** Un lecteur australien se pose des questions à notre sujet :
* "Cela fait longtemps que vous parlez de votre ‘Transaction de la décennie’, qui consiste à acheter de l’or. Faut-il que nous en entendions encore parler jusqu’à la fin de la décennie en question ?"
* "Oui", répondons-nous — à moins que l’or baisse et que les actions grimpent. A ce moment-là, nous oublierons toute mention de l’or.
* Mais nous pensons que c’est assez peu probable.
* Tout de même, notre collègue de Melbourne, Dan Denning, pense que nous avons un problème, à La Chronique Agora.
* "La majeure partie des choses prédites par notre ligne éditoriale (vieille de près de 10 ans, maintenant) s’est produite", écrit-il. "Et maintenant ?"
* "… les lecteurs se lassent de nos thèmes… ils veulent un vrai dénouement. Sauf que ce dénouement va prendre du temps. Donc même si nous devons en parler au jour le jour, je pense que nous devrions leur offrir un aperçu du prochain épisode. C’est-à-dire que si l’on suit les dominos de la crise du crédit… ils mènent tout droit à l’état-nation lui-même".
* "Cela déclenche toute une chaîne de conséquences géopolitiques intéressantes qui sont une véritable mine d’or pour nous"…
** Donc : et maintenant ?
* Les repères simples ont été atteints — l’or à 1 000 $, le pétrole à 100 $. Les actions ont chuté (même si le Dow est encore à peu près au même niveau ; en termes nominaux, les actions ne sont allées nulle part). Et le dollar a baissé de manière significative par rapport à l’euro.
* Qu’est-ce qui nous attend, désormais ? Nous n’en savons rien. Mais notre vision des choses n’a pas changé. Et elle n’est pas encore parvenue au dénouement.
* Selon nous, les marchés font l’opinion, non l’inverse. En d’autres termes, les gens en viennent à penser ce qu’ils doivent penser pour jouer leur rôle dans le grand drame. Les Etats-Unis sont devenus un gigantesque empire. Tous les empires sont des choses extraordinaires… fragiles et condamnées à la ruine. Lorsque l’Union soviétique a jeté l’éponge, les Etats-Unis se sont retrouvés sans grand rival. Dans la mesure où les empires ne peuvent pas durer, et puisqu’il n’avait pas de concurrents dignes de ce nom, l’Empire des Dettes devait trouver un moyen de se détruire lui-même.
* Ce n’était donc pas un accident si l’industrie financière a inventé la dette subprime… avant de la mettre dans ses propres coffres. Pas plus que ce n’était un hasard si les ménages américains ont dépensé plus qu’ils ne pouvaient se le permettre. Ou que le Congrès se soit lancé dans les plus grandes dépenses de son histoire. Ou que George W. Bush ait embarqué son pays dans une guerre incroyablement inutile et coûteuse, gaspillant littéralement non seulement le crédit de la nation… mais également son avantage militaire.
* Pendant ce temps, la fièvre des Américains à dépenser de l’argent qu’ils n’avaient pas pour acheter des choses dont ils n’avaient pas besoin a causé un boom énorme dans des endroits où ils n’avaient jamais mis les pieds. Les Asiatiques ont construit des usines, des routes et des villes entières avec l’argent obtenu en vendant des gadgets aux Occidentaux. Les Arabes ont installé des pistes de skis dans le désert… et des villes situées sur des îles artificielles. Même les anciens ennemis des Etats-Unis — la Russie — ont amassé l’une des plus grosses piles de réserves de dollars, et ont vu leurs salaires multipliés par six au cours des huit dernières années. Ces concurrents étrangers ont augmenté leur savoir-faire, leur épargne et leur capital — pendant que les Etats-Unis détruisaient les leurs.
* Le drame est loin d’être terminé. Nous n’en sommes qu’au début. Les prochaines scènes devraient être encore plus intéressantes. Comme le démontre Addison Wiggin dans son livre (à paraître en France dans quelques mois), le dollar perdra son statut de devise de réserve mondiale — avec de possibles épisodes d’hyperinflation… La Chine et la Russie augmenteront radicalement leurs dépenses militaires — avec des moments dangereux, les Etats-Unis continuant d’essayer de jouer les gros bras… Les actions américaines chuteront, pour atteindre des valorisations plus réalistes — avec des PER sous les 10… tandis que le ménage américain moyen se retrouvera au même niveau, financièrement parlant, qu’une famille lambda en Lettonie ou en Malaisie, par exemple. Ensuite, les industriels asiatiques délocaliseront leur production dans une région où les salaires sont bas et la productivité élevée — en Arkansas, peut-être.
* Alors… restez à l’écoute !