Pourquoi la Fed est-elle si pressée de baisser ses taux durant une surchauffe, avant même tout signe de ralentissement ?
La banque centrale américaine évoque un futur assouplissement monétaire, alors qu’il n’y a aucun signe de ralentissement économique. Tous les actifs sont grossièrement surévalués. Les déficits publics sont devenus hors de contrôle. Tout est en place pour la prochaine crise, celle des grandes devises.
Le 24 février dernier, Warren Buffett a publié sa lettre aux actionnaires. C’est un événement annuel que le mythique gérant du fonds Berkshire perpétue depuis 1965.
Cette année, sa lettre était un brin nostalgique et triste. En résumé : « Charlie Menger me manque. Nous avons fait ensemble un superbe parcours, nous continuerons à faire de notre mieux et à maintenir les remparts de notre forteresse patrimoniale mais, à partir de maintenant, cela ne va pas être facile.«
En 1965, Charlie Munger a donné ce conseil à Warren Buffett qui, selon ce dernier, a changé sa vie professionnelle :
« Recherchez des entreprises extraordinaires à un prix correct et renoncez à acquérir des entreprises correctes à des prix extraordinaires. Dit autrement, renoncez à tout ce que vous avez appris de votre héros, Benjamin Graham. Ça fonctionne, mais seulement à petite échelle. »
Tom Dyson, notre analyste, confesse que dans sa jeunesse, sa famille s’amusait de son côté pingre. « Mais que dire ? J’ai toujours aimé le trading. Trouver de la valeur est une habitude profondément ancrée chez moi. Je ne connais pas d’autre méthode, donc bien sûr, j’ai tendance à investir de cette façon… je suis toujours en train de chercher des mégots de cigare sur le trottoir ou des pièces dans les monnayeurs. »
Devrions-nous au contraire rechercher des entreprises extraordinaires ?
Peut-être. Cela ne peut pas faire de mal d’avoir quelques grands noms en portefeuille. Mais l’enjeu maintenant est que TOUS LES ACTIFS SONT CHERS, à des prix formidables.
Il n’y a pas d’entreprises extraordinaires à un prix honnête. Costco, par exemple, se négocie 51 fois ses résultats. Walmart vaut 31 fois ses résultats. Et Coca-Cola 34 fois, comme LVMH, le spécialiste mondial du luxe.
Il doit rester quelques bonnes entreprises qui se négocient à un prix correct, mais pas beaucoup. Même dans la poubelle des marchés, on ne trouve actuellement rien d’excitant. Tous les amateurs ont déjà ramassé ce qui avait encore un peu de valeur.
La meilleure stratégie, l’ultime stratégie « contrarienne » selon nous, consiste à ne pas forcer la chance, mais à attendre – avec principalement des liquidités et des métaux précieux – la renverse de la marée qui arrivera tôt ou tard.
Tous les investisseurs, y compris Warren Buffett, s’accordent pour dire que « gagner beaucoup d’argent ne se fait pas en achetant ou en vendant, mais en attendant« .
Encore des envolées d’actions
Fin février, Tom Dyson nous disait que la bulle Nvidia, celle de l’intelligence artificielle dont le fabricant de puces est le symbole, culminait. La valeur cotait alors 746 $. Mais circonscrire le marché à court terme est un exercice très difficile qui fonctionne rarement. Après avoir baissé de près de 10% à 674 $, le cours de Nvidia a repris sa croissance et cote maintenant plus de 850 $. Une autre valeur de ce secteur, SMCI, a également été malmenée au même moment.
La plupart des investisseurs considèrent probablement ces mouvements comme la simple volatilité d’un secteur en surchauffe. Ils « achètent dans les creux », comme on dit.
Début mars, Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, se présentait devant le comité des banquiers pour répondre à leurs questions. Powell a laissé entendre que l’inflation était désormais dans le rétroviseur et que la banque centrale n’était plus très loin de baisser ses taux.
« Si l’économie évolue globalement comme prévu, il sera vraisemblablement approprié de commencer à desserrer notre politique monétaire restrictive à un moment cette année.«
De notre point de vue, un assouplissement monétaire n’a pas de sens. Les marchés actions continuent à monter. Pas seulement les valeurs du secteur des semi-conducteurs ou les technologiques mais aussi celles de l’assurance, des transports, de l’industrie, les moyennes et petites capitalisations.
Le bitcoin, Nvidia, l’or, les actions japonaises, l’essence, les obligations d’entreprises bien notées… Tout monte. L’économie américaine tourne à plein régime. Et les derniers indices de hausse des prix montraient une accélération.
Pourquoi la Fed est-elle si pressée de baisser ses taux durant une surchauffe, avant même tout signe de ralentissement ?
Un empressement suspect pour le prochain relâchement monétaire
Souvenons-nous de la « règle d’or » : la Réserve fédérale existe pour faire en sorte que le gouvernement ait l’air solvable.
Le gouvernement fédéral américain est en faillite. Les prêteurs étrangers perdent patience et reviennent sur leur engagement de financer les émissions du Trésor qui semble perdre le contrôle de la situation.
Récemment, le Trésor américain a décidé de se financer exclusivement avec des prêts de court terme (moins d’un an). C’est l’équivalent de recours aux cartes de crédit pour surmonter une mauvaise passe. Dans le même temps, le gouvernement ne montre aucun désir de réfréner ses dépenses.
Le gouvernement affrontant une dette gigantesque, la Réserve fédérale doit maintenir les coûts des intérêts les plus bas possibles, spécialement à court terme.
Une économie tard dans son cycle d’expansion, ayant besoin de financements étrangers, qui tourne à plein régime, avec des taux d’intérêt manipulés à la baisse, une masse monétaire croissante, une gigantesque pile de dettes, des indices des prix en hausse, des actifs grossièrement surévalués, des dépenses publiques hors de contrôle et une devise chère…
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