De l’agriculture à l’immobilier commercial, en passant par les obligations et la fragilité du dollar… Tour d’horizon des investissements possibles et des erreurs à ne pas commettre.
« Que feriez-vous avec notre argent ? » est la question qui nous a été posée par l’un de nos lecteurs, et à laquelle nous avons tenté de répondre hier.
Aujourd’hui, nous allons poursuivre notre réflexion.
Nous vous avons expliqué que le meilleur endroit pour placer son argent est une entreprise – aussi proche de vous et aussi étroitement contrôlée que possible. Dans le monde de la finance, la proximité rime avec prospérité. Plus vous en savez sur une entreprise, plus vous y êtes liés, plus vous avez de chances de gagner de l’argent grâce à elle.
Mais de telles opportunités ne sont pas à la portée de tous et ne le sont pas en permanence. La plupart d’entre nous n’ont pas d’ami qui, dans le garage de ses parents, fabrique ce qu’il appelle un « ordinateur personnel ». Nous devons donc nous tourner vers les marchés « publics » et prendre des décisions concernant notre « allocation d’actifs ».
En d’autres termes, nous devons choisir parmi une grande catégorie d’investissements, à laquelle nous pouvons accéder en tant qu’investisseurs sur les marchés cotés. Actions ? Obligations ? Or ? Matières premières ? Immobilier ?
Notre préférence instinctive va aux terres agricoles. Mais là encore, il faut savoir ce que l’on fait… et être prêt à gérer l’affaire de manière rentable. Ce n’est pas facile !
Aux Etats-Unis, les terres cultivées se vendent en moyenne autour de 5 500 dollars l’acre. Les loyers sont faibles – moins de 200 dollars par acre –, ce qui procure au propriétaire un rendement modeste. Pour faire mieux, il faut se lancer dans l’agriculture : un secteur notoirement à faible rendement et à haut risque… et pour un amateur, cela représente presque toujours un bon moyen de perdre de l’argent.
« C’est l’oeil du propriétaire qui engraisse les vaches », disent les éleveurs argentins. Qu’il s’agisse de sociétés minières, d’introductions en Bourse ou de terres agricoles au Kansas, c’est l’investisseur qui est sur place, fort d’années d’expérience, et les yeux rivés sur le ballon, qui tire son épingle du jeu.
L’agriculture, peut-être plus que tout autre secteur, est un jeu de perdants. Les amateurs échouent parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font. Et pour gagner dans ce domaine, il suffit souvent… de ne pas perdre. C’est une activité dans laquelle les coups d’éclat et les idées géniales ont peu de chances de réussir. Dans les champs de blé, les blockbusters sont rares.
L’agriculteur qui réussit est celui qui reste dans les clous, qui s’en tient à ce qui a fait ses preuves et qui ne commet pas d’erreurs. Il prend soin de son matériel. Il se lève tôt pour s’occuper des cultures. Il n’est jamais en retard… et il ne lui manque jamais un dollar. Et s’il a de la chance, les prix de sa production augmentent juste avant qu’il ne la vende.
Qu’en est-il de l’immobilier commercial ?
C’est par accident que nous avons investi massivement dans des locaux à usage de bureaux. Lorsque notre entreprise se développait, il était souvent moins cher d’acheter que de louer. Puis, lorsque la panique COVID a frappé les Etats-Unis en 2020, les immeubles ont été désertés. Et aujourd’hui, cinq ans plus tard, il y en a encore beaucoup, du moins à Baltimore, qui sont restés aussi vides qu’une bourse de mendiant.
Dans la plupart des villes américaines, l’immobilier commercial reste bon marché. Les propriétaires ne bougent pas – s’ils en ont les moyens – et espèrent que le marché se retournera. Mais la valeur des bâtiments commerciaux dépend des loyers… et les loyers sont toujours en baisse.
Dans la plupart des villes américaines, l’immobilier commercial reste bon marché. Les propriétaires, lorsqu’ils en ont les moyens, préfèrent patienter en espérant un retournement du marché. Mais la valeur des immeubles dépend des loyers… et ceux-ci poursuivent leur déclin, peut-être de façon durable.
Là encore, l’immobilier commercial, comme les terres agricoles, est un marché très local. Si vous trouvez un bon immeuble, en bon état, avec un locataire fiable et un flux de trésorerie correct – et si vous pouvez le surveiller de près –, cela peut représenter un bon placement.
Qu’en est-il des actions et des obligations ?
N’oubliez pas qu’en ce qui concerne Wall Street, nous sommes tous des propriétaires terriens absents. Les grandes banques, les courtiers et les fonds spéculatifs disposent de milliards de dollars. Ils peuvent acheter ce qu’ils veulent. Par conséquent, ils ne vous vendent que ce qu’ils ne veulent pas pour eux-mêmes. Il est peu probable qu’il s’agisse d’une bonne affaire.
Mais regardons tout cela de plus près.
Le problème des obligations américaines, c’est qu’elles sont libellées dans une devise que ses propres gardiens ont tout intérêt à dévaluer. Le dollar risque bien d’être la première victime de la prochaine crise du crédit.
La situation s’apparente à une partie de poker où l’on voit la main de l’autre se refléter dans la fenêtre derrière lui. Nous savons que le plus grand emprunteur du monde devra emprunter davantage.
Nous ne sommes qu’au septième mois de l’exercice fiscal en cours, et le déficit avoisine déjà les 1 000 milliards de dollars. Et ce n’est qu’un début. Avec le refinancement de la dette existante, ce sont près de 10 000 milliards de dollars de financement qui seront nécessaires dans les douze mois à venir.
Comme l’avaient prédit les vieux économistes, les emprunts fédéraux évincent désormais les emprunts privés. Steve Hanke le constate :
« Au cours de l’année écoulée, environ 50 % de toutes les nouvelles émissions de titres à revenu fixe ont été des bons du Trésor américain. L’Oncle Sam est en train d’évincer le secteur privé. Il est temps d’abroger la grande et belle loi Trump… et de réduire les dépenses publiques. »
Les taux d’intérêt devront monter. La pression sur les autorités fédérales pour qu’elles impriment de la monnaie va s’accentuer, ce qui réduira encore la valeur de leurs propres obligations.
Nous avons vu à quelle vitesse et dans quelles proportions les obligations pouvaient perdre de la valeur après le retournement du marché obligataire en juillet 2020. Ce fut la plus forte perte jamais enregistrée sur les bons du Trésor. Et il est fort probable que ce ne soit qu’un début.
A court terme, bien sûr, tout peut arriver. Une récession pourrait alléger la pression sur les taux et peut-être entraîner un rebond obligataire.
Mais cela relèverait alors de la spéculation, non de l’investissement.
Et les actions ? Et l’or ? Que faire de votre argent aujourd’hui ?
Restez à l’écoute : demain, nous verrons quelles sont nos options.