L’homme de l’année selon le Times serait-il aussi l’artisan involontaire du déclin de l’hégémonie américaine ?
Dans tout le bruit et la fureur des déclarations de M. Trump, il n’est guère fait mention du véritable défi.
Quelques semaines seulement après le début de la seconde tentative de Donald Trump de gouverner les Etats-Unis, tout ce à quoi nous nous attendions arrive… et plus encore !
Se débarrasser des programmes pour la diversité et l’équité, abandonner la transition énergétique, fermer des ministères et licencier des fonctionnaires fédéraux, gracier Ross Ulbricht… Oui, ce sont des choses positives, selon moi.
« Il est temps qu’elle meure », a déclaré Elon Musk à propos de l’USAID, l’agence pour le développement international. Il a dit que celle-ci « promeut la démocratie » en sapant les élections, en organisant des changements brutaux de régime, en diffusant de la propagande, et en distribuant des milliards de dollars à ses amis contractants. Elle aurait dû être mise à mort il y a longtemps. Et il y a beaucoup d’autres agences qui devraient être supprimées en même temps qu’elle.
Mais il y a aussi des zones d’ombre : les guerres commerciales, les guerres de la drogue, le Panama, le Groenland et maintenant Gaza ! Les interdictions, les prohibitions, les sanctions, les taxes douanières et les accords perdant-perdant qui n’ont pas de sens réel.
Voici le dernier en date :
« Trump ordonne la création d’un fonds souverain américain
Le président Trump a pris lundi les premières mesures en vue de la création d’un fonds d’investissement détenu par le gouvernement, en chargeant les directeurs du département du Trésor et du département du Commerce d’entamer le processus de création d’un fonds souverain américain. »
Euh…
Ne faut-il pas un peu de richesse pour créer un « fonds de richesse » ? La Norvège l’a fait avec l’argent du pétrole de la mer du Nord. La Chine a créé un fonds de mille milliards de dollars grâce à ses excédents commerciaux.
D’où viendra la richesse des Etats-Unis ? Le gouvernement accuse des déficits, la balance commerciale des Etats-Unis est négative, et elle possède près de 37 000 milliards de dollars d’anti-richesse… c’est-à-dire de dette.
Quel que soit le ballon sur lequel M. Trump a les yeux rivés, ce n’est pas celui qui compte. Dans tout le bruit des déclarations de Trump, il est à peine question du défi le plus important : éviter une crise fiscale.
Mais ce qu’il y a de bien avec Donald Trump et l’air frais de son administration, c’est que son avidité est transparente. Presque tout ce qu’il dit est un mensonge, une erreur ou une simple absurdité. Mais il ne s’embarrasse pas d’un discours sur « l’Etat de droit », la Constitution ou la « dignité du Bureau ovale ».
Toutes les affirmations et la cupidité d’un empire vieillissant, comme la peinture de Dorian Gray, sont enfin exposées. Pearls and Irritations analyse la situation :
« Ce que Trump annonce aux Américains et au monde contient plus que des éléments d’un nouvel ordre sécuritaire, économique, politique et des droits de l’homme. Il proclame essentiellement une nouvelle charte de la Pax Americana pour remplacer la charte des Nations unies qu’il a, et il convient de le noter, avec d’autres présidents américains, constamment violée depuis la création de la charte en 1945, mais qu’aucun jusqu’à Trump n’a explicitement répudiée. »
Jusqu’à présent, la violence des Etats-Unis était enveloppée dans l’hypocrisie du XXe siècle. Ils « rendaient le monde sûr pour la démocratie ». Ils promulguaient l’ordre « libéral » mondialisé et protégeaient le monde du fascisme, puis du communisme et plus tard des terroristes. Donald Trump « dit les choses telles qu’elles sont ». Nous sommes là pour tenter de comprendre ce que nous pouvons en tirer. Et maintenant, le monde entier le sait.
The Guardian rapporte :
« Trump demande des terres rares à Kiev en échange d’aides »
Les Etats-Unis auraient brièvement interrompu les livraisons d’armes à l’Ukraine. « L’Ukraine possède des terres rares très précieuses, a déclaré M. Trump lundi. Nous cherchons à conclure un accord avec l’Ukraine pour qu’elle sécurise ce que nous lui donnons avec ses terres rares. »
M. Trump, qui s’exprimait devant les journalistes à la Maison-Blanche, a déclaré que l’Ukraine était disposée à le faire, ajoutant qu’il souhaitait une « péréquation » de la part du pays pour le soutien de Washington, qui s’élève à « près de 300 milliards de dollars ».
Trump est mauvais. Trump est bon. Il « détruit notre démocratie ». Ou bien, c’est un génie qui nous a été donné pour que le pays redevienne grand.
Notre hypothèse – un balayage certes grandiose de la connexion des points historiques – est que M. Trump est simplement M. Trump. Ni mauvais ni bon, mais juste un dupe utile de l’Histoire. Sa véritable mission, dont il n’est absolument pas conscient, n’est pas de sauver l’empire, mais de le faire sombrer.
Dieu ne permet pas aux arbres de pousser jusqu’au ciel, ni aux empires – quelles que soient leurs prétentions – de régner éternellement. Toutes les choses créées par l’Homme ont un début et une fin. L’Empire romain a eu besoin de son Auguste… et de son Caligula.
Et maintenant, Donald J. Trump, l’homme de l’année selon le Times, semble mener à bien l’oeuvre de Dieu, hâtant la fin de la puissance hégémonique américaine en retournant une grande partie du monde contre les Etats-Unis.
Ce point de vue est tellement en décalage avec l’essentiel de l’opinion populaire qu’il doit être soit très erroné, soit très juste. Quoi qu’il en soit, nous accepterons le verdict de l’Histoire, lorsqu’il sera finalement rendu.
A moins qu’il ne nous soit défavorable.
1 commentaire
Trump a tout simplement compris que le Mondialisme c’est à dire la prétention de l’Occident à la domination « démocratique » du monde était un héritage des temps du Colonialisme, quand l’Occident détenait une supériorité scientifique et technique indiscutable.
Trump a vu que la Mondialisation devait se substituer au Mondialisme.
La Mondialisation est une lutte-concertation, une dialectique, inévitable, plus ou moins équitable, entre des civilisations de niveaux scientifiques et techniques comparables.
Le Monde est revenu deux à trois siècles en arrière : quand les grandes sociétés étaient scientifiquement et techniquement à des niveaux équivalents.
Ce qui a changé, entre temps, c’est essentiellement, mais seulement, les moyens de communication.
Les moyens de communication ? Ils peuvent servir :
– Soit à imposer une société mélangée unique, totalitaire. Le Mondialisme décrit par « Le Meilleur des Mondes »
– Soit à promouvoir des sociétés reliées, mais enracinées, respectueuses des différences, mais aussi en luttes pour imposer ces dissemblances. C’est la Mondialisation.