▪ Le mois boursier de novembre s’est achevé vendredi dernier sur une performance de haute volée. Le CAC 40 et l’EuroStoxx 50 étaient encore en lice jeudi dernier pour un gain de 5% par rapport à la précédente séance des "Trois sorcières" du 16 octobre dernier.
Le CAC 40 se contente de +4,6%… mais c’est déjà inespéré. C’est nettement supérieur aux 3,6% à 3,8% des indices américains, une performance intégralement acquise la semaine dernière, c’est-à-dire dans un contexte "post-attentats" avec la perspective de basculement géopolitiques majeurs au Proche-Orient. Certains alliés des Etats-Unis y sont en effet clairement mis en cause — avec des preuves souvent accablantes — dans le soutien objectif aux organisations terroriste islamistes en générale et à l’EI en particulier.
Un monde plus incertain, plus dangereux, moins porté par la croissance (tous les grands instituts internationaux ont révisé leurs objectifs à la baisse pour 2016)… mais des actions qui alignent une septième semaine positive sur une série de huit.
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Le Nasdaq affichait vendredi une performance annuelle de +8%. Il y a fort à parier que ce score va être défendu jusqu’à mercredi afin de soutenir le "sentiment de richesse"… des 1% les plus riches.
Car l’an passé, Wall Street s’était envolé de 12% entre la mi-octobre et Thanksgiving sans que cela ne dope les ventes de la fin novembre (qui incluent le Black Friday et le Cyber Monday).
Même la chute verticale du prix des carburants au mois de novembre 2014 n’avait pas provoqué l’orgie de consommation que les experts promettaient. Thanksgiving avait été un cru assez médiocre malgré un "alignement des planètes" qui ne souffrait aucune contestation.
Le lien entre la bonne santé de Wall Street — ou des marchés obligataires — et la hausse de la consommation s’est désagrégé depuis longtemps |
▪ Les indices US s’essoufflent
Le lien entre la bonne santé de Wall Street — ou des marchés obligataires — et la hausse de la consommation s’est désagrégé depuis longtemps.
Le Nasdaq domine les débats avec un gain annuel de 8% ; le Dow Jones se débat encore pour se maintenir à flot, avec une performance de +0,5% depuis le 1er janvier.
Le Dow ou le S&P 500 ont par ailleurs bien du mérite à gagner du terrain cette année avec la première contraction des bénéfices et des chiffres d’affaire depuis 2009, sans oublier un dollar au zénith et dont la dernière poussée de fièvre la semaine dernière — en direction des 1,0640/euro — semble même avoir stimulé l’appétit pour le risque.
Le Nasdaq revient tutoyer ses records absolus du printemps et du milieu de l’été. Il semble évoluer sur une autre planète… mais véhicule une vision boursière idyllique qui est loin de refléter le vécu de la plupart des actionnaires. Plus de 50% des introductions en bourse s’avèrent perdantes et un nombre non négligeable d’IPO ont été reportées depuis la rentrée.
La performance du Nasdaq serait tout simplement nulle sans la présence providentielle du ‘Triple A" |
La performance du Nasdaq serait tout simplement nulle sans la présence providentielle du ‘Triple A" — un acronyme constitué d’Apple (+15%), d’Alphabet (ex-Google avec +56%), et surtout d’Amazon (+130% depuis le 1er janvier et qui affiche un PER frôlant les 1 000).
▪ Ralentissement des échanges
Ce trio magique se rit des vents contraires soufflant sur la conjoncture mondiale : l’indice global des matières premières (le CRB) est tombé la semaine dernière au plus bas depuis 1999. Quant au Baltic Dry Index, qui suit le coût du transport de minerais et autres matières sèches, il retraçait des planchers jamais revus depuis 1985.
C’est la marque d’un ralentissement des échanges de biens et matériaux seulement comparable à celui observé à la mi-2009. La production mondiale continue de croître en volume mais beaucoup plus lentement ; les capacités excédentaires entretiennent une pression déflationniste.
Le même phénomène vaut pour le pétrole, avec une production de pétrole de schiste qui ne dégonfle pas. Moins de puits en exploitation mais des débits plus importants dans le cadre d’une optimisation de la production : cela entretient bien une pression déflationniste sur les coûts énergétiques.
Alors si les banques centrales ne savent plus comment relancer l’inflation… au lieu de se racheter entre elles des instruments obligataires, faute de pouvoir trouver du "papier" sur le marché secondaire (de plus en plus asséché et illiquide), pourquoi ne se mettraient-elles pas à acheter du pétrole, du cuivre, du manganèse, du fer et de l’uranium ?
Après tout, la Fed a bien acheté des kilotonnes de créances hautement radioactives de 2008 à 2014… et la Banque du Japon achète depuis deux ans des actions dont elle fait elle-même délibérément grimper les cours.
Le véritable problème, c’est que les banques centrales étant les seules à "faire le prix", cela ne s’appelle plus un marché… Donc sans marché, il n’existe plus de prix qui ait un sens !