Le capitalisme n’est pas ce que l’on croit ; dès l’instant où l’on tente de le changer, on truque la partie, on triche… et cela n’a plus rien à voir avec du capitalisme.
Nous avons vu hier que les grands de la finance actuelle – Ray Dalio, Warren Buffett, Jamie Dimon & co. – souhaitent désormais « réformer » le capitalisme, le réparer, lui donner une « conscience ».
L’acolyte de Buffett, Charlie Munger n’est pas un fan du vrai capitalisme. Voici ce qu’il avait à dire de la crise de 2008 :
« Nous avions des problèmes désespérés. Nous étions à la veille d’une Grande récession qui aurait pu se transformer en Grande dépression, suivie par l’ascension de personnes comme Adolf Hitler, et ainsi de suite. Nous étions confrontés à une vraie catastrophe.
Nous n’avions jamais emprunté autant d’argent pour le dépenser aussi rapidement et racheter tant de dette, publique et privée. Nous étions donc en terre inconnue en termes d’économie, et personne ne savait avec certitude comment cela allait tourner.
Personne n’essayait de rendre les riches plus riches. Cela n’a été que la conséquence accidentelle d’une décision gouvernementale correcte, prise sur une base bi-partisane. »
Une urgence ? Où était le feu ? Le marché corrigeait simplement les erreurs des 30 années précédentes – dont les erreurs majeures de la Fed n°1, 2 et 3. La Fed maintient les taux trop bas pendant trop longtemps… ensuite elle les augmente pour tenter de dégonfler la bulle qu’elle a créée… puis elle panique et regonfle la bulle avec de nouvelles baisses de taux.
Un accident ? Oui et non.
Lorsque les autorités ont supprimé les ultimes liens ténus entre l’or et le billet vert en 1971, créant ainsi une devise factice, c’était peut-être une erreur de bonne foi. Mais en 2008, les initiés savaient ce qu’ils faisaient.
Durant cette semaine cruciale, fin septembre, le PDG de Goldman Sachs Lloyd Blankfein a parlé avec le responsable du Trésor US Hank Paulson au moins deux douzaines de fois. La partie était truquée.
Posez-vous la question : si les politiques avaient réduit de moitié les prix des actions, des obligations et de l’immobilier… le programme aurait-il duré une année de plus, sans parler de dix ?
Quant à la base bi-partisane… Incroyable le nombre de gens qui suivront sans se faire prier un programme qui envoie 30 000 Mds$ dans leur direction.
C’est ainsi que le capitalisme « conscient » fonctionne réellement ; ils truquent la partie. Les gens glissent des as dans leur manche et affirment que c’est pour nous protéger d’Adolf Hitler.
Ils arrangent les cartes, disant que cela permet d’avoir des employés plus heureux et une planète plus verte. Ils aménagent la pioche… et distribuent depuis le bas de la pile.
Le vrai capitalisme
Les capitalistes sont tout à fait conscients. Ils essaient toujours de parvenir à leurs fins… et tricher ne les dérange pas – tant qu’ils ne se font pas prendre.
Le vrai capitalisme, lui, n’est pas en mort cérébrale : il n’a jamais eu de cerveau. Peu lui importe ce que vous pensez. Peu lui importe ce que vous voulez. Il se fiche de la planète… des employés… de l’entreprise… ou de ses propriétaires. Le capitalisme n’a pas de destination en tête et ne saurait même pas s’il était arrivé.
Les inégalités ? Le capitalisme ne se soucie pas des résultats ; il ne s’intéresse qu’au processus.
Récemment, les organisateurs du grand débat sur le capitalisme dont nous parlions hier – qu’ils présentent désormais comme une discussion entre « le capitalisme conscient et l’avidité pure » – ont repris contact avec nous. Ils ont demandé si nous étions partant pour reprendre le côté de « l’avidité pure ».
Nous avons décliné leur invitation en leur envoyant la note suivante :
« Tout le monde est avide, les capitalistes comme les autres. Le capitalisme lui-même, en revanche, ne l’est pas. Parce qu’il est inconscient. Il est organique… comme un virus ; il ne raisonne pas, il n’est pas dirigé. Il ne pense ni au bien ni au mal.
Un plan du genre ‘Grand bond en avant’ est conscient. Un meurtre prémédité est conscient. Les guerres commerciales sont conscientes. Le capitalisme, lui, est dans le coma. Dès qu’on le réveille, ce n’est plus du capitalisme – c’est du copinage, du socialisme, du corporatisme ou de la charité. C’est-à-dire que le capitaliste ne donne plus aux clients ce qu’ils veulent ; il leur donne ce qu’il veut qu’ils aient.
C’est pour cette raison que la fameuse main d’Adam Smith est ‘invisible’. Le capitaliste ne sait pas ce que veut le client… ou ce qu’il devrait lui donner. Il se laisse guider par la ‘main invisible’.
Dans les limites de la décence, un capitaliste devrait se soucier uniquement de gagner de l’argent. Or le seul moyen honnête de gagner de l’argent, c’est de faire aux autres ce que l’on voudrait qu’ils nous fassent.
On ne tente pas d’améliorer leur vie ou de construire un monde meilleur. On ne saurait pas comment faire.
On essaie simplement de fournir un meilleur service ou produit… et de satisfaire le client. Laissez-le vous dire quoi faire. Toute intrusion ‘consciente’ dans le capitalisme n’est que vanité ».