Démocrates et républicains se renvoient la balle, Trump change de discours au gré des chiffres. Mais derrière ces querelles de façade, les mêmes artifices budgétaires perdurent… et la facture, elle, ne cesse de grimper.
Dans les collines autour de Gualfin, les mères célibataires sont la norme plutôt que l’exception. Demandez qui est le père, et les locaux vous répondront : « C’est le vent. »
Une forte brise a donc dû souffler fort sur le Potomac pour engendrer l’inflation de 2021-2022.
Démocrates et républicains se renvoient la responsabilité.
Les démocrates, observant les chiffres de l’inflation, y voient des traits bien connus : les épaules voûtées, le visage rebondi, la carrure imposante… Ils n’ont aucun doute : Donald J. Trump était à la Maison-Blanche au moment de la « conception ». Et tout le monde sait comment il s’y est pris pour faire le malin. Les républicains, eux, en sont certains : leur homme n’y est pour rien. Tout cela s’est produit sous la présidence de Joe Biden, et, assurent-ils, Trump était alors aussi chaste qu’un enfant de choeur.
Pendant ce temps, le vent continue de souffler de tous les côtés.
Scott Bessent, secrétaire au Trésor, a rassuré les investisseurs cette semaine :
« ‘Le gouvernement des Etats-Unis ne sera jamais en défaut de paiement’, a-t-il déclaré mardi devant le Congrès. ‘Nous relèverons le plafond de la dette et le Trésor n’aura recours à aucun artifice.’ »
Voyons voir, comment cela fonctionne-t-il ? Pas d’artifice ? Le relèvement du plafond de la dette n’apporte pas un centime de plus dans les caisses des Etats-Unis. En revanche, le relèvement du plafond de la dette permet aux autorités fédérales d’imprimer plus d’argent.
C’est une belle astuce, non ?
Et comment appelez-vous le fait de réduire votre propre dette en gonflant la monnaie dans laquelle elle est libellée ? On peut aussi blâmer le vent.
Beaucoup se plaignent des « perturbations » causées par l’équipe Trump. Mais ce que l’on observe – du moins dans les domaines qui comptent vraiment – c’est la continuité des pratiques. Les mêmes manipulations. Les mêmes illusions. Les mêmes artifices.
« Soyez patients », demande Trump.
La semaine dernière, Trump déclarait que le ralentissement économique n’était pas de son fait : « C’est l’économie de Biden, pas la mienne. » Mais dès le lendemain, après la publication de chiffres de l’emploi meilleurs que prévu, il s’est ravisé : finalement, cette économie, c’était peut-être bien la sienne.
Comme l’a rapporté The Irish Star :
« Trump fait volte-face après un bon rapport sur l’emploi : ce n’est plus l’économie de Biden. »
Les factions politiques s’attribuent les mérites lorsqu’elles le peuvent, et lorsque les politiques mènent inévitablement à des problèmes, elles en nient la paternité.
Trump, lui, espérait voir la Réserve fédérale ressortir son tour favori : une baisse des taux d’intérêt. Il a même appelé Jerome Powell à passer à l’action.
Bien sûr, baisser les taux à court terme ne rend pas les entreprises plus solides ni plus rentables. Au contraire, cela pousse souvent les dirigeants à s’endetter davantage ou les trompe avec des chiffres de ventes gonflés par un crédit trop facile.
Mais sur les marchés boursiers, l’astuce fait toujours son effet : les cours s’envolent généralement.
Pourtant, Jerome Powell, pris sous le feu des attaques répétées de Trump, ne devrait pas s’y risquer cette fois.
Comme l’explique MarketWatch :
« Les attaques incessantes de Trump contre le président de la Fed, ses moqueries et surnoms dignes d’une cour d’école, rendent presque impossible pour Powell et ses collègues de baisser les taux lors de leur réunion de demain, même s’ils le souhaitaient. Une telle décision serait perçue comme une reddition face aux pressions de la Maison-Blanche. »
Quant aux chiffres de l’emploi, ils ne sont pas exempts, eux non plus, de trucages et d’approximations.
Imaginons que Trump décrète que chacun doit avoir un emploi. On distribue alors des pelles aux chômeurs en leur disant de creuser… Le taux de chômage tombe à zéro. Serait-ce une bonne chose ? Evidemment, non. Tout dépend de ce que les gens font et de ce qu’ils perçoivent en retour.
Un emploi est censé vous permettre de subvenir à vos besoins et de contribuer à votre communauté. Mais aujourd’hui, de nombreux « employés » sont des travailleurs à temps partiel ou des précaires dans des secteurs sous-payés.
Le rapport Living Wage for US le souligne :
« Aujourd’hui, plus de la moitié des travailleurs américains ne gagnent pas assez pour vivre décemment et subvenir aux besoins de leur famille. »
Et qu’en est-il d’un fonctionnaire du Pentagone ou d’un employé du Congrès ? Ils sont bien considérés comme « employés », et même très bien payés. Embauchez plus de gens comme eux, et vous ferez baisser le chômage… Mais ces postes ne créent pas de richesse : ce sont des centres de coûts, pas des moteurs de croissance.
Et pendant ce temps, on continue de parler d’artifices.
Le fameux « grand et beau projet de loi », autrement dit le budget fédéral, est en cours d’examen au Congrès. Les républicains promettent des « réductions de dépenses », mais dans les faits, chaque réduction est aussitôt compensée par de nouvelles hausses.
Au final, ce budget ressemble à tous ceux qui l’ont précédé depuis le début du siècle : trop de dépenses, trop peu de recettes.
Le pays file tout droit vers la faillite.
A ce moment-là, les pères de Washington accuseront le vent.
Et nous, comme toujours, les citoyens américains paieront les pots cassés.
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TRUMP, UN SOCIALISTE ?
En réalité Trump pourrait être un socialiste. Un socialiste aux USA, une monstruosité impossible à imaginer. Finalement c’est peut être arrivé : Trump est une version socialiste du capitalisme, ou une version capitaliste du socialisme.
Le Protectionnisme douanier, c’est-à-dire l’interventionnisme de l’état dans le domaine économique et le contrôle des échanges commerciaux, qui est reproché à Trump par une presse occidentale indignée est à l’évidence une politique qui a déjà été suivie pendant plusieurs décennies dans les pays communistes. C’est aussi une politique qui est une réalité, de manière déguisée, par toute une règlementation-reine, dans la Communauté Européenne.
Le « Libre Échange » si vanté par les médias occidentaux et dont Trump est accusé de piétiner les bienfaits existe-t-il dans la CEE ? Seulement à condition de se conformer à ses innombrables règlements.
Trump n’est pas le seul en Occident et encore moins dans le monde à règlementer et à taxer !
La Chine, l’Europe s’indignent : Trump fait du Protectionnisme, car il régente le commerce des USA à l’international. Magnifique hypocrisie : Les gouvernants de la Chine et de l’Europe ne cessent pas de régir leurs propres activités industrielles et commerciales et nécessairement celle des autres.
Une évidence : Protectionnisme ou Libre Échange, deux aspects d’une même guerre : celle industrielle et commerciale.
Pourquoi le Socialisme, cette horreur interventionniste dans le libre jeu des capitalistes, est-il apparu aux USA ? Parce que le capitalisme ne profitait plus aux classes moyennes mais seulement aux riches. C’est une histoire connue qui se répète, de manière un peu différente, mais semblable.
Il est vrai que Trump n’a aucun succès auprès des socialistes européens. Ne cherchez pas : ils n’ont pas les mêmes valeurs « morales ». Trump est de ce point de vue « réactionnaire. ». Ce que les socialistes européens n’ont pas compris, ou font semblant de ne pas comprendre, c’est que leurs « valeurs morales » ont été dictées depuis un demi-siècle par et pour le Profit de quelques-uns. Par quelques Grands Marchands qui se donnaient ainsi, grâce à de nombreux Idiots Utiles, les apparence d’un « progressisme » populiste. « Les Idées larges » sont surtout des idées profitables.
Une certitude : Trump n’est peut être pas socialiste, mais il n’a pas fini de tromper et de modifier sa politique en fonction des circonstances. Si à chaque fois que Trump lance une provocation, dans le genre annexion du Canada, les journalistes montent au créneau, ils n’ont pas fini d’écrire tout et n’importe quoi.
Ce n’est sans doute pas un hasard, mais aussi une politique.