Depuis vingt ans, Washington arrose l’économie d’argent facile. Résultat : une croissance gonflée à la dette, un dollar qui s’effondre et des ménages à bout de souffle.
« Nous vivons dans un monde froid, très froid. » – Nicole Scherzinger
Les pièces du puzzle se mettent peu à peu en place.
Avec les élections d’hier, les New-Yorkais ont tenté d’échapper à un fantasme toxique pour se jeter tête baissée dans un autre. Ils quittent le caldarium – ce bain brûlant fait de sanctions, de droits de douane et de navires de guerre – pour plonger dans le frigidarium des discours socialistes apaisants, du contrôle des loyers et des supermarchés gérés par l’Etat.
Mais qu’ils soient de gauche ou de droite, tous partagent le même mythe : celui de la croissance. Elle effacera le poids de la dette, disent-ils. Elle créera des emplois. Elle permettra aux Etats-Unis de rester numéro un…
Mais cela n’arrivera pas.
Depuis que les autorités fédérales ont commencé à « stimuler » agressivement l’économie avec des taux d’intérêt artificiellement bas et des montagnes de monnaie factice, la croissance réelle n’a cessé de ralentir. Plus de 6 % dans les années 1960… environ 3 % dans les années 1990… et à peine 1,6 % en rythme annuel pour le premier semestre de cette année.
La première question que devraient se poser les décideurs politiques est donc simple : pourquoi continuer ? Pourquoi inonder l’économie d’argent bon marché alors que cela n’aide en rien l’Amérique profonde ?
Question naïve, certes. On partirait du principe que nos dirigeants ont de bonnes intentions. Mais nous vivons dans un monde cruel.
Car ceux qui tiennent les rênes – la Fed en tête – se soucient de l’économie de Wall Street, pas de celle de l’économie réelle. La première est celle où les riches et les puissants s’enrichissent encore. La seconde, celle où le peuple travaille, transpire, dépense… et s’endette.
A la fin des années 1980, la doctrine des « effets de richesse » a gonflé comme une carcasse flottante. L’idée ? En abaissant les taux, la Fed donnerait aux propriétaires le sentiment d’être plus riches, les poussant ainsi à consommer davantage. Mais jamais aucune preuve solide n’est venue étayer cette théorie. Une étude du marché immobilier a même montré que la baisse des prix n’avait pas modifié les habitudes des ménages.
En revanche, une véritable hausse de la richesse incite bien sûr à dépenser davantage… jusqu’à un certain point. Ainsi, comme la théorie du ruissellement ou la fameuse courbe de Phillips, les « effets de richesse » ont servi d’alibi commode au gouvernement.
Notre hypothèse aujourd’hui ? Ces politiques ont produit l’effet inverse : un effet de pauvreté.
Aussi dérisoire soit-elle, la croissance du PIB provient en grande partie des dépenses liées à la bulle de l’IA. Comme le note David Stockman : au premier semestre 2025, le PIB réel n’a augmenté que de 1,6 % par an, mais près de 80 % de cette hausse vient des dépenses massives consacrées aux centres de données et aux puces électroniques dans le cadre de l’engouement pour l’IA.
Même cette estimation surestime sans doute la réalité. Notre gérant vedette, Chris Mayer, enfonce le clou : selon Bloomberg Intelligence, sur les 20 000 milliards de dollars de croissance du PIB américain depuis 2000, environ 7 700 milliards – soit 36 % – correspondent à des dépenses liées à la reprise après des catastrophes ou à la préparation à celles-ci. Autrement dit, ce n’est pas de la croissance.
Et ce n’est pas tout…
Le dollar a perdu la moitié de sa valeur depuis 1999. Le PIB est passé de 10 000 à 30 000 milliards de dollars, mais en termes réels, il ne vaut plus qu’environ 15 000 milliards de dollars d’époque 1999. Mesuré en or, le constat est encore plus sombre : au lieu de 38 milliards d’onces, l’économie américaine n’en vaut plus que 7,5 milliards – moins d’un quart.
Que faut-il en conclure ? Peut-être que l’or est surévalué. Ou peut-être pas. Mais le tableau est clair : cette croissance est un mirage.
Prenons un exemple simple : vous comptez acheter une maison l’an prochain. La Fed baisse les taux hypothécaires. Séduit, vous achetez dès maintenant. L’opération s’ajoute au PIB. Mais vous n’avez rien cré : vous avez seulement emprunté sur le PIB de l’année suivante.
Et pendant ce temps, les Américains perdent le contrôle de leur dette alors que les impayés explosent et que les coûts d’emprunt étouffent les ménages. Selon la Fed de New York, la dette des ménages a atteint 18 400 milliards de dollars au deuxième trimestre 2025, tandis que la dette fédérale dépasse pour la première fois 38 000 milliards. En 1999, la dette publique et privée cumulée ne s’élevait qu’à 10 000 milliards. Aujourd’hui, 56 000 milliards.
Cela signifie que 46 000 milliards de dollars de croissance ont été achetés à crédit.
Mais acheter n’est pas payer. Les maisons, les voitures, les vacances – tout cela a été livré… mais non réglé. Et quand on déduit la dette, la valeur de ces achats s’effondre. Le vrai PIB n’est pas celui que l’on dépense. C’est celui que l’on gagne.
Nous ne connaissons pas la valeur réelle du PIB américain. Mais une chose est sûre : elle est bien plus basse que ce qu’on veut nous faire croire.

1 commentaire
Oui et cette analyse est applicable à l’Europe et particulièrement à la France. Le développement économique de l’Occident au-dessus du monde, deux siècles, arrive à sa fin. Le « Tiers Monde » s’est développé. La concurrence scientifique, technique, économique, financière est devenue considérable. C’est la mondialisation. Il faut partager le développement, c’est à dire, pour l’Occident, le réduire relativement et absolument.