Dopé par l’IA, les semi-conducteurs et des promesses de baisse de taux, Wall Street démontre qu’en Bourse, « l’espoir » reste le moteur le plus puissant pour propulser les indices toujours plus haut.
Ne me dites pas que vous ne croyez pas au « buy the dips » !
A peine Wall Street a-t-il esquissé, le 1er juillet, une consolidation de -0,1 % après la « poussée de fin de semestre », qu’un premier prétexte a suffi pour aller immédiatement chercher de nouveaux plus hauts absolus.
Le S&P 500 réussit un nouveau doublé record « séance/clôture » – le troisième en quatre séances.
Et pour atteindre ces nouveaux sommets, quel autre choix que de se faire tracter par la plus puissante locomotive disponible sur la planète, celle qui a franchi toutes les pentes les plus abruptes depuis octobre 2022 : le SOXX – l’indice emblématique des semi-conducteurs, qui compte dans ses rangs les plus grands noms du secteur, dont Broadcom et Nvidia, qui à eux deux pèsent près de 5 150 Mds$ ?
Et si l’on ajoute d’autres composantes comme AMD, Applied Materials, ARM, Cadence Design, Intel, Microchip, cela rajoute un bon 1 000 Mds$, et on dépasse allègrement les 6 000 Mds$, c’est-à-dire plus de deux fois la capitalisation du CAC 40.
Mais à ce stade, vous ne mesurez que de façon très lointaine l’impact des leaders du SOXX sur Wall Street : on y observe cinquante fois l’activité quotidienne enregistrée sur le CAC 40 (dix fois pour le seul titre Nvidia, et parfois plus !). Et ce n’est encore que l’écume des choses, car ces géants de la tech font l’objet de transactions encore plus titanesques via les produits dérivés (les options classiques trimestrielles, mais également les « options 24H »).
Autrement dit, je vous parle d’ordres de grandeur qui, du CAC au S&P 500, sont de l’ordre de la distance Terre-Lune rapportée à la distance Voie lactée-Andromède. Et s’agissant de l’impact de l’intelligence artificielle dans la génération de transactions au quotidien, c’est comme comparer le Minitel des années 2000 face à un cloud administré par un super-ordinateur quantique.
C’est un autre monde, où les capitaux en jeu au quotidien représentent en un seul jour plus que la totalité des échanges sur le CAC 40 en un trimestre.
Autant les algorithmes, qui gèrent des milliards d’opérations par jour, arbitrant le cash et les futures à la milliseconde, effectuent un travail qui défie l’entendement – au même titre que la taille du cosmos –, autant les « ficelles » psychologiques qui tirent les indices à la hausse ont la finesse d’un câble d’amarrage de porte-avions.
Généralement, il en faut trois ou quatre.
Il y a l’incontournable « la Fed va baisser les taux », puis « l’IA est la révolution qui abolit les règles boursières du passé » et enfin, depuis trois mois, « les accords douaniers vont bien se passer le 9 juillet ». Et, depuis le 7 avril, il ne se passe pas un jour sans que Wall Street ne tire sur l’une de ces trois ficelles (ou toutes à la fois).
Or Jerome Powell vient de faire savoir qu’une reprise du cycle de baisse des taux faisait consensus parmi ses collègues. Puis les investissements massifs de Microsoft ou de Meta dans l’I.A. vont engendrer des commandes de semi-conducteurs gigantesques. Et enfin, le Vietnam vient de capituler sans conditions avec la signature d’un accord commercial ultra-favorable aux Etats-Unis : « tax free » pour tous les produits américains importés, 20 % sur les exportations vietnamiennes (et 40 % sur les réexportations de produits venant de pays tiers).
Alors, pourquoi Wall Street est-il monté si vite depuis deux mois ?
Parce que Powell allait finir par évoquer une baisse de taux. Parce que les GAFAM allaient casser leur tirelire en composants électroniques. Parce qu’un ou plusieurs pays allaient se coucher sur les droits de douane face aux Etats-Unis.
Il y avait toujours quelque chose à espérer… et l’espoir vaut cent fois mieux qu’une promesse tenue : l’espoir éclipse 37 050 Mds$ de dettes, l’espoir éclipse une chute historique de 11 % du dollar au premier semestre, l’espoir éclipse une « valo moyenne » de 50 pour les Sept fantastiques et un ratio capitalisation/PIB de 205 aux Etats-Unis.