Oubliez 2008 et toutes les autres récessions et crises financières de ces dernières décennies : 2020 n’a rien à voir… notamment pour tout ce qui concerne l’emploi.
Oubliez 2008. D’ailleurs, oubliez toutes les récessions, les crises financières ou les crises que vous avez traversées au cours de votre vie. Pratiquement aucun être vivant à l’heure actuelle n’a vécu le krach financier de 1929. Et il ne reflète même pas l’ampleur de ce qui s’est produit sur l’économie américaine ces trois derniers mois. C’est sans précédent dans l’histoire de l’économie américaine.
Nous connaissons tous la raison : l’économie américaine a été bloquée afin d’empêcher la propagation du Covid-19, lequel s’est déchaîné sur le monde en partant de Wuhan, en Chine, en fin d’année dernière.
La Grande dépression de 2020 est aussi spectaculaire et perturbante que la pandémie elle-même. Mais en agissant dès maintenant, il existe des moyens de protéger votre portefeuille contre de nouvelles baisses, et de prospérer énormément à l’avenir. Ce sera un parcours qui donne à réfléchir – et une dure réalité – mais nécessaire si vous ne voulez pas perdre encore plus que vous ne le déplorez peut-être déjà.
L’or superstar (et les liquidités se défendent aussi…)
Bien entendu, si vous êtes un fidèle lecteur d’Intelligence Stratégique (dont ce texte est extrait), vous avez vu arriver cet effondrement économique. Nous vous mettons en garde depuis des années. Nous avons recommandé d’allouer des compartiments de votre portefeuille à l’or et à d’autres actifs qui résistent très bien en période de marasme.
L’or, en particulier, fait figure de superstar : il a grimpé de 75% depuis le début de son nouveau marché haussier, en décembre 2015, et de 35% rien qu’au cours de l’année qui vient de s’écouler.
Nous pensons que ce rally de l’or physique va se poursuivre et que la performance des minières aurifères va être encore meilleure.
Les liquidités sont également un actif star. Elles sont essentielles, pour préserver la richesse, et peuvent même représenter votre actif le plus performant (en termes réels) en période de déflation, chose que je prévois.
La Grande dépression de 2020 est bien là
Le graphique ci-dessous est la démonstration la plus spectaculaire de ce qui s’est produit, précisément, sur l’économie. Il retrace l’emploi total, aux Etats-Unis, de 2003 à 2020, et débute sur une reprise progressive suivant la récession de 2001. L’emploi total a progressé de 130 millions d’emplois en 2003 à 137 millions environ à la mi-2007.
Ensuite, la crise financière mondiale de 2008 s’est amorcée. Les Etats-Unis ont perdu neuf millions d’emplois entre mi-2007 et fin 2009. Dès 2010, les chiffres de l’emploi étaient revenus à leurs niveaux de 2003.
Au cours des 10 années suivantes, les Etats-Unis ont gagné plus de 20 millions d’emplois, d’abord sous la présidence d’Obama, puis au cours des trois premières années de celle de Trump. La longue reprise (2009-2020) a été faible mais régulière : la plus longue période d’expansion économique continue de l’histoire des Etats-Unis.
Puis est arrivée la Grande dépression de 2020, conséquence directe du blocage mondial de l’économie, face à la pandémie de Covid-19.
Tout emploi perdu représente un traumatisme personnel
Les chiffres de l’emploi sont revenus à des niveaux jamais constatés depuis les années 1990. C’est comme si l’économie avait été mise en pause pendant 30 ans. Il a suffi de trois mois pour effacer les emplois gagnés ces 30 dernières années. Ce niveau de perte d’emplois défie toute description. Il est facile de produire des statistiques mais impossible d’évaluer l’impact humain.
Chaque perte d’emploi est un traumatisme individuel qui plonge chaque travailleur dans une situation très stressante, dès lors qu’il se demande s’il va pouvoir nourrir sa famille, payer son prêt immobilier ou des choses cruciales telles que les soins de santé et les frais de scolarité.
Quand ce traumatisme se multiplie par 70 millions, peut-être (en tenant compte non seulement des chômeurs mais des membres de leur famille), on commence à saisir l’ampleur du traumatisme collectif qui vient juste de frapper l’Amérique.
Le graphique qui suit permet de resituer les pertes d’emploi subies aux Etats-Unis sur le plan historique. Ce graphique compare les pertes d’emploi de la dépression actuelle avec celles de toutes les récessions américaines depuis 1948.
Cette comparaison comprend les graves récessions de 1973-1975, 1981-1982, et la crise financière mondiale de 2007-2009. Chacune de ces trois récessions a été considérée comme l’une « des pires depuis la Grande dépression », lorsqu’elle est survenue. C’était vrai à l’époque, mais cette vérité a été dépassée par les récessions ultérieures, qui ont été pires.
Même si le graphique fait ressortir ces récessions record (ainsi que les graves récessions de 1949 et de 1958), aucune d’elles n’est comparable à la Grande dépression de 2020.
Aujourd’hui, les pertes d’emploi (y compris celles de mai, absentes du graphique) sont plus importantes que celles des trois dernières récessions réunies. Cet écart des pertes d’emploi – entre la Grande dépression de 2020 et les récessions postérieures à la Deuxième guerre mondiale – va encore s’agrandir au cours des mois à venir.
Le taux de perte d’emploi va peut-être ralentir mais pendant des mois – au plus tôt – la courbe n’affichera aucun gain. Même lorsque de nouveaux emplois apparaîtront (probablement d’ici fin 2020), ce sera infime par rapport aux gains projetés par la « bande d’optimistes » de la Maison Blanche et des chroniqueurs TV.
Il faudra des années pour que l’épine dorsale de l’économie se répare
Le graphique ci-dessous révèle une réalité presque aussi perturbante, en soi, que celle des pertes d’emploi. Il retrace les pertes d’emploi par niveau de revenu des nouveaux chômeurs.
Le schéma est clair : les pertes d’emploi ont durement touché la tranche des plus faibles revenus.
Pour l’instant au moins, les ingénieurs, avocats, médecins et fonctionnaires – appartenant à la tranche de revenus la plus élevée – n’ont pas souffert démesurément en termes de chômage.
Les pertes d’emploi se concentrent sur les serveuses, barmen, vendeurs, employés de salons de coiffure, femmes de chambre et autres emplois peu rémunérés. Ces emplois sont l’épine dorsale de l’économie réelle.
Ces travailleurs sont ceux dont nous dépendons tous, que ce soit pour aller au restaurant, séjourner dans les hôtels, assurer les services de pressing, réaliser les transactions bancaires, et autres innombrables interactions quotidiennes peuplant notre existence.
Et les pertes ne s’arrêtent pas là, comme nous le verrons demain…