La lâcheté est un sous-thème de nos Chroniques depuis quelques jours. La Fed nous fournit une illustration parfaite. Au lieu d’admettre le gâchis qu’elle a commis avec la dette, elle se cache derrière un mythe idiot et superficiel — selon lequel elle peut protéger l’économie avec des taux d’intérêt planifiés de manière centrale.
Désormais — en grande partie à cause de sa propre mauvaise gestion — le monde est profondément endetté, avec bien trop de gens partout dans le monde qui gagnent bien trop peu de revenus pour rembourser.
Chaque prêt est équipé d’une mèche. Le monde a désormais 200 000 milliards de dollars de dette… et une boîte pleine d’allumettes à portée de main. Le Brexit n’en est qu’une parmi d’autres. Tôt ou tard, ce sera un déluge de flammes.
Mme Yellen fait semblant de ne pas s’en apercevoir ; elle ne prend pas de risques. Il est intéressant d’observer la réaction des marchés. Jusqu’à présent, chaque fois que la Fed a échappé à son destin, les investisseurs ont acheté des actions : ils prévoyaient une hausse des cours pour célébrer l’arrivée d’argent facile.
Pas cette fois-ci. Il y a quelques jours, Janet Yellen est revenue sur son engagement à augmenter progressivement les taux… et a fortement laissé entendre que les taux pourraient rester bas encore longtemps.
Au lieu de grimper suite à cette nouvelle, le Dow Jones a enregistré son cinquième jour de déclin — consécutif.
Magie mythique
Oui, cher lecteur, on dirait bien que la politique de taux zéro a de la Fed a fini par perdre sa magie mythique.
On trouve désormais 10 000 milliards de dollars d’obligations gouvernementales s’échangeant à des rendements négatifs. Les profits des entreprises chutent. La productivité chute. Même avec des taux d’intérêt à un plancher de 5 000 ans, la croissance du PIB US chute depuis quatre trimestres… et se trouve peut-être déjà sous le zéro.
Et ce n’est qu’aux Etats-Unis.
L‘Union européenne se décomposera au fil du temps, tôt ou tard et d’une manière ou d’une autre |
L’Europe se traîne tout juste… et la Grande-Bretagne pourrait déserter l’Union européenne la semaine prochaine. Selon notre vieil ami Rob Marstrand :
« Je pense que l’Union européenne se décomposera au fil du temps, tôt ou tard et d’une manière ou d’une autre. En termes d’investissement, il y aura des gagnants et des perdants dans ce processus, c’est donc une chose qu’il faut surveiller.
Selon le sondage Pew, la majorité de la population en Grande-Bretagne, Grèce, France et Espagne a une opinion défavorable de l’Union européenne. Et l’opinion en Allemagne et dans les Pays-Bas n’est que légèrement favorable à l’Union européenne ».
Qui prend le relais ?
Parallèlement, les problèmes de la Chine vont croissant.
Tandis que le monde entier augmente la dette en tentant de stimuler la « demande » des consommateurs… la Chine de son côté augmente la dette pour stimuler la « capacité » — de manière à pouvoir fabriquer plus de choses pour des étrangers qui ne peuvent pas les payer.
Officiellement, les banquiers centraux chinois ont annoncé leur propre vision de l’amor fatum. On ne peut pas régler un problème causé par le surinvestissement en fournissant plus de capitaux d’investissement bon marché, ont-ils affirmé.
A les entendre, on croirait qu’ils sont prêts à se détourner des erreurs et omissions du passé… et pourtant, les banques continuent de prêter et les fabricants continuent de fabriquer.
Déjà, il n’y a pas assez de demande dans le monde entier pour absorber toute cette capacité, dit Richard Duncan, rédacteur en chef du service de conseils MacroWatch.
Et il n’y a aucune chance que le marché local prenne le relais. Les Chinois ne peuvent pas se permettre d’acheter plus de choses, eux non plus. Le salaire moyen dans l’Empire du Milieu est de seulement 8,13 $ par jour — bien trop peu pour nourrir une augmentation significative de la demande interne.
Que se passera-t-il ensuite ? Quel fatum nous attend ?
A suivre !