Subventions aux batteries, quotas de recyclage, obligations d’incorporation… L’Etat impose des normes qui faussent le marché, créent une demande artificielle et aboutissent à des fiascos industriels.
Les subventions aux batteries, les lois sur les bouchons en plastique ou encore les interdictions de mise en location de certains logements font partie des atteintes à l’économie de marché.
Elles créent une illusion de demande pour certains produits, soit par des achats contraints imposés par des normes, soit par la distribution d’aides financières. En revanche, elles réduisent l’offre de produits réellement demandés, limitant ainsi le bien-être des particuliers.
Les consommateurs privilégient majoritairement les voitures à moteur thermique et font preuve d’hésitation vis-à-vis des modèles électriques. Selon une étude de McKinsey publiée en juin dernier, 18% des propriétaires français de voitures électriques prévoient d’acheter un véhicule thermique pour leur prochain achat. Ils invoquent notamment les coûts d’entretien, les temps de recharge et la déception liée à l’autonomie des batteries. Les immatriculations de voitures électriques ont d’ailleurs reculé de 2,6% en 2024, selon la Plateforme automobile française, malgré une hausse en début d’année sous l’effet des subventions à la location (le leasing social).
Enfin, des sondages menés en France comme aux Etats-Unis révèlent un déclin de la popularité des véhicules électriques auprès des consommateurs. En France, les volontés d’achat de voitures à batteries baissent d’un tiers depuis 2021, selon un sondage par Ifop et CSA.
Partout dans le monde – à part en Chine -, la popularité des voitures à moteurs chez les consommateurs dépasse de loin l’électrique.
Selon les sondages menés par Deloitte sur les intentions d’achat de voitures, aux Etats-Unis, 62% des consommateurs prévoient d’acheter un véhicule à essence ou diesel, tandis que seulement 5% envisagent l’achat d’une voiture électrique à batterie. Les véhicules électriques jouissent d’une plus grande popularité en Allemagne, avec 14% des intentions d’achat, et en Chine, où ce chiffre atteint 27%.
Face à l’évidence de la débâcle, trois ministres français demandent désormais l’annulation des quotas prévus pour 2025.
Gâchis de capitaux : 2 milliards d’euros pour les usines à batteries de Verkor
Les aides publiques et les quotas incitent à des investissements massifs dans le tout-électrique, sans lien avec la demande réelle ni souci de rentabilité.
Le principal producteur de batteries européen, Northvolt, a fait faillite en novembre, malgré 15 milliards d’euros de financements depuis 2015.
Pourtant, des projets d’usines de batteries continuent d’avancer en France.
Le groupe Verkor construit actuellement une usine de batteries près de Dunkerque et prévoit déjà l’ouverture de deux autres sites. Le financement de ces projets a été bouclé fin 2023, avant que ne se concrétise la prise de conscience des limites du marché de l’électrique et avant l’effondrement de Northvolt.
A ce jour, Verkor mobilise ainsi 2 milliards d’euros pour ses usines.
Mais en réalité, au moins deux tiers des fonds proviennent de banques sous contrôle gouvernemental et de subventions publiques.
Ce graphique issu d’un communiqué de l’entreprise illustre la répartition des financements des usines.
![](https://la-chronique-agora.com/wp-content/uploads/2025/02/INFOGRAPHIE-PR_Verkor-secures-E2-billion-14-09-23-EN-1.jpg)
Source : Verkor
Le financement principal des usines de Verkor provient des pouvoirs publics. Seule une minorité – moins d’un tiers – est assurée par des investisseurs privés.
Recyclage des bouteilles en plastique : relèvement du seuil en 2025
L’industrie du recyclage en Europe bénéficie elle aussi d’un soutien étatique.
Toutefois, de nouvelles directives, applicables dès cette année, risquent paradoxalement de fragiliser le secteur et de provoquer un effondrement inattendu de l’industrie du recyclage sur le continent.
Tout commence bien par de bonnes intentions et de la façon la plus anodine possible : un décret de décembre 2021. Ce décret prévoit qu’en 2025 (c’est maintenant, pour mémoire), n’importe quelle bouteille d’eau doit être fabriquée avec au moins 25% de polyéthylène recyclé.
Vous savez, en tant qu’ami de la planète, que le plastique c’est mal, très maaaaaaal. Ça pollue. Les baleines ne le digèrent pas. Les dauphins non plus.
« Mais ce n’est pas moi, protestez-vous, je remplis bien gentiment ma poubelle jaune. »
Bon peut-être que ce n’est pas vous. Mais vous allez quand même payer pour tout ça. Parce que, scrogneugneu, tous solidaires, responsables, durables, éco-responsables et bablabla…
Au fait, comment en sommes-vous arrivés là ? Avec la loi du 10 février 2020 contre le gaspillage et pour l’économie circulaire du Code de l’environnement !
Selon le décret, les bouteilles en plastique contiennent au moins 25% de plastique à provenance du recyclage en 2025, et de 30% en 2030 (à part pour des exceptions comme le lait non réfrigéré).
A ce stade, vous vous demandez qui peut bien penser, rédiger, puis voter une loi contre le gaspillage.
A priori, le gaspillage punit celui qui s’y livre en lui faisant perdre son argent. Si les gens veulent jeter leur propre argent par la fenêtre, ça les regarde.
Mais ce n’est visiblement pas l’avis d’un ministre de l’Ecologie. Pour sauver la planète, il faut empêcher le gâchis, la surconsommation ; il faut promouvoir l’économie circulaire, nouvelle noble désignation du recyclage.
Situation initiale :
- un besoin créé de toute pièce par l’idéologie, car côté économie circulaire, la poubelle jaune est censée pourvoir au recyclage. Libre ensuite aux gens d’utiliser cette matière recyclée ;
- des industriels conscients d’une nouvelle obligation à terme : 25% de matière recyclée à incorporer dans leurs bouteilles en 2025.
Situation finale :
- gâchis ;
- destruction de valeur.
Dérapage du capitalisme de copinage
Sur X (Twitter), on voit le président de la Confédération européenne des industries du recyclage expliquer le nouveau désastre auquel est confrontée son industrie. Cette première vidéo se consacre aux bouteilles plastiques :
- une demande artificielle de PET recyclé a été créée par la réglementation ;
- cette demande artificielle est censée aider l’industrie du recyclage ;
- les producteurs d’eau s’agitent pour trouver plus de PET recyclé ;
- résultat, une concurrence des producteurs asiatiques qui fournissent du PET recyclé moins cher (prix de la main d’œuvre et coût de l’énergie moins élevés) ;
- la fermeture progressive des unités de recyclage en Europe, notamment une unité de Paprec-Suez en France, avec la destruction de millions d’euros d’investissements.
Et après ce déballage, notre intervenant conclut par une demande pour plus de réglementation : « Mettre en place des obligations d’incorporation, c’est une bonne idée, mais si de l’autre côté on n’a pas un mécanisme régulateur et bien, c’est nos amis asiatiques qui en profitent, entre autres. »
Voilà le remède : encore plus de capitalisme de copinage !
En réalité, ces obligations, qui ne sont pas demandées par les clients et aucunement indispensables à la sécurité des personnes, sont ineptes et nuisibles. Le gâchis est là. Pas ailleurs.
Notre intervenant déballe ensuite la question des batteries. Ici encore, il s’agit de recyclage.
- la technologie des batteries évolue plus vite que la réglementation ;
- la technologie lithium-fer-phosphate récemment adoptée n’offre aucune valeur de recyclage ;
- faute de visibilité sur l’évolution de la technologie, il est impossible d’investir dans le recyclage ;
- de même, le recyclage des aimants permanents n’est pas rentable.
Ne jamais investir dans le capitalisme de connivence
Le capitalisme de connivence conduit toujours au gâchis de main d’oeuvre et de capitaux. C’est un système institutionnalisé de mauvaise allocation de ressources qui ne peut qu’engendrer des déboires pour les actionnaires.
Ce n’est pas un hasard si sous la pression des actionnaires, les grands fonds déclarent tourner le dos aux entreprises qui revendiquent des « engagements socialement responsables », s’impliquer dans les « énergies vertes » et autres billevesées.
Investissez plutôt dans des entreprises qui sont dévouées à servir leurs clients, et non pas la bureaucratie.
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1 commentaire
Il est certain qu’il ne faut pas que la société soit commandée par les marchands, mais pas du tout non plus par la bureaucratie. Deux pouvoirs sous-jacents devenus essentiels en Occident et particulièrement dans la CEE. C’est toute l’utilité et la difficulté des politiques de tracer les frontières, quand ils peuvent, par miracle, échapper aux uns et aux autres,