Vous investissez pour le long terme, dans le but de vous constituer un vrai capital et une vraie épargne ? Mauvaise nouvelle : les banques centrales s’en sont mêlées…
Si vous êtes investisseur fondamental, si vous raisonnez et investissez vraiment pour le long terme, vous êtes prévenu : les taux vont toujours être bas, la rentabilité de vos placements ne remontera jamais. Au mieux, vous pouvez espérer les 1% à 10 ans en monnaie courante, même pas en réel… et bien sûr avant les frais et les impôts.
En pratique, vous devenez cynique et vous vous mettez à espérer que les choses s’aggravent, que la crise s’approfondisse. En effet, si la crise s’aggrave, les taux vont encore baisser, peut-être même devenir négatifs !
Chouette, rendez-vous compte, ce sera la fortune puisque toute baisse des taux revalorise les actifs financiers anciens. Mieux encore, avec des taux négatifs, la valeur actuelle des flux futurs anciens devient infinie !
En pratique, ce n’est pas totalement ainsi que les choses se passent : vous cessez en réalité d’être investisseur sérieux, fondamentaliste, et vous rejoignez la masse des spéculateurs
Qu’est-ce qu’un spéculateur ? C’est quelqu’un qui, lorsqu’il achète un actif financier, n’achète absolument pas un flux financier futur actualisé – non, il achète un titre.
Notez bien : il achète un titre dont la qualité première est de voir son prix bouger. Et si la qualité première de ce titre est de bouger, ce que vous achetez, c’est le droit de profiter de son mouvement et de la plus-value rapide qu’il va vous procurer si les taux continuent à baisser.
Le marché boursier a changé de nature, c’est ce que je souhaite vous faire comprendre. Les investisseurs sérieux ont disparu ; ce sont désormais les joueurs qui achètent des titres pour profiter des mouvements boursiers court terme.
Cela change tout, vous le verrez un jour. La caractéristique de cette mutation, de cette transformation intervenue sur les marchés, c’est que tout est en mismatch, dépareillé. On achète du long avec du court. Tous les titres longs sont achetés avec des motivations, des anticipations courtes.
Comment est-ce que tout cela marche ?
Les actifs financiers, les actions et les obligations sont du « capital fictif » Ce sont des droits sur les gains futurs de la production capitaliste. En d’autres termes, ce sont des créances sur le capital « réel », c’est-à-dire le capital qui est effectivement investi dans des moyens physiques de production.
Une entreprise lève des fonds pour investir, en émettant des actions et/ou des obligations. Les propriétaires des actions ou des obligations ont alors une créance sur les bénéfices futurs de la société.
Il existe un marché « secondaire » pour ces créances – à savoir l’achat et la vente de ces actions ou obligations existantes –, un marché pour la circulation de ces droits de propriété : cela s’appelle la Bourse.
Les actions et les obligations ne fonctionnent pas comme du capital réel ; elles sont simplement une promesse sur les bénéfices futurs. La valeur en capital de ces papiers est donc… totalement illusoire. Le papier sert de titre de propriété sur le vrai capital.
Le papier n’est qu’un titre de propriété sur une partie correspondante de la plus-value à réaliser.
Les spéculateurs sur les marchés financiers achètent et vendent ces actifs financiers, ce qui fait monter ou baisser les prix.
Si les liquidités affluent et que l’argent coule à flots gratuitement, les prix des actions et des obligations peuvent monter en flèche. Tout capital semble avoir la possibilité de doubler, et parfois tripler lui-même, mais sa contre-valeur en capital réel ne change pas.
La plus grande partie de ce capital-argent, qui monte par le jeu des liquidités qui affluent, est purement fictive.
Le rôle des banques centrales
Les banques centrales sont les principaux moteurs/responsables de tout boom des prix des actifs financiers.
Elles créent des « jetons » qui ne sont pas seulement moyen de circulation des marchandises, mais forment également un « capital » supplémentaire – un capital fictif – qui fait monter les cours de la Bourse. La création ou « impression » de monnaie par les banques centrales fournit la liquidité pour la spéculation sur les marchés boursiers et obligataires – comme nous le voyons en cette année du Covid-19.
Ce qui gonfle les cours boursiers, c’est la différence entre les taux d’intérêt et le taux global de profit de l’économie. Cette différence, on peut l’accroître artificiellement en baissant les taux d’intérêt. Ainsi, alors que la rentabilité des économies s’est détériorée en 2020, les cours boursiers se sont envolés.
C’est le très bas niveau des taux d’intérêt à long terme, délibérément engendré par les banques centrales comme la Réserve fédérale US, qui provoque mécaniquement les envolées boursières.
Mais comme dans Don Juan, la statue du commandeur veille.
Le cours de l’action d’une entreprise doit finalement avoir un rapport avec les bénéfices réalisés ou les bénéfices susceptibles d’être réalisés sur une période donnée. Et lorsque les bénéfices espérés, inclus, intégrés dans les cours ne sont pas au rendez-vous, alors c’est l’effondrement des valeurs boursières.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]
1 commentaire
Vous affirmer des choses d’après une grille de lecture qui est peut être périmé car ce qui n’est pas fictif c’est la baisse de la valeur de la monnaie et la rareté des actions car limitées et permettent seules du rendement (immobilier en plus et certaines rares dettes )
DONC TOUT DEVRAIT IL ETRE ANALYSÉ EN PPA PAR RAPPORT A L’OR ET LE BESOIN DE RENDEMENT PLUTÔT ?