Promesse de plein-emploi non tenue, finances publiques en lambeaux : quoi de mieux qu’un nouvel ennemi à combattre pour occuper les esprits ?
« Vous allez assister à une forte hausse de l’emploi. »
C’est ce qu’avait déclaré en avril le secrétaire au Commerce américain, Howard Lutnick, attribuant cette promesse à la guerre commerciale.
Mais, en réalité, l’emploi s’effondre. Le mois dernier, seuls 22 000 nouveaux postes ont été créés – un chiffre statistiquement insignifiant, qui sera probablement révisé à la baisse… peut-être pour retomber jusqu’à zéro.
L’objectif officiel de la guerre commerciale était de rapatrier aux Etats-Unis des emplois manufacturiers bien rémunérés. Pourtant, selon le rapport publié la semaine dernière, le secteur de la production de biens a perdu près de 50 000 postes depuis janvier. Et depuis 2007, plus de 400 000 emplois manufacturiers ont disparu.
Pauvre Donald Trump. Alors que nous observons la situation en toute sécurité depuis notre bureau à domicile, lui porte le poids du monde sur ses épaules. Ses mains virent au violet, ses chevilles enflent, et rien ne fonctionne comme prévu. Des Nations jadis alliées « complotent » contre lui, sa diplomatie musclée attise de nouveaux conflits, et la guerre commerciale se retourne contre lui. Son programme se révèle soit inefficace, soit illégal… parfois les deux. Et ses espoirs d’obtenir le prix Nobel de la paix s’amenuisent.
Pourtant, à La Chronique Agora, nous essayons toujours de voir le bon côté des choses. Et ce de côté-là, réchauffé par le soleil, tout se passe toujours comme le grand plan de l’Histoire l’avait prévu. Mais pas comme le prévoyait Donald Trump. Ni comme le prévoyaient Hillary Clinton ou Gavin Newsome. Et certainement pas comme nous l’avions prévu.
Celui qui s’élève trop haut doit tôt ou tard redescendre. Et en 1999, les Etats-Unis incarnaient l’exemple à suivre pour le reste du monde. Ils dominaient la scène mondiale, admirés, enviés, imités… avec l’économie la plus puissante de la planète. Mais ils avaient besoin de dirigeants pour les aider à descendre de leur piédestal.
C’est ainsi qu’est arrivé George W. Bush, avec sa « guerre contre le terrorisme ». Puis Barack Obama, qui a ajouté 8 000 Md$ à la dette nationale. Joe Biden a poursuivi dans cette voie avec sa loi sur la « réduction de l’inflation » – qui a fait grimper les prix à leur plus haut niveau en 40 ans et porté la dette à plus de 35 000 Md$. On peut aussi lui attribuer le mérite d’avoir encouragé les idéologies « woke », ouvrant la voie à celui qui semblait le mieux placé pour accomplir une lourde tâche historique : Donald J. Trump.
Pour mener à bien sa mission, Trump a dû accélérer le processus : creusement massif de la dette, gaspillage militaire, destruction accélérée des finances publiques. Si tout se passe « bien », la dette américaine devrait avoisiner les 45 000 Md$ au moment où il quittera la Maison-Blanche en 2029.
Pour ce qui est du Pentagone, un peu de contexte s’impose. Le chancelier allemand Friedrich Merz déclarait récemment : « L’Etat-providence que nous avons créé ne peut plus être financé par ce que nous produisons. »
Il a raison. Le système de Ponzi de l’Etat-providence arrive en bout de course : trop de retraités, pas assez d’actifs pour les soutenir. Que faire ? Comment faire en sorte que le peuple reste docile lorsque vous ne pouvez plus tenir vos promesses ? Il faut passer du beurre aux canons.
TIME rapporte :
« Merz a promis que l’armée allemande deviendrait ‘la plus puissante d’Europe’, avec un effectif qui passera de 182 000 à 240 000 soldats d’ici à 2031. L’Allemagne remplacera avions, chars, navires vieillissants et investira massivement dans ses infrastructures militaires. »
La dernière fois que l’Allemagne s’est lancée dans un réarmement, il y a 90 ans, le monde en a payé le prix. Espérons que l’Histoire ne se répète pas.
Les Etats-Unis, eux, font face au même dilemme. L’an dernier, les naissances n’ont dépassé les décès que d’environ 500 000 personnes, et dans plus de la moitié des comtés, il y a désormais plus de personnes âgées que d’enfants. Une grande partie de ces naissances provient d’immigrants.
Money Talks rapporte :
« La croissance hispanique et asiatique compense le déclin du taux de natalité américain. »
Si l’objectif était d’accélérer l’insolvabilité du système de sécurité sociale, que devraient faire les autorités fédérales ? Se débarrasser des immigrants, bien sûr.
On estime que 1,6 million de « clandestins » ont quitté les Etats-Unis au cours des six premiers mois de cette année. Cela représente une variation nette de la population de MOINS un million de personnes jusqu’à présent en 2025. Nous n’avons vu aucun rapport sur le sujet, mais cela signifie certainement que la sécurité sociale fera faillite plus tôt que prévu.
Alors, qu’en est-il de l’Etat-providence ? Va-t-il se transformer en Etat guerrier ?
Est-ce la raison « historique » pour laquelle l’équipe de Trump propose de transformer le « Département de la Défense » en « Département de la Guerre » ? Est-ce la véritable motivation derrière le fait de qualifier les trafiquants de drogue de « terroristes »… afin de détourner l’attention du Pentagone avec un ennemi factice et insignifiant ? Et était-ce la véritable raison pour laquelle l’armée américaine a abattu des personnes sur un bateau dans les Caraïbes la semaine dernière ?
A suivre…
2 commentaires
Pourquoi le gouvernement ne donnerait il pas ce qu’il dépense directement aux allemands plutôt que de les faire travailler pour un secteur nuisible ?
Ce ne sont pas les seuls USA de Trump qui font face à un problème : C’est tout l’Occident (Europe et Amérique du Nord) dont le développement économique au dessus du monde, pendant deux siècles, arrive à sa fin. La concurrence scientifique, technique, économique, financière est devenue considérable : elle s’est mondialisée. Fini le « Tiers Monde ».
Il faut partager la croissance, mondialement, c’est à dire la réduire à peu de choses en Occident.
La tentation occidentale c’est la guerre: pour repartir à zéro.
Une guerre de laquelle les élites occidentales se tiendront bien à l’abri. Seuls les peuples mourront. 8 milliards… ce ne sera pas dommage. Il y a de la marge.
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