** Les nouvelles sont à la fois bonnes et mauvaises — tout dépend du point de vue où l’on se place.
* Parmi les bonnes nouvelles, il y a eu la hausse du Dow et la baisse des obligations de long terme. Peut-être que ces actifs envisagent tous la croissance et la prospérité… ou simplement l’inflation. Nous n’en savons rien. Les rendements des bons du Trésor longs, par exemple, ont grimpé (ce qui arrive lorsque les prix baissent). Curieusement — et peut-être que ça en dit long — ils montent alors même que la Fed baisse les taux courts.
* Les autorités monétaires et économiques essaient de prolonger la fête, bien entendu, en remplissant le bol à punch aussi rapidement qu’elles le peuvent. La masse monétaire américaine augmente environ cinq fois plus vite que l’économie elle-même. Mais même cette vitesse vertigineuse peut sembler lente lorsqu’on la compare à la croissance monétaire de certains pays. En Russie et en Chine, par exemple, elle atteindrait plusieurs fois de celle des Etats-Unis.
* Notre hypothèse, c’est que cette inflation affectera plus les matières premières, l’or et les prix à la consommation que les cours des actions et de l’immobilier. Nous ne savons pas comment la fête se finira, en d’autres termes. Mais si elle vire en déflation, les grands perdants, ce seront les actionnaires et les propriétaires immobiliers. Les prix s’effondreront. D’un autre côté, si tout cela s’achève par des taux d’inflation de plus en plus élevés, nous pensons qu’il est très probable de voir les plus fortes hausses dans le pétrole, l’or et les marchés matières premières… non les marchés actions. Voilà pourquoi nous pensons que l’or est un meilleur pari que les actions.
* Cette semaine, l’or a atteint les 948 $. Il ira probablement à 1 000 $ bientôt. Puis à 2 000 $.
* Le dollar a franchi la barrière des 1,50 pour un euro, comme nous le prédisions depuis longtemps.
* Et le pétrole bat de nouveaux records.
* On peut considérer tout cela comme de "bonnes" nouvelles — dans le sens où cela signale une menace inflationniste croissante… et peut-être même une économie mondiale en plein développement.
* La mauvaise nouvelle, c’est que l’inflation fait grimper les prix à la consommation — au moment même où les consommateurs US ont moins d’argent à dépenser.
** Les nouvelles les plus "mauvaises" proviennent du secteur immobilier. Mais même là, les derniers gros titres ne sont pas si déprimants. Il s’avère qu’une bonne partie des Etats-Unis est en train de profiter d’une hausse des prix de l’immobilier. Malheureusement, elle ne concerne pas les endroits où les gens vivent.
* En tête du pays, on trouve la Virginie de l’Ouest, croyez-le ou non. Les prix y ont grimpé de 1% l’an dernier. Mais même ainsi, le prix médian d’une maison n’était que de 116 000 $. Robert Shiller, expert en immobilier, déclare que les "villes de l’arrière-pays" ne sont jamais entrées dans le "panorama de la bulle". Elles sont encore intéressantes à l’achat.
* Nos lecteurs américains devraient peut-être envisager un échange : vendre leur maison en Californie, et en acheter une autre en Virginie de l’Ouest. Nous aimons bien cet état ; nous pouvons nous imaginer y vivre heureux. Mais la plupart des gens le trouvent arriéré et déprimant. Ici à Londres, les prix sont si élevés que 116 000 $ suffiraient tout juste à acheter une place de parking. Même une maison londonienne… comptant seulement deux chambres… et 110 m2… dans un quartier modeste de la ville, loin du centre… se vend 1,7 millions de dollars. Les gens, ici, n’imaginent pas acheter une maison tout entière pour 116 000 $. D’un autre côté, ils ne sont jamais allés en Virginie.
* Dans le reste des Etats-Unis, cependant, le tableau immobilier n’est pas aussi plaisant.
* "Les saisies en hausse de 90% avec les réajustements de prêts", titre Bloomberg. L’indice Case-Shiller révèle que la crise immobilière s’approfondit. Lors du dernier trimestre 2007, les prix des maisons familiales simples ont chuté de 5,4%… par rapport à un déclin de 1% à peine au premier trimestre. Comparés à la même époque l’année précédente, les prix ont chuté de 8,9% au quatrième trimestre 2007… un chiffre qui s’est accéléré à 9,1% en décembre.
* Quant à la Californie, elle est toujours dans l’excès — même pour les déclins immobiliers. Dans cet état, les ventes de maisons ont chuté de 29,8% en janvier (par rapport à l’année précédente), avec des prix en baisse de 21,9%.
* Pendant ce temps, un indice immobilier gouvernemental met la baisse des prix nationale à son niveau le plus rapide de ces 17 dernières années.
* "L’immobilier en chute libre jusqu’à ce que le crédit s’assouplisse", résume le International Herald Tribune.
* Naturellement, tout cela met les consommateurs de mauvaise humeur. Leur confiance est à un plancher de cinq ans… et continue de baisser.
* La maison est le principal actif du citoyen moyen. Quand elle baisse, il le prend mal.