidité, le boom et le krach, l’expansion et la contraction.
C’est une lutte permanente. Mais généralement, c’est une sorte de "guerre froide". Des années se passent sans folle activité. Les actions errent sans but. Quelques entreprises font faillite. Quelques autres connaissent un boom. Les taux d’intérêt… le dollar… et les matières premières restent relativement stables.
Et il y a des périodes où tout semble exploser.
Nous sommes dans une guerre ouverte depuis plusieurs années — en fait, depuis que la bulle a éclaté dans le secteur des technologiques au début des années 2000. Après 20 années de boom, tout à coup, nous étions dans un krach. Mais la crainte n’a pas duré. Les autorités ont débarqué avec leurs gros canons… aussi bien monétaires que budgétaires… et en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, le boom est revenu… suivi par une bulle.
Vous savez ce qui s’est passé ensuite. La bulle immobilier/finance a éclaté avec les subprime. Puis le marché boursier a cédé. Et l’économie s’est retrouvée dans la pire contraction depuis les années 30.
Evidemment, les autorités ont jeté toutes leurs forces dans la bataille contre la correction. En 18 mois, la Fed a doublé la base monétaire des Etats-Unis. Les dépenses fédérales ont elles aussi grimpé jusqu’à la lune — avec des déficits budgétaires dépassant les 1 000 milliards de dollars… et on n’en voit pas le bout.
Ce tir de barrage a eu un effet. Les banques ont pu verser leurs bonus. Et les investisseurs institutionnels ont pu emprunter à taux zéro ou presque, et jouer contre le dollar. Le monde financier pouvait ainsi être à nouveau à la fête.
▪ Mais c’était une fête folle et désespérée… comme Berlin en 1945, alors que l’armée soviétique approchait de la ville. Parce qu’en dehors des marchés financiers, la crainte n’a jamais disparu. Vendredi dernier, il aurait dû être évident — même pour les économistes — qu’il n’y a pas grand-chose à fêter.
"La morosité de l’emploi lamine les espoirs de reprise occidentaux", titre un article.
Alors qu’on anticipait largement des chiffres stables — voire une augmentation — pour l’emploi, les données montraient que l’économie américaine perd encore des postes.
Environ 7,5 millions d’emplois ont disparu depuis que la contraction a commencé. En tout, depuis le début des combats en janvier 2000, l’économie américaine n’a pas créé un seul nouvel emploi… malgré une population en hausse constante.
Quant aux marchés boursiers, ils ne sont pas plus élevés aujourd’hui qu’ils l’étaient il y a 10 ans.
La bataille entre l’inflation et la déflation — le boom et le krach — fait rage depuis une décennie. Pourquoi ? Parce que les autorités essaient désespérément d’empêcher la nature de suivre son cours. Les marchés normaux ne sont jamais entièrement stables. Ils connaissent des booms et des krachs. Mais les krachs se produisent naturellement… et, généralement, rapidement. Les gens qui font des erreurs sont punis. Ils encaissent les coups. L’économie se remet.
Mais depuis la mini-récession de 2001, les autorités mènent une bataille rangée pour empêcher les marchés de faire ce qui leur vient naturellement. Ben Bernanke le nie, mais leur intervention a provoqué la gigantesque bulle immobilier/finance de la période 2002-2007. Ils ont injecté tant de nouvel argent et de crédit qu’on aurait dit qu’ils avaient gagné la bataille. Les actions ont atteint des records… de même que les maisons.
Mais une chose qui doit se produire se produira, d’une manière ou d’une autre. Des corrections doivent avoir lieu. Et à présent, l’économie américaine corrige — qu’on le veuille ou non. Telle est la signification des chiffres du chômage. Les emplois de la Bulle Epoque disparaissent. Les employeurs hésitent à en créer de nouveaux. Ils veulent voir une vraie reprise avant de se contraindre à de nouvelles dépenses fixes.
Alors restez à l’écoute. La guerre n’est pas terminée…