Certaines actions ont déjà fortement chuté, mais restent extrêmement chères. Par leurs politiques, les banques centrales pourraient les faire rebondir, ou continuer la chute…
Les marchés financiers mondiaux restent incroyablement instables.
Ils sont instables parce que personne n’a les clefs de l’avenir, personne n’a de théorie satisfaisante pour comprendre le présent, personne n’a de conviction, et personne n’a de références passées auxquelles se raccrocher.
Et l’essentiel est ici : les valorisations actuelles sont encore tellement loin des valorisations fondamentales que l’on ne peut se fixer aucun plancher ; il n’y a aucun flux d’achats solides à espérer de ce côté. S’il y a des acheteurs de temps à autre, ce sont des traders et des acheteurs de court terme uniquement. La vraie valeur est encore beaucoup trop loin.
Mon hypothèse de travail est que nous ne pouvons retourner aux valeurs fondamentales, celles qui découlent de la production de richesses, des taux de profit, des propensions à l’épargne, et des tendances séculaires de la force de travail et de la productivité.
Nous ne pouvons le faire sans sortir de la financiarisation ; et pour sortir de la financiarisation il faut détruire, détruire, détruire. Les conditions sociales et géopolitiques ne permettent pas ce choix du risque de destruction, ou si l’on veut être positif, ce choix d’assainissement.
Quelles imbécilités corriger ?
Donc, dans mon cadre analytique, mon alternative du moment est la suivante :
Est-ce que la politique monétaire se fixe comme objectif de corriger toutes les imbécilités qui ont été faites depuis fin 2019, ou bien est-ce qu’elle se fixe comme objectif de corriger toutes les absurdités criminelles qui ont été tentées depuis 2009?
Je ne suis pas certain que les autorités ou leurs commentateurs aux ordres raisonnent ainsi, mais pour moi c’est sous-jacent.
Des hyper fondamentalistes comme Hussmann (qui anticipe une baisse de 55% du S&P 500) pensent ainsi même s’ils ne le disent pas explicitement. C’est dans l’arrière-fond des esprits, au niveau du préconscient. La question du « jusqu’où » ne se pose qu’en termes limités, les limites étant celles de 2019 ou 2009, pas celles des années 1970 ou 1980, ou le début de la dérive vers la financiarisation.
Personne à ce stade ne peut manipuler, que ce soit directement ou indirectement : cliquez ici pour lire la suite…
Personne à ce stade ne peut manipuler, que ce soit directement ou indirectement, car c’est l’Aventure, la Grande Aventure, celle que Greenspan avait bien cernée dans son ouvrage où il nous expliquait que les autorités naviguent sans carte, sans boussole et sur des espaces inconnus.
En fait, nous sommes en train d’écrire l’Histoire, celle du deuxième « Great Experiment » de notre ami, le joueur invétéré écossais John Law.
Pas de pilote
Pour manipuler les Bourses, il faut avoir une raison pour le faire, avoir un plan, un objectif. Or, actuellement, il n’y a ni plan ni objectif, c’est le bouchon qui est ballotté sur les flots. Et on ne sait pas vers où se dirigent les flots.
Il n’y a ni initié ni pilote, car personne ne sait où les flots nous emportent.
Et c’est pour moi l’hypothèse de travail première.
A ce stade, je ne crois pas à la conviction/détermination temporaire de Powell. Pour moi, elle est comme il a eu la maladresse de le dire : transitoire.
On voit bien qu’il a été ulcéré par les comparaisons avec Arthur Burns et qu’il essaie d’enfiler le paletot de Volcker, mais sa détermination actuelle ne prouve rien ! Si les conditions changent, notre Powell changera.
Comme disait le génial Edgar Faure, que l’on raillait de ses convictions de girouette : « Ce n’est pas moi qui change, c’est le vent qui tourne. »
Les observateurs commettent une erreur méthodologique ; ils scrutent, ils coupent en quatre les cheveux de Powell croyant que c’est là que les choses se passent… eh bien non, ils ont tort. Les choses ne se passent pas dans la tête de Powell, elles se passent dans le monde extérieur. Le contenu et les orientations de la tête de Powell sont produits par ce qui se passe dans le monde.
Et précisément, nous sommes dans une des périodes historiques où le mythe de la toute-puissance des hommes et des élites est mis en question ; il subit l’épreuve de vérité.
Voici une comparaison frappante : essayer de prévoir ce qui va se passer dans la tête de Powell et en tirer des conclusions équivaut à étudier une girouette à partir de ses caractéristiques techniques pour essayer de prédire le sens du vent ! Ce n’est pas la girouette qu’il faut étudier, c’est la météo, le climat. Powell, sa volonté et ses propos sont des produits, pas des causes premières.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]