** Selon Mortimer Zuckerman, co-fondateur de Boston Properties Inc., le plus grand fonds d’investissement d’immobilier professionnel des Etats-Unis, les USA sont en récession, et il n’y a pas signe de reprise.
* "Nous sommes confrontés aux pires conditions macroéconomiques depuis la Grande dépression", déclarait Zuckerman lors d’un entretien avec Bloomberg Television.
* Il est tentant de regarder les marchés actuels et d’en arriver à une conclusion simple : l’économie décline… les autorités essaient d’enrayer ce déclin avec plus de cash et de crédit. Par conséquent, le dollar doit baisser, tandis que l’or et les matières premières doivent grimper. C’est notre point de vue de base ; voilà pourquoi nous nous en tenons à notre formule — vendre les actions sur les rebonds, acheter de l’or sur les replis.
* Mais ce ne sera pas de tout repos. Les matières premières sont cycliques, c’est bien connu — en fonction de considérations offres/demande de court terme — tandis que les cycles de marchés du crédit sont extrêmement long terme. Les rendements obligataires chutent depuis 1981 — 27 ans. Il nous semble qu’ils ont atteint un plancher, mais il faudra bien longtemps avant que les rendements des bons du Trésor US à 10 ans frôlent à nouveau les 15%. Vendre les obligations US pourrait être la meilleure chose à faire pour le long terme… mais à court terme, vous pourriez le regretter, puisque les gens pourraient se ruer sur les obligations américaines — le crédit le plus sûr au monde, en termes de dollars — comme moyen d’éviter le risque sur les marchés du crédit.
* Mercredi, le Financial Times nous disait que trois autres fonds d’investissement étaient en difficulté. Global Opportunities a cessé les remboursements. Drake Management a affirmé fermer l’un de ses fonds. Et Blue River va fermer après plus de 80% de pertes.
* Là, nous faisons une petite pause. Qu’est-ce qui a mal tourné, nous demandons-nous ? L’un des fonds qui a rendu l’âme s’appelait "Rendement absolu et volatilité basse". Eh bien… qu’est-ce qui pouvait mal aller, avec un tel programme ? Apparemment, le rendement absolu est devenu négatif… tandis que la volatilité échappait à tout contrôle. Comment était-ce possible ? Ces gens ne sont-ils pas censés être des génies de la finance ? Ne peuvent-ils pas faire des projections de la volatilité et des rendements attendus ? Le but d’un fonds de couverture n’est-ils pas de couvrir contre ces pertes extraordinaires ?
* En plus des soubresauts des marchés, nous assistons à conte moral aussi passionnant que distrayant… dans lequel les dieux donnent une bonne leçon à l’industrie financière toute entière. Mais nous en reparlerons.
* Pour en revenir à ce que nous disions, l’or à 1 000 $ semblera probablement bon marché dans un futur proche ; dans les mois qui viennent, cependant, il pourrait être source d’irritation. Le maïs, le blé… et les matières premières industrielles… pourraient être encore plus décevantes. L’offre et la demande sont toujours en équilibre sur la pointe acérée des prix. Même une légère baisse de la demande, causée par un ralentissement mondial, pourrait avoir un effet dévastateur sur les prix (malgré que nous sommes sans doute dans un super-cycle des matières premières qui durera de longues années… et même si le dollar baisse).
* Dans le cas des actions américaines, il nous semble qu’elles ne représentent pas un bon placement pour votre argent — à long terme. Nous nous empresserions tout particulièrement de nous débarrasser des valeurs de haut vol comme Google. Mais nous nous préparerions aussi à un rebond des actions dans les semaines qui viennent.
* D’un autre côté, nous avons des perspectives opposées pour les valeurs des marchés émergents. Les Etats-Unis possèdent aujourd’hui une partie disproportionnée de la valeur boursière mondiale — environ un tiers. Dans la mesure où le reste du monde se développe bien plus rapidement que les Etats-Unis et l’Europe, on pourrait s’attendre à voir les actions grimper dans le reste du monde aussi. Donc en termes relatifs, les marchés émergents devraient mieux se comporter que les Etats-Unis et l’Europe à long terme. Mais même ainsi, les valeurs des marchés émergents pourraient se révéler désastreuses à court terme.
* Où est-ce que tout cela vous mène ? Que faire ?
** Que faire ?
* Si vous voulez devenir riche, la bonne tactique est de prendre une grosse position, de faire jouer l’effet de levier, et de vous y tenir. Si nous faisions ce genre de pari, nous choisirions les valeurs aurifères. Selon toute probabilité, vous gagnerez une fortune à mesure que l’or grimpe jusqu’à 2 500 $… ou 3 000 $.
* Mais nous ne voulons pas devenir riche ; nous voulons simplement ne pas perdre d’argent. Nous achetons donc de l’or sans effet de levier. S’il baisse… cela nous importe assez peu. Nous avons encore notre or… et nous pouvons toujours nous convaincre qu’il grimpera à coup sûr "à long terme".
* La plupart des gens voudront s’en tenir à une formule plus traditionnelle. En général, mieux vaut avoir un tiers de votre argent dans des valeurs boursières… un tiers dans l’immobilier… et un tiers dans l’or, les métaux précieux et autres choses tangibles. On répartit l’argent parce qu’on ne sait jamais ce qui va se passer. Vous pouvez être absolument certain que le cours de l’or va grimper… mais M. le Marché se soucie peu de ce que vous pensez. Il fera ce qu’il veut… quand il veut.
* Quelles actions devriez-vous posséder ? Nous aimons les valeurs japonaises parce qu’elles semblent être les plus sûres et les moins chères du monde développé. Notre vieil ami Marc Faber aime le tabac, les boissons, l’alimentaire, les pharmaceutiques, les services électriques, et les minières dans le secteur de l’or, de l’argent et du platine — aux Etats-Unis et ailleurs. Il note que Wal-Mart tient bien le choc parce que l’entreprise vend de nombreuses choses indispensables comme la nourriture, les produits de santé et le carburant. Même durant une crise, les gens ont besoin de manger.
* Quant à l’immobilier, vers où vous tourner ? Marc a son opinion là aussi :
* "Ma classe d’actifs préférée", écrit-il, "reste l’immobilier dans les économies émergentes. Pour la plupart d’entre elles, la dette hypothécaire en tant que pourcentage du PIB est basse ; avec l’augmentation du niveau de vie, la propriété et l’espace de vie per capita augmenteront. Il est intéressant de constater qu’alors que les Etats-Unis représentent 31% de la capitalisation boursière mondiale (en baisse par rapport aux plus de 50% en 2000 !), ils représentent 47% dans un indice de 321 sociétés immobilières dans le monde… Alors que les investisseurs mondiaux ont alloué un capital significatif aux actions et obligations des économies émergentes, ils sont largement sous-positionnés sur l’immobilier de ces mêmes économies".