Les cycles de long terme passent inaperçus sur le moment – mais comme peuvent en témoigner les Romains, les Parthes et de nombreux autres… leur importance reste fondamentale.
Les cycles de long terme passent souvent inaperçus, parce qu’ils se déroulent sur de nombreuses années, voire plusieurs décennies. Par exemple, rares sont ceux qui avaient remarqué la baisse des précipitations dans la région méditerranéenne en l’an 150.
Pourtant, cette baisse graduelle des précipitations a lentement mais sûrement fait diminuer les récoltes de céréales de l’Empire romain, ce qui, parallèlement à une augmentation de la population, a provoqué une baisse des apports caloriques pour de nombreuses personnes.
Leur système immunitaire a ainsi été affaibli petit à petit, les rendant plus fragiles face à la grande peste antonine qui a débuté en l’an 165.
Le déclin des températures en Europe du nord au début du XIVème siècle a mené à des « années sans été » et à la destruction de récoltes céréalières, ce qui a là encore fait baisser l’apport calorique de la majeure partie de la population, désormais affaiblie et plus fragile face à la peste noire qui a dévasté l’Europe en 1347.
Ce n’est pas le seul exemple, bien entendu…
Je cite souvent l’ouvrage de Kyle Harper, Comment l’Empire romain s’est effondré : le climat, les maladies et la fin d’un empire, pour mieux comprendre les conséquences des cycles naturels sur la civilisation humaine.
Il est aussi important de noter que l’Empire romain n’a pas été le seul mis à mal par les cycles naturels et les pandémies de l’an 200 : nous avons assisté à la même époque à l’effondrement du puissant Empire parthe, en Perse, et des royaumes de l’Inde et de la dynastie des Han, en Chine.
En plus des cycles naturels, il existe des cycles socioéconomiques humains : ceux de la dette et du déclin des valeurs civiques et du contrat social – une prolifération d’élites parasitaires, un affaiblissement des finances de l’Etat et un déclin du pouvoir d’achat des salaires/du travail.
La dette et son effondrement final
La dépendance croissante face à la dette suivie de son effondrement final est un cycle détecté par l’économiste soviétique Nikolai Kondratieff et d’autres. En réalité, Peter Turchin mentionnait ces trois facteurs comme les moteurs principaux de la discorde décisive qui met à genoux nations et empires.
Les trois sont détectables au niveau mondial actuellement.
Dans ce contexte, l’élection de Donald Trump en 2016 fut l’expression politique d’un mécontentement qui bouillonnait depuis longtemps sous la surface, précisément en raison de ces points :
L’émergence d’élites parasitaires égocentriques, la corruption/l’effondrement du contrat social et des finances de l’Etat et le déclin, sur plusieurs décennies, du pouvoir d’achat des salaires/du travail.
Ce qui nous amène au karma, un thème qui provoque une certaine confusion dans les cultures occidentales, qui connaissent mieux la punition divine que les conséquences qui suivent les actes sans intervention de Dieu, ce qui est l’essence même du karma.
Des opportunités gâchées
D’une manière générale, les Etats-Unis ont gâché les opportunités présentées par la fin de la Guerre froide il y a 30 ans en se basant sur un exceptionnalisme présomptueux, des guerres de choix, des élites parasitaires et un gâchis sans précédent des ressources pour alimenter une consommation non productive.
Aujourd’hui, l’idée – à défaut d’avoir un plan digne de ce nom – est d’emprunter des milliers de milliards de dollars pour financer une orgie encore plus spectaculaire de consommation non-productive, sur la base de la conviction étrange que « l’argent » peut pousser sur les arbres en quantités proprement infinies, puis gâché… et que, comme par magie, ces stratagèmes n’auront aucune conséquence dans le monde réel.
Les actions ont des conséquences, cependant, et après 30 années de dilapidation, de fraude et de corruption normalisée par les élites parasitaires pendant que le pouvoir d’achat du travail baissait, les conséquences karmiques ne peuvent plus être remises à plus tard en continuant de faire, avec plus de vigueur encore, la même chose que ce qui a vidé de leur sens l’économie et la société.
Ce qui nous amène à la chance… sur laquelle nous reviendrons demain.