La récente affaire des Paradise papers a été l’occasion pour les dirigistes de tout poil de conspuer une fois de plus l’optimisation fiscale. Ce n’est pourtant qu’une pratique anti-gaspillage.
La récente affaire des paradise papers a été l’occasion pour les dirigistes de tout poil de conspuer une fois de plus l’optimisation fiscale. Dans les médias subventionnés, on peine à trouver des voix ou des plumes pour relever qu’en dépit de ces pratiques, l’Etat parvient tout de même à absorber chaque année pas loin de 50% du PIB. De ces deux scandales, libre à chacun de juger lequel est le plus intolérable.
Impôts : quand on vous prend par les sentiments pour mieux vous mystifier
Cette affaire a été une énième opportunité de rabâcher une fausse vérité maintes fois assénée. En effet, vous organiser en vue de réduire votre niveau d’imposition est censé faire de vous un suppôt de Satan, au prétexte suivant :
En France, les impôts serviraient donc exclusivement à faire fonctionner des écoles et des hôpitaux… ?
Pour convaincre un individu, vous disposez de deux techniques : soit vous décidez de solliciter son intellect, soit vous basculez sur les émotions. Si vous vous trouvez un peu juste niveau arguments, vous n’avez pas vraiment le choix de la méthode : mettez le paquet sur l’émotion !
Non, en optimisant vos revenus, vous n’êtes pas responsable de la baisse du niveau éducatif en France, pas plus que vous n’êtes responsable de l’état des hôpitaux publics. Le premier responsable, c’est l’Etat, au travers de l’utilisation qu’il fait de l’argent récolté grâce à la TVA, la CSG, l’IR, l’IS et les centaines d’autres impôts et taxes qui frappent les contribuables.
Au-delà des querelles politiques au sujet du périmètre de l’action de l’Etat, c’est un fait avéré que de par sa nature même, l’administration est vouée à utiliser de manière sous-optimale les ressources qui sont mises à sa disposition. Et ce constat n’est pas tout neuf.
La « Loi de Parkinson »
Cyril Northcote Parkinson (1909-1993) était un historien naval britannique auteur d’une soixantaine d’ouvrages. La publication en 1955 d’un article dans The Economist lui a conféré une certaine renommée dans les domaines de l’administration publique et du management.
L’un des mérites de Parkinson est d’avoir établi, au travers de l’étude de l’administration britannique, un certain nombre de travers propres à toute organisation bureaucratique.
On pourrait résumer la « Loi de Parkinson » en ces termes : quelle que soit la taille de l’enveloppe allouée à une administration (en termes de budget, de personnel ou de temps), elle finira systématiquement cramée dans son intégralité, indépendamment de la légitimité et de la difficulté de la tâche affectée à ladite administration.
Parkinson montre par exemple que la Marine et les Affaires coloniales britanniques ont vu leurs effectifs en constante progression alors même que les attributions de ces ministères diminuaient fortement. Il relève qu’en 1928, la Marine s’était séparée des deux tiers des navires qu’elle employait en 1914, tandis que ses effectifs n’avaient fondu que d’un tiers. Dans le détail, le personnel administratif avait augmenté de 78% sur la période, alors que les effectifs de combat avaient quant à eux fortement chuté !
Comment expliquer un tel phénomène ? Parkinson, dont le jugement bénéficie d’une longue expérience professionnelle dans l’administration, avance l’explication suivante : « un fonctionnaire entend multiplier ses subordonnés, pas ses rivaux », explique-t-il. Le recourt à ce procédé permet au fonctionnaire de réduire sa propre responsabilité aux yeux de ses collaborateurs ce qui, en cas de problème, diminue son exposition aux sanctions de la hiérarchie, donc la concurrence vis-à-vis de ses rivaux.
La transformation de l’administration en armée mexicaine implique qu’elle consomme des ressources existantes à des fins inutiles, voire recrute à des fins tout aussi inutiles. Ce cercle vicieux est entretenu par les demandes d’approbation que s’adressent les membres de l’organisation administrative, « les fonctionnaires se cré[ant] mutuellement du travail », alors que la quantité de travail utile accomplie par l’administration reste la même.
La « Loi de futilité de Parkinson »
Mais ce n’est pas tout. On doit également à l’historien britannique la « Loi de futilité de Parkinson », également connue sous le nom de la « Loi du local à vélos ». Selon celle-ci, « les organisations donnent une importance disproportionnée à des questions insignifiantes », comme le résume Wikipédia.
En deux mots, Parkinson explique que les membres d’un organe décisionnel passent un temps démesuré à discuter des sujets futiles mais qu’ils pensent maîtriser, alors que les sujets cruciaux sur lesquels ils sont incompétents sont souvent rapidement expédiés. Dans l’exemple fictif de Parkinson, un comité décisionnel passe beaucoup plus de temps à discuter de la construction de l’abri à vélos du personnel que du projet de réacteur nucléaire qui est sa raison d’exister.
L’abri à vélo est rassurant, n’importe qui peut émettre une opinion sans connaître le dossier, et tout le monde peut contribuer au projet.
Vers une extension perpétuelle et illimitée du domaine d’action de l’Etat ?
Dans ces colonnes, nous avons vu en maintes occasions que l’Etat se complaît à gérer les moindres aspects de la vie des citoyens, de leur naissance à leur mort. Le fonctionnement des organisations bureaucratiques tel que décrit par Parkinson est un argument supplémentaire pour en appeler à un recentrage de l’Etat sur ses missions régaliennes.
Si vous culpabilisez encore d’optimiser votre fiscalité, voici de quoi passer un paisible week-end. Décomplexé !
[NDLR : Noël approche et vous aimeriez bien aider des proches. Savez-vous précisément jusqu’à quelles limites vous pouvez donner sans donner au fisc ? Découvrez ici comment gratifier vos proches en franchise d’impôt.]