Les autorités mondiales sont terrorisées à la perspective d’une crise déflationniste – et font tout leur possible pour l’empêcher. Malheureusement, elles n’en ont pas compris les vraies causes.
Le système financier mondial semble se préparer à des actions massives de la part des banques centrales dans le but de s’opposer aux « vents contraires » potentiels.
Les autorités sont terrorisées à l’idée d’une retombée déflationniste qui s’imposerait au monde en raison des événements actuels. Une boucle de rétroaction négative menaçante s’est mise en mouvement.
Le centre de la complaisance
Le dollar américain a poursuivi sa progression : la croissance relative, les rendements nominaux positifs et la certitude que la Fed est là pour sécuriser le tout – tout cela rend le dollar attrayant.
Les capitaux affluent, les investisseurs mondiaux se réfugient aux Etats-Unis, « le centre de la complaisance ».
Les prix des produits de base ont continué à faiblir, mais l’or et le platine brillent de tous leurs feux.
Les mouvements les plus significatifs ont été sur les métaux précieux : or, argent, platine. Le chouchou de tous les spéculateurs, le palladium, a fait un bond de 225 $ !
La hausse du dollar américain contre les devises des marchés émergents va contraindre les débiteurs des entreprises des économies émergentes à vendre leurs marchandises à des prix déprimés – cela va des produits de base aux produits manufacturés. Les débiteurs vont être étranglés !
Quelle que soit la croissance économique, les dettes doivent être remboursées. Il y a des milliers de milliards de dettes libellées en dollar américain qui arrivent à échéance au cours des 18 prochains mois.
Mieux vaut tard que jamais…
La directrice du FMI, Kristalina Georgieva, a publié mardi un article dans le Financial Times intitulé « nous révisons nos conseils aux marchés émergents ».
Mieux vaut tard que jamais, n’est-ce pas ?
Georgieva a soulevé ce point critique :
« De nouvelles recherches indiquent que même si les marchés émergents sont profondément intégrés dans le commerce mondial, leur commerce est facturé de manière disproportionnée en dollars et, par conséquent, les taux de change flexibles ne fournissent qu’une isolation/protection limitée.
De même, alors que les marchés émergents sont largement intégrés dans les marchés mondiaux des capitaux, leur dette extérieure est libellée extensivement en dollar. Cela aboutit à ce que les taux de change deviennent des amplificateurs de chocs car ils peuvent soudainement augmenter les coûts et les obligations du service de la dette. »
Le vrai problème du système actuel
Cela fait des années que j’explique cela, que je tente de faire comprendre que le vrai problème de notre système, ce n’est pas le dollar, le dollar américain qui circule à l’intérieur des Etats-Unis ; c’est le « dollar », le dollar extérieur, celui qui circule dans le monde.
La pénurie de « dollars » est chronique, et c’est en grande partie elle qui est responsable des tendances déflationnistes récurrentes.
Hélas, les idiots des banques centrales n’ont pas compris cela. Ils croient encore au mythe des masses monétaires nationales comme étant significatives : ils ne savent pas ce qu’est la monnaie à notre époque.
Ils n’ont pas compris que la vraie monnaie – celle qui catalyse – vient du bas, pas du haut, et qu’elle a à voir avec la capacité bilancielle des grandes banques ; or ces capacités bilancielles se contractent !
Ce qui est en place, c’est une boucle de rétroaction négative qui peut envoyer le système financier mondial dans une spirale déflationniste. C’est pour cela que les métaux précieux sont recherchés : on a peur du craquement. Pas de l’inflation.
Je m’attends à ce que Powell fasse ce que la Fed sait faire, c’est-à-dire une tournée d’inflationnisme. Elle va ouvrir les robinets, baisser les taux, accorder des swaps de devises de façon large.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]