Pour réduire les inégalités, il faudrait s’attaquer au vrai problème : les règles du jeu. Mais ça, ce n’est pas dans l’intérêt de deux qui sont aux commandes.
Le Forum de Davos vient de commencer. Tout au long de la semaine, le grand thème des hommes de Davos, des institutions internationales, du FMI, etc., va être la réduction des inégalités. Attendez-vous à ce que cela devienne la tarte à la crème.
C’est un thème qui s’impose, il est surdéterminé :
– c’est un thème porteur vis-à-vis des opinions publiques stupides et envieuses ;
– c’est un moyen de fracturer les oppositions et même de réduire le populisme ;
– c’est un thème qui ne gêne pas les élites de premier rang car leur fortune et leurs patrimoines dynastiques sont hors de portée de toutes les juridictions… par définition, puisque ce sont elles qui définissent ces juridictions ;
– c’est un thème qui peut faire rentrer de l’argent dans les caisses des gouvernements ;
– c’est un thème qui permet de hausser la propension à consommer et d’augmenter un peu la croissance en réduisant le taux d’épargne ;
– c’est une forme de répression financière un peu plus brutale et plus douloureuse que la répression actuelle : la réduction fiscale des inégalités empêche de capitaliser, elle modère la suraccumulation ;
– c’est un thème qui permet de réduire la volatilité sur les marchés financiers en « augmentant le frottement », et donc cela réduit les risques pour la stabilité financière ;
– c’est un thème qui détourne l’attention des vraies questions.
Une aggravation des inégalités
Les inégalités sont de deux ordres. Les unes sont justifiées par des utilités et des valeurs sociales admises. Les autres ne le sont pas, elles tombent toujours en dernière analyse plus ou moins du ciel – soit par copinage, soit par la politique monétaire dissymétrique qui enrichit les déjà riches.
Les inégalités sont une sorte de « coût » du système capitaliste en général – mais un coût qui a monté de façon exponentielle depuis que le capitalisme a muté en capitalisme financiarisé.
La non-légitimité du système s’est considérablement aggravée car la richesse tombe du ciel, l’argent nouveau est distribué à ceux qui sont proches des vannes de distribution.
Ci-dessous, la cause de l’explosion des inégalités : l’envol de la création de monnaie et de crédit, l’escalade de la taille des bilans des banques centrales, la production de 255 000 Mds$ de dettes – puisque la dette des uns, c’est symétriquement le capital des autres, ce que l’on oublie de dire bien sûr.
Raboter ne suffit pas
Si vous voulez vraiment lutter contre les inégalités, il ne faut pas se borner à les raboter. Non, il faut s’attaquer à leur production même ; il faut les empêcher de se former.
Il faut s’attaquer au vrai problème : les règles du jeu, non pas les produits de ce jeu.
Dans le court/moyen terme, vous savez que je défends l’idée non pas d’une taxation pour réduire les inégalités mais d’une confiscation de l’enrichissement indu, tombé du ciel, des « profits de guerre contre la crise », des ultra, ultra-riches.
Le produit sera affecté à la réduction des passifs des Etats : confiscation large de 50% de l’enrichissement sans cause réelle constaté depuis la crise de 2008.
N’oubliez jamais, l’homme est un loup pour l’homme : ceux qui disent le contraire sont ceux qui ne veulent pas que vous vous défendiez !
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]