** Fut un temps où, lorsqu’il n’y avait pas de statistiques ou de grande nouvelle pour justifier une tendance, les marchés choisissaient systématiquement la hausse. La moindre petite information était triturée, malaxée et interprétée jusqu’à ce que les investisseurs puissent grappiller quelques points en plus sur les principaux indices.
A présent, c’est l’inverse — et dans des journées de latence comme hier, où l’on digérait la mauvaise performance de l’ISM manufacturier US tout en attendant les statistiques prévues aujourd’hui… les marchés optent pour la en baisse.
En Europe, la réalité du ralentissement économique a ainsi continué de miner le moral des investisseurs — le CAC 40 a perdu 1,41% sur la séance d’hier, signant sa cinquième journée de baisse consécutive et renouant avec son plancher de l’année, à 4 675,91 points ; cela met son repli annuel à 16,7% à ce jour. Le Footsie londonien s’en tirait légèrement mieux, abandonnant 0,87% seulement, tandis qu’à Francfort, le DAX se prenait les pieds dans le tapis, chutant de 2,17%.
Côté américain, il règne une morosité tout aussi tenace ; les mauvais résultats d’entreprises ont dominé la séance d’hier, avec un Dow Jones qui a terminé à 12 213,8 points, soit une baisse de 0,37%. Le Nasdaq a tout de même réussi à finir dans le vert, avec un petit gain de 0,07% et 2 260,28 points — et le S&P 500, de son côté, perdait 0,34% à 1 326,76.
** La Fed — une fois n’est pas coutume — n’a rien fait pour aider les marchés. Ben Bernanke "se montre pessimiste sur le marché de l’immobilier", dixit Investir.fr.
Plus que pessimiste, même… c’est un véritable appel au secours qu’il a lancé aux banques, comme le rapportait La Tribune ce matin : "l’homme fort du dollar faible a appelé à une réponse ‘vigoureuse’ pour empêcher de nouvelles saisies immobilières, en incitant les banques à assouplir les termes des emprunts à risque pour les ménages étranglés par leurs traites. Il estime que les défauts de paiement et les saisies de biens immobiliers sont susceptibles de croître en nombre et qu’il faut s’attendre à de nouvelles baisses des prix dans l’immobilier".
"Selon Ben Bernanke, les banques et les prêteurs devraient explorer toutes les pistes possibles pour que les emprunteurs acculés au défaut de paiement puissent rester dans leur logement, et notamment celle d’une renégociation des emprunts en cours. ‘Jusqu’à présent, les modifications des prêts ont généralement porté sur une réduction des taux d’intérêt, tandis que les réductions du capital dû ont été rares’, a-t-il noté. Mais la crise actuelle diffère des précédentes, car les emprunteurs à risque ont souvent acheté sans le moindre apport. Ces propos interviennent alors que le secrétaire au Trésor Henry Paulson s’est dit hostile à un plan de sauvetage des emprunteurs en difficulté dans l’immobilier, jugeant que cela servirait surtout à sauver les spéculateurs ou les banques".
C’est le prochain tour de force de la Fed : prouver qu’on peut tout à fait s’endetter sans jamais rembourser ses créditeurs…
** Evidemment, le dollar ne ressort pas grandi de ces conditions : il continue sa chute par rapport à l’euro, terminant hier à 1,5209 pour un euro, contre 1,5206 la veille. Sur le marché obligataire, par contre, les taux sont restés relativement stables, avec un rendement du bon du Trésor US à 10 ans se tendant de cinq points de base, à 3,62%.
C’est l’or qui sort grand gagnant de cette course au n’importe quoi financier : l’once d’or était à 984,75 $ hier au second fixing de Londres — les 1 000 $ se rapprochent à vue d’œil… et ensuite, sus à la troisième phase du marché haussier. Si j’ai un conseil à vous donner, cher lecteur, c’est de ne pas solder tout de suite vos positions aurifères !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser