** Dans le monde des actifs financiers, il semblerait que le geste fait par la Fed la semaine dernière ait évité la faillite à Bear Stearns. C’est une bonne chose.
– Selon l’agence S&P, le pire des pertes en subprimes a déjà été essuyé par les banques. Pour être plus précis, S&P a dit aux investisseurs : "nous pensons que les gros joueurs comme Merrill Lynch & Co. Inc. et Citigroup Inc. ont évalué avec attention leur exposition aux titres adossés aux capitaux subprimes et le plus gros des dégâts devrait désormais être derrière eux".
– Hmm.
** Regardez bien autour de vous et vous verrez que l’inflation s’infiltre absolument partout. Le prix de l’or a finalement atteint les 1 000 $ du jour au lendemain. Il a à peine trempé le bout des orteils dans les eaux enchantées. Mais nous pensons qu’une belle "bombe" ne saurait tarder. L’or est lourd, il devrait donc faire de sacrées éclaboussures.
– Le pétrole éclabousse lui aussi de plus en plus haut. Le bon vieil or noir a atteint son onzième niveau record à la bourse de New York avec 111 $ à la fermeture. Le ratio dollar/yen tombe quant à lui à 100. Il faut de moins en moins de yens pour acheter un dollar.
– Attendez une seconde.
– Arrêtons-nous un peu pour réfléchir au dollar. Cela fait des années que nous disons qu’il va baisser. Il baisse. Il est déjà très bas comparé aux capitaux concrets et à certaines devises (l’euro, la livre sterling, les monnaies matières). Mais nous devons nous demander, en toute candeur : que va-t-il se passer maintenant ? Pour nous, il existe trois possibilités (peut-être quatre).
** Tout d’abord, une intervention coordonnée des banques centrales mondiales pour maintenir le dollar. Les états du Golfe et la Chine seraient pour une action de ce type. Leurs devises liées au dollar les obligent à suivre la politique de la Fed, qui les entraîne vers une inflation rapide et l’instabilité sociale. La faiblesse du dollar est un vrai problème pour ces pays.
– Les Européens se plaignaient quand un euro coûtait 1,35 $. Il coûte désormais 1,55 $. Comment les exportateurs européens peuvent-ils être compétitifs et faire des bénéfices avec un tel taux de change ? Le peuvent-ils ?
– A quoi ressemblerait une intervention coordonnée pour remonter le dollar ? Et bien les principaux acteurs devraient baisser leurs taux, vendre leurs propres devises et acheter des dollars US. Acheter des obligations américaines ne soutiendrait pas réellement le dollar, puisque cela entraînerait une hausse des prix (mais une baisse des rendements).
– Au final, les investisseurs mondiaux doivent piocher dans les actions américaines. Une augmentation du prix des capitaux libellés en dollars serait bénéfique pour le billet vert. Une reprise des cours pour la S&P et le Dow serait le signe d’une intervention pour le dollar. Et si de telles interventions ont lieu, préparez-vous aussi à des corrections importantes du prix de l’or et du pétrole.
– Une remontée du cours du dollar est-elle possible ? Eh bien, cela voudrait dire que le monde entier repousse la prise de conscience, ce jour où il faudra décider comment vivre dans un monde dont les Etats-Unis ne seront plus le centre. C’est peut-être encore trop de réflexions et d’ajustements pour l’économie mondiale. Il est bien plus facile de continuer avec un dollar maudit.
– Mais il est peut-être trop tard pour revenir en arrière. "La magie est terminée", comme l’a dit un ancien ministre français des affaires étrangères concernant les Etats-Unis. Le dollar est peut-être définitivement condamné. Nous avons peut-être dépassé depuis bien longtemps le stade où les actions coordonnées des autorités monétaires pourraient aiguiller et rediriger l’élan qui pousse le cours des matières premières. Il est possible que le dollar ne puisse pas être sauvé. Et qu’il ne puisse même pas être maintenu en vie artificiellement.
** Si c’est le cas, la seconde possibilité est alors une chute encore plus importante du dollar en 2008. Vous assisterez à de nouvelles baisses dans le cours du dollar, et à de nouvelles hausses pour des devises telles que le dollar australien ou néo-zélandais, ainsi que pour les matières premières, les softs, les métaux de base, l’énergie, les métaux précieux.
** La troisième possibilité, ce serait que nous continuions à nous enfoncer dans le bourbier. C’est une possibilité bien triste dont les médias parlent tous les jours.
** La quatrième possibilité — la plus spéculative — ce serait que la fin du dollar soit plus proche qu’on ne l’imagine. Ce qui signifie que le dollar pourrait être remplacé par une autre devise. La théorie la plus populaire en ce moment sur les blogs, c’est l’Améro, une devise nord-américaine pour le Canada, les Etats-Unis et le Mexique.
– Si vous avez accumulé trop de dettes sur une devise, pas de problème… lancez-en une nouvelle !