Mourir est une certitude radicale – même si on en ignore le jour et l’heure. Il en va de même pour les crises monétaires…
Avec la crise financière, nous sommes dans le domaine de la nécessité. Pas dans le domaine du hasard ou dans le domaine du « pas de chance ».
Ce qui doit nécessairement arriver se produit… et le fait que l’on n’en connaisse pas la date est ce qui trompe tout le monde. Comme on ne connaît pas la date, on croit que c’est le fait du hasard, de quelque chose qui tombe du ciel.
Je vais prendre une triste comparaison, mais elle est parlante :
Mourir est de l’ordre de la nécessité. Nous ne sommes vivants que d’être mortels ; les deux sont indissociables, et le fait de ne pas savoir quand nous mourrons ne change rien. Nous mourrons, c’est la certitude radicale. Probabilité : 100% !
Avec la crise financière, c’est la même chose : du moment que l’on a dépassé les limites de la solvabilité, du moment que la masse des dettes franchit un certain seuil et que la politique se résume à en créer plus pour gagner du temps… alors on est sûr que la crise financière de destruction des dettes excédentaire se produira.
Les miracles n’existent pas, 2+2 ne feront jamais 5.
Germes de destruction
Le grain de blé contient en germe le futur épi de blé ; c’est une nécessité dialectique qui découle de la nature du grain de blé. Eh bien, s’agissant de la dette, c’est la même chose. Le grain est déjà un pied de blé en développement. La dette, quand elle s’accumule, contient en germe sa propre destruction.
Quand ? Peu importe.
Elle se produira et détruira tout, parce que c’est la fonction de la crise de détruire et ce faisant de tout remettre à niveau. La crise fait partie intégrante du système – même et surtout si elle est occultée, non reconnue comme nécessité.
S’agissant de la masse de dettes, la nécessité est véhiculée par la loi qui dit qu’il est impossible d’accumuler à l’infini.
Peu à peu, l’instabilité s’installe, le système de la dette devient fragile, il atteint un état critique.
Devinez un peu…
Nous avons eu une crise d’excès de dettes dot.com en 2000 ; nous l’avons traitée en créant encore plus de dettes hypothécaires.
Nous avons produit une nouvelle crise de la dette immobilière en 2008, que nous avons essayé de traiter par une production de dettes des gouvernements et des banques centrales.
Ici nous avons une nouvelle crise en 2020, que nous sommes déjà en train de traiter par plus de dettes des gouvernements et des banques centrales… on jongle avec des milliers et des milliers de milliards. Devinez ce qui va se passer ?
Ne me demandez pas quand, c’est aléatoire. Cependant, si vous me demandez mon avis, je dirais que les crises se rapprochent de plus en plus et que c’est une caractéristique normale de ce genre de crises : elles deviennent de plus en plus fréquentes et profondes.
Les répits sont de plus en plus brefs, jusqu’à la crise finale qui est toujours, toujours, la même – la destruction de ce en quoi sont libellées toutes les dettes : les monnaies.
Je n’écris pas pour dans 10 siècles ; non, j’écris pour après-demain.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]