▪ Les investisseurs commencent peut-être à se demander si les nouvelles en provenance des banques sont aussi bonnes que l’indiquaient les premiers rapports.
Bank of America, par exemple, a annoncé avoir perdu un milliard de dollars sur ses comptes de clients individuels. JP Morgan et Goldman peuvent bien gagner de l’argent — ce sont des banques d’investissement. Elles font leurs gains grâce aux généreux renflouages du gouvernement américain. Elles ne paient quasiment rien sur les fonds empruntés… en dollars évidemment. Puis elles prennent l’argent et parient contre le dollar. Pour l’instant, ces paris se portent plutôt bien.
Bank of America, en revanche, est une vraie banque. Avec, pour clients, M. et Mme Tout-le-Monde… lesquels sont en train de faire faillite. Ils ne peuvent rembourser leurs factures. Ou du moins ils sont si nombreux à ne pas pouvoir payer leurs dettes que Bank of America en est pour un milliard de dollars de sa poche en pertes sèches sur leurs prêts.
Le Los Angeles Times rapporte de son côté que "les licenciements continuent de grimper en Californie". Le chômage dans le comté de Los Angeles a atteint les 12,7%.
De Los Angeles, on apprenait aussi que des millions de mètres carrés d’espace de bureaux restent inoccupés. Nous ne savons pas à qui appartiennent tous ces espaces vides. Mais nous pouvons imaginer qui a prêté l’argent pour les construire : les grandes banques.
Prêter de l’argent à des clients est une façon difficile de gagner sa vie. Plus on prête, plus on gagne… jusqu’à ce qu’on prête trop. Ensuite, on ne gagne plus rien.
Bien entendu, la spéculation est elle aussi une activité ardue. C’est toutefois bien plus facile lorsqu’on peut emprunter auprès des autorités à un taux zéro ou presque… et que le gouvernement garantit aussi vos dettes. Comment peut-on perdre ?
Ne vous inquiétez pas, cher lecteur. Les banquiers trouveront une solution. Ils le font toujours. Vous voulez une stratégie d’investissement qui fonctionne vraiment ? Trouvez ce que font les grandes banques et faites le contraire.
▪ Et que font-elles en ce moment ? Des prêts hypothécaires ? Non. Des cartes de crédit ? Non. Elles développent leur activité ? Vous voulez rire ! Des fusions-acquisitions, alors ? Pas vraiment.
Selon les dernières nouvelles, les banques gagnent de l’argent grâce au "trading". Le trading de quoi ? De dollars, en échange de choses qui grimpent.
Regardez le prix du pétrole — qui frôle les 79 $. Et le prix de l’or — au-delà des 1 050 $. Comparé l’un avec l’autre — le pétrole et l’or — les prix sont stables. Mais par rapport au dollar, tous deux grimpent. En d’autres termes, les gens qui ont des dollars les échangent contre de l’or et du pétrole.
Et les ors jaune et noir ne sont pas les seuls concernés. Alors que les actions américaines ont grimpé de 50% environ au cours des sept derniers mois, les marchés émergents ont augmenté deux fois plus. Les actions argentines — qui l’eût cru ? — ont doublé. Les valeurs indiennes ont pris environ 80%.
Eh bien, voyons voir… si les grandes banques se débarrassent de leurs dollars… hmmm… voulons-nous aussi nous en débarrasser ? Peut-être pas tout de suite. Lorsque les spéculateurs dénoueront toutes leurs positions à découvert sur le dollar/à l’achat sur le pétrole, l’or et les actions, le dollar s’envolera.
Le billet vert pourrait-il surprendre les spéculateurs ? Oui, tout à fait. Ce week-end, Tim Geithner a déclaré au monde que "les Etats-Unis doivent vivre selon leurs moyens". On ne dit pas comment son public a réagi. Certains des auditeurs ont dû ricaner, ça ne fait aucun doute. L’un d’entre eux au moins a dû éclater de rire. Quelques-uns ont sans doute levé les yeux au ciel. Après tout, l’orateur était l’homme chargé du Trésor du plus grand dépensier de la planète. Les journaux annonçaient ce week-end que son déficit avait atteint un nouveau record, à plus de 1 400 milliards de dollars.
En d’autres termes, aucun pays n’a jamais vécu plus au-dessus de ses moyens que les Etats-Unis.
▪ Durant les 10 années entre 1997 et 2007, les consommateurs américains ont vécu au-dessus de leurs moyens. Puis, soudain, le choc de 2007-2008 les a réveillés. A présent, ils épargnent… et c’est le gouvernement qui vit au-dessus de ses moyens.
Le New York Times nous apprend que le renversement de tendance est à couper le souffle. Cette année, le ménage américain moyen devrait épargner 4 643 $.
Comme toujours, le New York Times est complètement à côté de la plaque. Le journal se demande si c’est bon pour l’économie et en arrive à une conclusion prévisible : non. Si les consommateurs ne dépensent pas, l’économie de consommation ne se développe pas.
Mais vous au moins, cher lecteur, vous savez que tout ça n’a aucun sens. Une économie semble se développer, avec les dépenses de consommation. Lorsque les consommateurs dépensent de l’argent — et surtout lorsqu’il s’agit d’argent qu’ils n’ont pas gagné — cela déclenche un boom bidon. L’économie se prépare à produire plus de choses. Ensuite, lorsque les consommateurs doivent rembourser leurs dettes, l’économie recule. Telle est l’histoire de l’économie américaine de 2001 à 2009.
Un véritable boom, en revanche, provient d’une augmentation des bénéfices, et non de la dette. Lorsque les gens gagnent plus, ils peuvent dépenser plus — sans s’endetter et sans s’arrêter pour rembourser l’argent qu’ils ont emprunté. On n’obtient pas ce genre de boom avec des dépenses de consommation. On l’obtient en épargnant de l’argent… qui est ensuite réinvesti dans de nouveaux outils augmentant la production.
Plus de production = plus de revenus = plus de pouvoir de dépense = croissance économique réelle.
Simple, non ?