Le prestige des Etats-Unis a souffert de la défaite en Afghanistan. Pourtant, depuis, le dollar s’est renforcé. Cette situation risque de ne pas durer éternellement…
Nous nous penchions hier sur cette « époque intéressante » que nous vivons. Une époque où certains analystes nous affirment que tout va bien, tandis que d’autres soutiennent que le ciel menace de nous tomber sur la tête.
Passons maintenant aux dernières nouvelles géopolitiques. Pour résumer : les ennemis des Etats-Unis sont en marche…
La Chine menace d’envahir Taïwan et envoie des avions de combat dans l’espace aérien taïwanais (dernièrement, près de 150 avions en moins d’une semaine, il paraît).
La Russie a terminé le Pipeline Nord Stream 2 qui débouche en Allemagne et, désormais, toute l’Europe est à sa merci, via ce contrôle sur l’approvisionnement en gaz naturel.
Pour la première fois, la Corée du Nord a testé de nouveaux missiles de croisière longue portée où des têtes nucléaires – sur lesquelles ce pays travaille également – peuvent être facilement installées.
Contrairement aux missiles balistiques longue portée, les missiles de croisière sont très manœuvrables et peuvent facilement franchir des cols de montagne et survoler des villes très peuplées pour atteindre leur cible. Ces missiles sont également une arme puissante contre les navires, en mer. Par conséquent, les forces navales américaines seraient moins dissuasives, face à de futures actions nord-coréennes.
Aristote a dit que la nature avait horreur du vide. Transposé à la politique, cela signifie que lorsqu’une puissance est faible ou absente, d’autres puissances se dépêchent de combler ce vide. En ce moment, il n’y a pas de président en charge, dans le bureau ovale, et les Etats-Unis sont perçus comme faibles.
La Russie, la Chine, la Corée du Nord, l’Iran, entre autres pays, se précipitent pour combler ce vide.
Aristote avait raison, du moins dans le domaine de la politique. Il faudra des années aux Etats-Unis, peut-être même des décennies, avant de se remettre de la débâcle d’août 2021 et de l’effondrement du prestige de l’Amérique.
Tous ces événements géopolitiques réunis peuvent miner la confiance vis-à-vis de la puissance américaine. A partir de là, une perte de confiance généralisée à l’égard du dollar américain ne devrait pas tarder.
Mais nous n’en sommes pas encore là…
Le paradoxe du dollar
Cela peut paraitre contre-intuitif, étant donné les événements géopolitiques, les déficits qui flambent et les dépenses qui se déchaînent, mais le dollar s’est renforcé.
Pourquoi ?
Parce que le dollar américain est davantage qu’une monnaie purement nationale. C’est une monnaie de réserve mondiale. Elle est utilisée dans le monde entier pour faire du commerce, investir et payer, et elle est créée à l’extérieur des Etats-Unis – sous la forme d’eurodollars – par des banques américaines et étrangères exerçant à Londres, Francfort et Tokyo, entre autres centres financiers.
Bref, le dollar a une existence qui lui est propre, indépendamment de la Réserve fédérale, de la Maison Blanche et du Congrès américain.
C’est le nerf de la guerre du système monétaire international, que les responsables politiques américains soient téméraires ou non en matière de politique budgétaire et monétaire.
Voilà pourquoi Valéry Giscard d’Estaing, lorsqu’il était ministre des Finances, a qualifié le dollar de « privilège exorbitant » (un terme attribué par erreur à Charles de Gaulle).
Les banques ont besoin de dollars pour acheter des bons du Trésor à offrir en collatéral afin de maintenir le système à flot, et ce que les politiques nationales américaines soient saines ou non.
Comment le paradoxe de ces extravagantes politiques budgétaires et monétaires américaines, et de la demande croissante de dollars américains émanant des banques internationales, va-t-il se résoudre ?
A court terme, il ne sera pas résolu.
Profitez-en tant que cela dure
Je m’attends à des déficits record provoqués par le Congrès américain et à une demande perpétuelle de dollars émanant de banques internationales très endettées.
Cette situation n’est pas soutenable.
Les remèdes possibles seraient notamment que le Congrès US devienne plus responsable sur le plan budgétaire (peu probable avant 2023, si cela devait arriver) ; une intervention directe du Trésor sur les marchés des changes afin de faire baisser le dollar (peu probable avant qu’il ne soit trop tard) ; ou une crise financière mondiale qui aboutirait à des réformes majeures du système monétaire international, avec peut-être un nouvel accord de type Bretton Woods (très possible).
Ce type d’effondrement suivi d’une réforme représente l’issue la plus probable.
Cela se produira car les responsables politiques n’auront pas d’autre choix. Jamais une banque centrale ne souhaiterait revenir à un étalon-or de son propre gré. Elle ne le ferait qu’en dernier recours afin de rétablir la confiance au sein du système.
Au cours du siècle dernier, les systèmes monétaires ont changé tous les 30 à 40 ans en moyenne.
Or le système monétaire actuel existant depuis 50 ans, il y a longtemps que le monde aurait dû en connaître un nouveau.
Nous nous apprêtons probablement à vivre une « époque intéressante ».
Mais y êtes-vous préparé ?
1 commentaire
Les Chinois ne viole pas l’espace aérien taïwanais, ils pénètrent dans l’espace d’identification, c’est-à-dire un espace international qu’un pays (Taïwan n’est pas le seul) « nationalise » partiellement en voulant que tous ceux qui y pénètrent s’identifient