▪ Nous ne sommes pas surpris d’avoir vu le CAC 40 plafonner sous les 3 690 points : l’indice parisien vient d’effacer très précisément 50% du terrain perdu entre 4 090 et 3 290 points — la correction ayant atteint -19% du 16 avril au 25 mai.
Le même constat peut être établi au niveau des indices américains. L’espoir de hausse supplémentaire des investisseurs repose presque tout entier sur la capacité de l’euro à déborder les 1,2350 $ d’ici ce vendredi 18 juin, journée des « Quatre sorcières ».
Beaucoup semblent y croire puisque le CAC 40, le DAX 30 et l’EuroStoxx 50 alignent une sixième séance de hausse consécutive. Cela positionne favorablement les indices du Vieux Continent pour l’inscription d’une septième — et mythique — journée de gain, pour la première fois depuis la période du 13 au 22 juillet 2009.
Au-delà du symbole, l’enjeu consiste à réduire au maximum le handicap des actions cotées en euro depuis le 1er janvier (-8,5%) par rapport à leurs homologues américaines. Ces dernières affichent désormais des performances positives, qu’elles appartiennent au S&P ou au Nasdaq… tandis que le Dow Jones flirte avec l’équilibre.
Les indices paneuropéens semblent déterminés à faire fi de toutes les mauvaises nouvelles puisqu’ils ils ont réussi à digérer en quelques heures le plongeon de 9% de Nokia, qui a diffusé un nouveau profit warning… puis une spectaculaire chute de 17,2% du nombre de mises en chantier de logements neufs en mai aux Etats-Unis (à 593 000, soit un plus bas de cinq mois… puis une baisse de 5,9% des dépôts de permis de construire, après -10,9% en avril… puis une modeste contraction des prix à la production (-0,3% en mai au lieu de -0,4% anticipé… Le seul lot de consolation fut une production industrielle en hausse de 1,2% qui s’avérait tout juste conforme aux attentes.
Elle a en tout cas suffi à ramener Wall Street à l’équilibre en clôture : -0,06% pour le S&P, +0,05% pour le Dow, score nul et vierge pour le Nasdaq.
▪ L’euro a donné un bon coup de pouce à l’avancée des actions en fin d’après-midi avec une remontée au-dessus des 1,233 $. Les taux interbancaires continuent pourtant de se tendre alors que les banques espagnoles éprouvent les plus grandes difficultés pour se refinancer. Elles ne peuvent que se tourner massivement vers la BCE (à hauteur de 85 milliards d’euros au mois de mai), laquelle assume à fond depuis trois mois son rôle de prêteur en dernier ressort.
L’écart de rendement entre les obligations espagnoles et allemandes à 10 ans a bondi de plus de 0,10 point de pourcentage, pour atteindre 2,25 points de pourcentage.
Mais cette information s’est complètement perdue dans l’inertie haussière de l’euro. Il terminait la séance de mercredi au-dessus des 1,23 $ : même si cela s’est joué à quelques millièmes, après maintes hésitations entre 1,228 et 1,232 $, l’essentiel est que la dynamique haussière soit demeurée intacte.
▪ L’événement le plus spectaculaire de cette séance sans relief, c’est l’effondrement de 40% de Fannie Mae et Freddie Mac (après une désintégration de -55% en milieu de journée).
L’Agence fédérale américaine de financement immobilier annonce un prochain retrait de la cote du NYSE des deux principaux établissements de garantie hypothécaire des Etats-Unis… ce qui va priver les spéculateurs de leur joujou favori.
Ces deux penny stocks étaient devenus de gigantesques instruments de trading pur, assimilables à des bons de souscription ou des call à petite prime… mais avec une liquidité quasi-infinie.
Il n’était pas rare que ces deux corps célestes moribonds — résidus des brillantes étoiles au firmament de Wall Street qui ont explosé durant l’été 2008 — représentent plus de 10% du nombre de titres échangés sur le NYSE au quotidien.
Ces étoiles de type « pulsar », vu leur vitesse de rotation étourdissante, viennent donc d’être aspirées par un trou noir — celui du « hors cote » américain. Nous avons assisté à leur agonie définitive sous forme d’une ultime émission de rayons gammas ultra-énergétiques : 350 millions de titres ont été échangés sur le seul titre Fannie Mae et 215 millions sur Freddie Mac — soit 25 à 30 fois le volume moyen quotidien.
Serait-ce une préfiguration du sort funeste qui attend Ambac Financial en cas de placement sous tutelle d’un juge sur les faillites ?
Combien faudra-t-il de temps pour que disparaissent toutes les banques-zombies qui errent encore à travers la galaxie financière américaine ?
Et combien faudra-t-il de désintégrations de cet acabit avant que la structure du dollar soit suffisamment irradiée pour que son usage soit jugé dangereux pour la santé financière de ses détenteurs ?