Parallèlement à la guerre commerciale, Donald Trump a déclaré la guerre monétaire au monde entier, en toute discrétion. L’or est en embuscade…
Des coups de feu ont été tirés vendredi dernier sur le champ de bataille international, mais il semblerait que les marchés et les médias ne s’en soient pas aperçus : ils n’entendent que le chant des sirènes des tweets de la Maison Blanche.
L’affaire n’a cependant pas échappé à tout le monde.
La journaliste de Bloomberg Saleha Mohsin a écrit un article important dans lequel elle écrit :
« Le plan de guerre monétaire de Trump met le Trésor et le Commerce en désaccord. »
Il semble que le président Trump soit frustré par l’incapacité du Trésor US à désigner un pays « manipulateur de sa monnaie ».
Il incombait au Trésor de surveiller les interventions de change des pays qui s’efforcent de maintenir artificiellement la valeur de leurs monnaies dans le but d’accroître un avantage concurrentiel par rapport aux pays du G20, en particulier les Etats-Unis (du point de vue du Trésor US).
La Suisse, le Canada, l’Union européenne et récemment l’Australie invoquent tous les parités monétaires comme variables importantes dans la définition de la politique monétaire, mais le Trésor US n’a encore qualifié aucun d’entre eux de manipulateur.
En janvier 2018, à Davos, le secrétaire au Commerce US, Wilbur Ross, déclarait :
« Malheureusement, chaque jour, différentes parties violent les règles et tentent de tirer un avantage indu. Les guerres commerciales sont en cours depuis assez longtemps ; la différence est que les troupes américaines arrivent maintenant sur les remparts. »
Le département du Commerce a été habilité à rechercher l’imposition de droits de douane en réponse à ce qu’il définit « comme des mouvements monétaires destinés à subventionner les exportations d’un autre pays vers les Etats-Unis ».
Trump a déclaré la guerre au monde entier
Trump a opposé le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, à Ross. Il veut que l’on recherche quand une monnaie est manipulée dans le but d’obtenir un avantage commercial « injuste ».
L’ancien président-directeur général de Ford, Mark Fields, avait déclaré en février 2017 que « l’intervention monétaire est la clé de toutes les barrières commerciales ».
Celui qui doit juger de la réalité de cette barrière est désormais Ross.
Comme l’ont remarqué les Chinois la semaine dernière : nous sommes prévenus, Trump entre dans la danse et s’invite dans la valse des monnaies.
Trump n’a pas tardé à s’impliquer dans la discussion sur la manipulation de la monnaie par un tweet mardi :
« L’euro et les autres monnaies sont dévalués par rapport au dollar, ce qui désavantage grandement les Etats-Unis. Le taux d’intérêt de la Fed, trop élevé, s’ajoute au ridicule resserrement quantitatif ! Ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’ils font ! »
Nous considérons que non seulement Trump a déclaré la guerre commerciale au monde entier, mais que le dollar – ou plutôt le change – a été transformé en arme.
Les banques centrales sont dans les cordes
Ce jeudi, la Banque nationale suisse a annoncé sa décision de politique de taux. Il n’y aura pas de changement, mais le discours reflète l’inquiétude de la BNS quant à la force du franc suisse, notamment face à l’euro.
Les Suisses sont les maîtres du contrôle des orientations monétaires dans le but d’affaiblir le franc ; ils n’ont pourtant jamais été l’objet de critiques de la part du Trésor américain.
Les banques centrales du monde entier sont en train de réexaminer leurs politiques monétaires – et elles sont scrutées par les investisseurs car elles n’arrivent pas à atteindre les objectifs qu’elles se sont imposés.
Cela pousse les investisseurs à se demander si les politiques d’assouplissement quantitatif vont commencer à se normaliser ou si au contraire elles vont reprendre.
Ce que personne ne formule clairement c’est que les banques centrales sont dans l’impasse, elles sont « dans les cordes » !
L’échec est flagrant, les anticipations d’inflation en Europe sont maintenant plus basses que ce qu’elles étaient en 2015 quand la BCE a lancé son QE. Je vous rappelle que ce lancement et cette politique monétaire ont été annoncés comme devant faire monter l’inflation !
Actuellement seul le pétrole fait remonter un peu l’inflation.
Dans ce contexte, le regain d’intérêt pour l’or n’a rien à voir avec l’inflation, bien sûr. Ce qui est à l’origine de son rally, ce sont les craintes des investisseurs quant à la perte de contrôle de la politique monétaire par les banques centrales dans un monde où la situation économique se détériore.
Un tweet de Fred Hickey, rédacteur de The High-Tech Strategist :
« L’argent intelligent se positionne. L’or est le trade favori de Paul Tudor Jones, investisseur/spéculateur légendaire, sur les 12 à 24 prochains mois. ‘S’il passe à 1 400 $, il ira plutôt rapidement à 1 700 $’. ‘[L’or] a tout pour lui’. Dans un environnement récessionniste où les taux frôlent le zéro, ‘l’or va hurler’. »