Donald Trump s’est transformé en parodie vivante – mais son numéro ne parvient plus à masquer le piteux état de « son » économie.
Notre morne tâche devient de plus en plus morne.
Autrefois, nous l’allégions en nous moquant de tout. « Rire et savoir », disait le poète romain Martial. On ne comprend vraiment les absurdités, vanités et stupidités du monde que lorsqu’on peut en rire. Elles sont alors amusantes plutôt qu’irritantes.
Sauf qu’à présent, il devient de plus en plus difficile de ridiculiser les grands de ce monde. Les plus crétins d’entre eux reçoivent des Prix Nobel… sont nommés à la tête du FMI… ou sont élus président !
Les sarcasmes en viennent à se confondre avec les louanges sérieuses. Nos moqueries tombent à plat ; ces personnages se moquent d’eux-mêmes mieux que nous pourrions jamais le faire.
Fausses notes et absurdités
Evidemment, nos lecteurs sauront ce que nous avons en tête : l’auto-parodie du président Trump lors de son intervention à l’Economic Club de New York, mardi.
Comme vous le savez, le suspense était entier. Nous pensions qu’il chanterait ses propres louanges, une fanfare de triomphalisme, annonçant une grande victoire dans la guerre commerciale qui ferait s’envoler les marchés.
A la place, il a principalement évité la question du commerce et a profité de l’occasion pour présenter tout un orchestre de musiciens désaccordés, de fausses notes et d’absurdités bruyantes.
« Des affirmations insensées », écrivait le journaliste James Fallows. Mais le président américain n’est pas cinglé ; c’est un homme de spectacle… et un maître de la pasquinade. C’est-à-dire qu’il passe tout au moulin du burlesque : lui-même, la Maison Blanche, le gouvernement, la démocratie, la politique, la célébrité, l’argent, l’économie… et quasiment tout le reste.
Mieux encore, il le fait sans le savoir.
Il a par exemple affirmé que sa fille avait « créé 14 millions d’emplois ». Eh bien, quelle femme ! L’économie américaine toute entière n’a créé que cinq millions d’emplois durant les années Trump. Et Ivanka n’a pas créé un seul de ceux-là.
Les observateurs n’ont pas manqué de dénoncer cette impossibilité mathématique, mais ils étaient à côté de la plaque. M. Trump ne faisait que ce qu’il fait d’habitude : satiriser les prétentions des économistes et des statisticiens… et de lui-même.
Ce n’était que le début. Sur Yahoo Finance :
« Le président Donald J. Trump a applaudi la vigueur de l’économie US et déclaré que ‘la guerre contre les travailleurs américains’ avait pris fin.
‘Nous avons mis fin à la guerre contre les Travailleurs Américains, nous avons arrêté l’assaut contre l’Industrie Américaine et nous avons lancé un BOOM économique comme on n’en a encore jamais vu !’ Lors de son discours, il a déclaré que son administration avait ‘rempli nos promesses’ et ‘dépassé les attentes’ sur l’économie US, ‘en dépit du nombre quasi-record d’augmentations de taux et de resserrement quantitatif’ qui était ‘une augmentation bien trop grosse et une réduction bien trop lente’. »
Le train MAGA perd ses roues
Trump a raison. C’est bel et bien un BOOM sans pareil. Comme nous l’avons montré hier, la croissance économique réelle a été plus lente sous Trump que sous Obama.
Les dépenses gouvernementales sont inclues dans le PIB, mais elles sont presque toujours un poids sur la croissance réelle. Au lieu de créer de la richesse, elles en détruisent… transformant du temps et des ressources en gabegies, escroqueries et menteries. Plus le gouvernement dépense, moins il reste d’argent que les gens puissent investir ou dépenser eux-mêmes.
Trump a augmenté les dépenses gouvernementales plus rapidement que tout autre président depuis Lyndon B. Johnson. Supprimez ces dépenses gouvernementales supplémentaires et la croissance du PIB est inférieure de 0,5% à ce qu’elle était durant les années Obama.
Une croissance plus lente aide-t-elle les travailleurs américains ? Bien sûr que non.
Non seulement ça, mais quasiment toutes les critères pointent désormais une économie qui s’affaiblit au lieu de se renforcer.
Notre collègue David Stockman est entré dans la fosse pour voir cela de plus près. Il en a déduit que non seulement les chiffres de la création d’emploi chutent, mais il en va de même pour quasiment toutes les roues du train MAGA.
En comparant les 11 trimestres de « Trumponomics » avec la période équivalente sous Obama, Stockman a découvert ceci :
- Les ventes finales réelles ont baissé, au taux de croissance annuel de 2,6% à 2,5%.
- Les créations de nouveaux emplois ont décliné, de 227 000 à 191 000 par mois.
- Le taux de croissance du nombre d’heures travaillées a chuté, passant de 2,3% sous Obama à 1,9% sous Trump.
- Les dépenses de consommation personnelles ont également chuté, d’un taux de croissance de 3,4% sous Obama à 2,7% avec Trump.
Et puis il y a la richesse réelle. Elle dépend, au bout du compte, de la productivité. Il y a beaucoup de turbulences dans ces chiffres, mais la production par heure augmentait au taux de 1,9% entre le début du XXIème siècle et le jour où Trump a été élu. Depuis, elle atteint en moyenne 1,3%.
Une image réelle de l’économie US montre que les ventes des entreprises s’effondrent… que les stocks grimpent… tandis que les profits des entreprises avant impôts sont en fait plus bas aujourd’hui qu’il y a sept ans.
Ah et… 3 000 Mds$ de dettes supplémentaires ont été ajoutés.
Un peu de moquerie s’impose. Mais là, comme dans tout le reste, nous sommes éclipsé et surpassé par le commandant en chef américain. Make America Great Again… tu parles.
Et pendant ce temps, l’économie se dégrade et la vie aux Etats-Unis dégénère.