Le prochain président élu s’alignera-t-il sur les ambitions économiques et sécuritaires de l’Europe ?
L’élection présidentielle américaine s’apprête à devenir le sujet politique le plus brûlant en 2024. Le président sortant, Joe Biden, tente de défendre sa politique économique qui fait la part belle aux grandes dépenses à travers sa loi sur les infrastructures, tandis que l’actuel favori du parti républicain est l’ancien président Donald Trump.
Il est exact que la plupart des dirigeants européens sont favorables à la présidence de Joe Biden, parce qu’ils y voient un alignement politique sur le parti démocrate, mais il serait exagéré d’affirmer que Joe Biden a contribué à améliorer les relations avec l’Europe. En fait, Joe Biden n’a pas été à l’avant-garde de la résolution des obstacles commerciaux créés par Donald Trump, mais il les a plutôt aggravés. Sa loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act/IRA), décrite dans ma chronique du mois de février, a mécontenté l’establishment européen, car elle provoque d’importantes perturbations commerciales en raison de subventions à grande échelle.
Pendant ce temps, Donald Trump reprendrait très probablement là où il s’est arrêté : droits de douane sur l’acier, droits de douane sur les voitures… Il n’y a pas de limite à son imagination pour perturber le commerce international. Le problème de Donald Trump est qu’il ne voit pas l’Europe comme un allié, mais plutôt comme un bénéficiaire perturbateur de l’aide américaine, qui a profité de la bonne volonté du contribuable américain. D’une certaine manière, il n’a pas tout faux : la défense européenne a été sous-financée et s’est appuyée sur les bases et la protection américaines. Cela dit, le point de vue de M. Trump est encore assombri par sa propre campagne de 2016, et un autre mandat de M. Trump ne serait guère une bonne nouvelle pour l’Europe.
Si l’on regarde les autres candidats à la primaire républicaine, les choses ne se présentent pas non plus sous les meilleurs auspices. Ron DeSantis et Vivek Ramaswamy, qui obtiennent respectivement 13% et 5% des voix dans les sondages, suivent tous deux la ligne de Trump en matière de droits de douane et créeraient donc également d’importants maux de tête, non seulement pour l’industrie européenne, mais aussi pour la leur. Les années Trump d’imposition de droits de douane sur l’acier, puis la riposte de la Commission européenne avec des droits de douane sur les jeans et le bourbon n’étaient pas seulement stupides, elles étaient mauvaises et contre-productives sur le plan économique. Nous ne pouvons plus nous permettre d’en faire autant.
Un autre aspect où un retour de Trump ou l’effet d’un candidat de type Trump se ferait sentir est la défense. Trump a indiqué qu’il souhaitait trouver un accord avec la Russie sur la guerre en Ukraine. Pendant sa présidence, il souhaitait que les membres européens de l’OTAN s’engagent pleinement à atteindre l’objectif indiqué de 2% du PIB pour les dépenses de défense. L’Europe a pris conscience de la nécessité de se doter de systèmes de défense, mais elle reste largement tributaire de la bonne volonté des États-Unis.
Vient ensuite la question du leadership : qui serait chargé d’une alliance européenne de sécurité ? Paris ? Berlin ? Varsovie ? Une sélection tournante de capitales européennes ? Et où serait logée la direction militaire de l’Europe, étant donné ce que Hindren a appelé un « manque de culture stratégique » au sein de la branche exécutive de l’UE ? Il est difficile d’imaginer une solution, a-t-il dit, étant donné l’hostilité entre les puissances européennes et le fait que certains pays, comme la Pologne, font davantage confiance à Washington qu’à Bruxelles.
Les relations entre Berlin et Varsovie, qui se dégradent rapidement, en sont un bon exemple. Ces derniers jours, le gouvernement polonais de droite a multiplié les demandes de réparations de la part de l’Allemagne pour la Seconde Guerre mondiale, tandis que Berlin a déclaré qu’elle imposait des contrôles à sa frontière avec la Pologne à la suite d’un scandale de visas contre de l’argent à Varsovie.
Parmi les autres candidats en lice dans les primaires républicaines, il semble que seule Nikki Haley, l’ancienne gouverneure de Caroline du Sud, soit une bonne nouvelle, tant sur le plan géographique que sur le plan économique. Elle s’aligne davantage sur les républicains traditionnels de type Reagan en matière de commerce et reconnaît l’importance de l’engagement des États-Unis pour la paix par la force en Europe. Toutefois, compte tenu des changements idéologiques importants que le parti républicain a connus depuis les années Trump, ses chances risquent d’être très minces.
Il apparaît donc que, compte tenu de la situation actuelle lors des élections primaires du parti républicain, et uniquement du point de vue des intérêts stratégiques de l’Europe, la poursuite de la présidence de Joe Biden l’emporte sur les inconvénients d’une réélection de Trump. Cela ne signifie pas que les politiques de Joe Biden profitent à l’économie américaine, mais simplement qu’il s’aligne mieux sur les ambitions économiques et sécuritaires de l’Europe.
Mais il y aura aussi des élections européennes l’année prochaine…
2 commentaires
J’ai comme impression que cet article a été écrit il y a des semaines voire mois. La situation évolue aux EU. Je sais que l’Europe n’est pas en faveur d’un candidat Kennedy non plus, mais elle ne doit pas se faire des soucis. Le complexe militaro-industriel américain avec CIA … réunis, va bien s’en occuper. Malheureusement non seulement pour l’Amérique, mais pour la « paix » dans le monde entier, les adeptes de Biden, le président américain le plus corrompu que l’histoire n’a jamais connu, vont tout faire pourque Kennedy ne soit pas président.
La question : pourquoi voter, puisque c’est tomber toujours, et quel que soit le pays, de Charybde en Scylla ??
pourquoi préférer la peste au choléra ?
La Belgique et l’Espagne ont démontré que ça allait beaucoup mieux sans gouvernement élu.