La partie n’est pas gagnée
Les pays émergents doivent remonter leurs taux significativement. Tant que les taux réels resteront négatifs, l’activité économique tournera en surchauffe, la demande de matières restera très forte et nous ne sortirons pas de la crise inflationniste.
Certes, cela entraînera une remontée forte des devises émergentes, yuan en tête, et mettra à mal la compétitivité de ces pays dont le modèle économique repose sur les exportations.
Inutile de vous dire que la partie n’est pas gagnée ! Les Emergents hésitent à se couper le bras, d’autant que la demande interne n’est pas encore suffisamment développée pour prendre la relève si les exportations fléchissaient.
Et les Américains ? Ils se sont mis dans de beaux draps !
Je pense sincèrement qu’ils sont désarmés, dos au mur. Ils ne peuvent vraiment rien faire. Idéalement, ils devraient remonter leur taux directeur. Or je crains fort qu’une hausse des taux au "pays du surendettement" plongerait l’économie, la consommation et l’immobilier américains dans un trou noir pour plusieurs années, et risquerait de faire imploser le système bancaire encore fragile…
Lâcheté et impuissance
Pour l’instant, personne ne bouge pour enrayer le cercle vicieux. Aucune initiative, ni de la part des Emergents, par manque de courage politique, ni de la part des Etats-Unis, totalement piégés. C’est atterrant.
La BCE ouvrira donc le feu !
Et ça, c’est une aberration !
Nous devrions être les derniers à remonter nos taux, bien après que les Emergents aient largement remonté les leurs et que les Etats-Unis aient eux aussi enclenché le processus de relèvement des taux. Mais devant la lâcheté des autres…
Trichet frappe du point sur la table pour montrer l’exemple. Bravo. Un geste fort, courageux surtout. Et non sans risque d’ailleurs… car le piège du ralentissement économique est grand ouvert devant nous. Et comme le processus inflationniste ne vient pas de chez nous, une hausse des taux n’a que très peu d’impact face à une inflation des matières premières.
Mais que faire d’autre ? L’inaction serait pire…
Comme le dit Patrick Artus : "la BCE est un îlot de vertu dans un océan de turpitudes".
Maintenant, il ne reste plus qu’à croiser les doigts très fort : pourvu que les autres banques centrales suivent. Stand up and fight !
La cerise sur le gâteau ?
J’entendais Marc Fiorentino proposer une solution intéressante. Il faudrait idéalement la coupler avec ce que je viens de dire pour assurer une efficacité maximale :
– Une action concertée sur le marché des changes pour acheter massivement du dollar.
– Relever massivement, et sur toutes les places en même temps, les marges de trading sur le brut pour limiter la spéculation. Voilà une idée intéressante — car n’oubliez pas que la hausse des taux ne peut pas grand-chose contre l’inflation importée liée à la hausse des prix des matières, brut en tête.
En attendant, l’or, l’argent et le brut ont de beaux jours devant eux !
Meilleures salutations,
Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora
(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.
L’Edito Matières Premières est bien plus qu’une chronique quotidienne. C’est un pôle d’activités centré sur les matières premières qui vous donne les moyens de suivre et de maîtriser ces marchés ! Vous pouvez recevoir gratuitement l’Edito Matières Premières en cliquant ici.