Toute intervention de la banque centrale dans ce processus ne fait qu’alimenter des cycles économiques artificiels, au détriment de la stabilité et de la prospérité…
Une augmentation de la demande de monnaie peut-elle contrecarrer l’impact inflationniste d’une augmentation de l’offre de monnaie ?
Par exemple, si l’offre de pommes sur le marché augmentait de dix unités et que, simultanément, la demande augmentait également de dix unités, cet accroissement de la demande serait entièrement absorbé. Ainsi, les consommateurs pourraient satisfaire à leurs besoins et les producteurs n’auraient aucun excédent de pommes à écouler.
Suivant cette logique, on pourrait penser qu’une augmentation de l’offre de monnaie pourrait être absorbée de la même manière par une augmentation équivalente de la demande de monnaie. Il s’ensuit que pour que les conditions économiques restent stables, il est essentiel que l’augmentation de la demande de monnaie s’accompagne d’une augmentation similaire de l’offre. Par conséquent, si l’augmentation de la demande de monnaie n’est pas compensée par une augmentation correspondante de l’offre, cela risque de déclencher une déflation des prix.
Selon la doctrine monétaire conventionnelle, afin prévenir des chocs économiques résultant de déséquilibres entre l’offre et la demande de monnaie, la banque centrale devrait veiller à les synchroniser. Ainsi, chaque fois que la demande de monnaie augmente, la Réserve fédérale devrait y répondre en augmentant l’offre de monnaie afin de maintenir la stabilité économique.
Certains commentateurs estiment que l’absence d’un mécanisme flexible permettant de coordonner la demande et l’offre de monnaie est la principale raison pour laquelle un étalon-or conduit nécessairement à l’instabilité. Ils estiment que la quantité d’or n’augmente pas suffisamment rapidement par rapport à la croissance de la demande de monnaie résultant de l’expansion économique. D’après un article publié par Business Insider le 15 juin 2011 :
« Le problème fondamental est que la quantité disponible d’or n’est pas corrélée à la quantité de biens et de services produits…du fait de cette situation de rareté de la monnaie, les prix sont poussés à la baisse, ce qui décourage les agents économiques de produire davantage de biens et services. La croissance économique est donc asphyxiée.
La raréfaction de la monnaie cause le plus grand tort à ceux qui en ont le moins. Par le passé, la rigidité du système monétaire a contribué à une insuffisance chronique de croissance économique dans de nombreux pays moins développés à travers le monde. Depuis les années 1970, nous avons l’un des systèmes monétaires les plus flexibles que le monde ait connus, et beaucoup de ces pays ont prospéré. Avec un système monétaire flexible, davantage de monnaie peut être créée pour accompagner la croissance économique à un rythme plus soutenu. »
A quoi correspond la demande monétaire ?
Un bien n’est pas désiré pour lui-même, mais plutôt pour le service sous-jacent qu’il procure. Par exemple, la demande des consommateurs pour les produits alimentaires découle du fait qu’ils fournissent les nutriments nécessaires à la vie et au bien-être.
De la même manière, la demande de monnaie résulte des services qu’elle rend. Cependant, au lieu d’être directement consommée, la monnaie est demandée par les individus afin d’être échangée ultérieurement contre d’autres biens et services. Il convient de noter que la monnaie ne peut pas être consommée ou utilisée directement dans le processus de production. Comme l’écrit Rothbard :
« La monnaie, en tant que telle, ne peut pas être consommée directement et ne peut être servir d’intrant dans le processus de production. La monnaie est donc en elle-même improductive, elle n’est qu’un stock inerte et ne produit rien. »
Le service fondamental que procure la monnaie est simplement celui de moyen d’échange. La monnaie, en tant qu’intermédiaire des échanges, facilite la circulation des biens et des services entre les producteurs et les consommateurs. Grâce à elle, toutes sortes de biens peuvent se diffuser sur le marché et s’échanger indirectement contre une variété d’autres biens qui serait inimaginable dans une économie de troc. Ce qui rend cela possible, c’est le fait que la monnaie est une marchandise universellement demandée.
Une augmentation générale de la demande de monnaie due, par exemple, à une augmentation de la production globale de biens, ne signifie pas que les individus prévoient seulement de thésauriser de la monnaie sans l’utiliser. La principale raison pour laquelle les agents économiques cherchent à obtenir de la monnaie est de pouvoir l’échanger ultérieurement contre les biens et services qu’ils désirent. Par conséquent, une augmentation de la demande de monnaie ne peut permettre d’absorber une augmentation correspondante de l’offre de monnaie, comme c’est le cas pour d’autres catégories de biens.
Encore une fois, une augmentation de la production de pommes peut tout à fait être absorbée par une augmentation de la demande de pommes (et donc de la consommation de pommes). Ainsi, une hausse de 5% de la production de pommes peut être entièrement absorbée par une augmentation de 5% de la consommation de pommes.
Cependant, on ne peut pas en dire autant d’une augmentation de l’offre de monnaie en réponse à une hausse de la demande de monnaie. En effet, contrairement aux autres catégories de biens, la monnaie n’est pas demandée pour elle-même, en vue de la conserver, mais dans l’objectif de l’échanger contre d’autres biens.
Si l’offre de monnaie augmente de 5%, cette monnaie supplémentaire ne sera jamais retirée du circuit économique, même si en parallèle la demande de monnaie augmente de façon équivalente. Par conséquent, augmenter l’offre de monnaie en réponse à une hausse correspondante de la demande de monnaie déclenchera les mêmes effets pernicieux que ceux associés habituellement à une augmentation artificielle de l’offre monétaire.
L’inflation monétaire implique l’échange de monnaie crée ex nihilo contre des ressources réelles, alimentant des cycles d’expansion-récession aux conséquences dévastatrices.
Ce que les consommateurs veulent réellement, c’est du pouvoir d’achat, et non l’argent en lui-même
De plus, lorsque nous évoquons la « demande de monnaie », ce dont il est vraiment question, c’est du pouvoir d’achat qu’elle procure. Après tout, les consommateurs ne souhaitent pas simplement avoir davantage d’argent dans leurs poches, mais plutôt un plus grand pouvoir d’achat de biens et services. Comme l’écrit Mises :
« Les services que l’on peut se procurer grâce à la monnaie dépendent du niveau de son pouvoir d’achat. Personne ne souhaite détenir un nombre précis ou un poids défini de de pièces de monnaie. Ce que nous voulons, c’est disposer d’une réserve de liquidités correspondant à un montant précis de pouvoir d’achat. »
Tout comme pour les autres biens, la valeur de la monnaie est déterminée par l’offre et la demande. Par conséquent, toutes choses égales par ailleurs, si la quantité de monnaie diminue, son pouvoir d’achat augmente. A l’inverse, en cas d’augmentation de la quantité de monnaie, son pouvoir d’achat diminuera.
Dans le cadre d’un marché libre, il ne peut y avoir « trop » ou « trop peu » de monnaie. Tant que le marché est autorisé à s’autoréguler, aucune pénurie ni aucun excédent de monnaie ne peut apparaître. Selon Mises :
« Puisque le marché fixe naturellement le pouvoir d’achat de la monnaie au niveau d’équilibre entre l’offre et la demande, il ne peut jamais y avoir d’excédent ni de pénurie de monnaie. Chaque individu, la population dans son ensemble, bénéficie pleinement des avantages que procure la monnaie en tant qu’intermédiaire des échanges, quelle que soit l’offre totale de monnaie en circulation, qu’elle soit grande ou petite. Les services rendus par la monnaie ne peuvent être améliorés en en modifiant la quantité. L’offre de monnaie disponible dans l’ensemble de l’économie est toujours suffisante pour permettre à chacun d’entre nous de bénéficier de tous les avantages que l’utilisation de la monnaie est capable de procurer. »
Ainsi, dans une économie de marché libre et non entravée, en l’absence d’intervention de la banque centrale, il n’est pas nécessaire de se préoccuper du soi-disant taux de croissance « optimal » de l’offre de monnaie. Toute quantité de monnaie remplira la fonction attendue de la monnaie, c’est-à-dire jouer le rôle de moyen d’échange.
Conclusion
Si la Réserve fédérale devait répondre à une augmentation de la demande de monnaie par davantage d’inflation monétaire, cette « adaptation » devrait être en réalité considérée comme une augmentation effective de l’offre de monnaie. Toute « adaptation » de la Fed entraîne une augmentation artificielle de la quantité de monnaie en circulation, conduisant à des cycles destructeurs d’expansion-récession et à un appauvrissement de la population. Dans une économie de marché libre, sans intervention de la banque centrale, toute quantité de monnaie fixée par le marché correspond nécessairement à la quantité appropriée, et il n’est pas nécessaire de surveiller ou de contrôler cette quantité.
Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.