Une entreprise ne « meurt » pas de la même manière selon qu’elle est cotée au S&P 500… ou installée au coin de la rue. Entre économie réelle et économie financière, le fossé se creuse.
Que les Américains tiennent bon : leur chèque est dans leur boîte aux lettres… ou presque !
Dans le Washington Post la semaine dernière :
« Trump semble en faveur d’un nouveau round de chèques de relance, même si ses remarques confuses obscurcissent le plan.
Lorsque Fox Business lui a demandé s’il soutenait ‘un nouveau round de versements directs aux individus’ – une référence aux allocations de 1 200 $ –, le président a répondu : ‘Oui. Je suis pour. Mais ça doit être fait correctement. Et je suis pour des chiffres plus élevés que les démocrates. Mais ça doit être fait correctement.’
A ce jour, les républicains ont rejeté les tentatives des législateurs démocrates d’envoyer 2 000 $ par personne et par mois aux Américains durant la pandémie.”
Selon le site Stansberry NewsWire :
« La Chambre des Représentants US a approuvé une loi d’infrastructures de 1 500 Mds$, indiquant le potentiel de mesures de relance économique supplémentaires. »
Oui, plus d’argent est à venir. Les chiffres aussi seront plus gros.
Rendre l’âme et disparaître
Comme nous l’avons vu la semaine dernière, les entreprises américaines déposent le bilan plus rapidement qu’à tout autre moment depuis 2013. Ce rythme va sans doute augmenter. Les factures traînent généralement des mois avant de rattraper les entreprises en détresse.
Les petites entreprises, sans capitaux abondants, sans lobbyistes et sans beaucoup de pouvoir politique, sont particulièrement vulnérables… et passent généralement inaperçues.
Les petits entrepreneurs ne vont pas faire la queue pour toucher le chômage. Ils ne se font pas licencier… ou mettre au chômage technique. Ils rendent l’âme… et disparaissent.
Quant aux entreprises en faillite, elles ne réembauchent pas leurs travailleurs. La prime de chômage de 600 $ par semaine expire à la fin du mois. Et c’est avec beaucoup de confiance que nous faisons la prédiction suivante : au 31 juillet, il y aura encore beaucoup d’Américains sans emploi.
Jeremy Siegel, professeur de finance à la Wharton School de l’université de Pennsylvanie :
« Si les investisseurs tentaient d’inventer un indice suivant les PME-PMI, il indiquerait des dommages bien pires que ceux que nous avons vu sur les marchés boursiers, et il serait encore en baisse radicale aujourd’hui. »
Le monde fantaisiste…
Il y a deux systèmes aux Etats-Unis. L’un est factice… et l’autre est une arnaque. A eux deux, ils transfèrent la richesse de la majorité vers l’élite… et détruisent l’économie par la même occasion.
Fou ? Bien sûr. Mais préparez-vous : ce n’est qu’un début.
Le faux, c’est désormais le vrai. Le haut est le bas. Et l’insolvabilité est le nouveau triple A.
Les grandes entreprises fonctionnent dans l’économie financière bulleuse, où on peut leur injecter les bulles de la fausse monnaie de la Réserve fédérale, prêtée à des taux cadeau. Le cours de leurs actions grimpe… leurs coûts d’emprunt baissent – même si leur activité s’aggrave.
Dans le cadre de son programme de sauvetage, par exemple, la Fed achète des obligations d’entreprises… faisant ainsi baisser les taux d’intérêt (les rendements baissent à mesure que les prix grimpent) et aidant les entreprises à emprunter.
Parmi les obligations achetées par son agent, la société de gestion d’investissement BlackRock, on trouve celles de Berkshire Hathaway, la société de Warren Buffett, qui couve une jolie pile de 137 Mds$ en cash.
Buffett n’a pas besoin de l’aide de la Fed, en d’autres termes. Mais grâce au gouvernement, ses entreprises peuvent désormais emprunter à meilleur taux.
Tout ce programme n’est qu’une fraude… une escroquerie possible uniquement dans le monde fantaisiste de la fausse monnaie illimitée.
… Et le monde réel
Les petites entreprises, elles, fonctionnent dans le monde réel. Elles ont des salaires à assurer. Des factures à payer. Des employés à former. Des clients à satisfaire. Peu d’entre elles ont beaucoup de marge d’erreur… ou de poches profondes.
Rappelez-vous : les investisseurs se sont presque marché les uns sur les autres à tenter d’acheter des actions et des obligations Hertz, même après que la société a déposé le bilan.
Imaginez une petite entreprise familiale ayant fait faillite. Elle doit aller, sébile à la main, quêter auprès d’une banque locale. Combien d’argent pensez-vous qu’elle pourra lever ?
Rien du tout.
Les entreprises familiales vivent en fournissant de vrais biens et services – qui dégagent du profit. Elles gagnent leur argent, en d’autres termes. C’est ainsi que la vraie richesse augmente.
Dans la mesure où les autorités ne créent rien, c’est donc cette richesse-là que les autorités doivent voler (par le biais de leur fausse monnaie) pour « relancer » Warren Buffett et l’économie financière.
Mais le gouvernement a fermé des millions d’entreprises, grandes et petites, en mars. Selon les dernières estimations de la Fed d’Atlanta, le PIB US pour le deuxième trimestre a probablement chuté de 40% – un déclin « inouï »… cinq fois pire que n’importe quelle récession depuis 1960.
Cela confirme notre point de vue : le capitalisme peut créer une crise… mais si on veut un vrai désastre, il faut le gouvernement.
Le pire reste à venir, par ailleurs. L’idée des « chèques Covid » et du programme de protection des salaires (PPP) était de « dépanner » les entreprises et les consommateurs jusqu’à ce que l’économie reparte.
Il est désormais évident que l’économie ne repart pas comme prévu. Les cas de virus se font plus fréquents. Et même s’il n’y a pas de preuve que le confinement et la fermeture des plages sauvent vraiment des vies, plusieurs Etats reculent sur leurs plans de « réouverture ».
Même l’équipe Trump repense son planning de campagne…
La réouverture ne remettra donc pas l’activité « à la normale » de sitôt. Elle sera plutôt fragmentaire, hésitante et imparfaite.
Folie budgétaire
Attendez, ce n’est pas tout ! Dans sa hâte à renflouer ses amis de Wall Street et du Congrès US, la Fed a ajouté près de 3 000 Mds$ supplémentaires à la base monétaire américaine (son propre bilan). Le déficit fédéral, quant à lui, est projeté à 4 000 Mds$, soit environ 20% du PIB.
Il y a quelques années, quiconque aurait suggéré que nous nous trouverions confrontés à ce niveau de folie budgétaire aurait lui-même été considéré comme fou à lier.
Quant à l’idée que, dans de telles circonstances, un président républicain suggérerait encore plus de dépenses… eh bien, c’était cinglé.
Mais à la Chronique, c’est une loi d’airain : quand la monnaie tourne mal, tout le reste suit. Les panneaux sont inversés. Les cartes sont à l’envers. Les hommes portent la robe. Nous marchons tous au plafond…
… Jusqu’à ce que nous tombions sur la tête.