Le dollar américain et les prix du pétrole ont rompu leur lien commercial historique. C’est un signe supplémentaire de la contestation de la domination américaine.
Les modèles, les corrélations, et les liaisons qu’utilisent les pseudo-économistes boursiers ou bancaires sont des bestioles magiques. Ils peuplent leur imaginaire.
Ce sont des refuges de leur ignorance.
D’où viennent les pétrodollars ?
Ces corrélations et liaisons ne sont pas organiques. Elles ne correspondent pas à des articulations logiques et dialectiques entre les phénomènes. Elles n’existent que dans la tête des gens qui les observent.
Il ne s’agit pas des vraies relations de cause à effet, mais des croyances historiques.
Le lien entre dollar et pétrole est un lien historique, tracé par les accords entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite, mais ce n’est pas un lien logique.
Les relations géopolitiques entre Les USA et l’Arabie Saoudite évoluent, et les alliances se complexifient. Le régime du dollar est moins dollar-centrique, etc…
Dans le passé, il est tout à fait vrai que les prix du pétrole ont été poussés à la hausse par le Cartel, afin de compenser la politique d’avilissement du dollar menée par les américains.
Mais ça, c’était avant !
Maintenant, la hausse des prix du pétrole n’a pas cette origine. Elle a pour origine des événements géopolitiques ou militaires, ainsi que des objectifs qui raréfient le pétrole, le militarisent, et le rendent plus désirable en lui-même dans sa valeur d’usage.
Les événements géopolitiques, les imbécillités de la militarisation du dollar, de la transition énergétique et autres idioties ont provoqué une disjonction, une libération, une autonomisation des prix du pétrole.
Le réel reprend le dessus
La valeur d’usage reprend le dessus sur la valeur d‘échange, qui est libellée en monnaie fiduciaire.
A la rigueur, on peut considérer que l’aspect « réel », soit « l’usage » du prix du pétrole, remet l’énergie au centre du système. Cela correspond à peu près à ce que veut faire comprendre l’économiste Sergey Yurievich Glazyev. Il y a une sorte de réancrage, qui marque la contestation de la domination américaine.
D’un côté, dans le monde de l’imaginaire financier et monétaire, la périphérie manque de dollars et d’eurodollars, donc son prix monte vis-à-vis des autres monnaies fiduciaires. Mais, dans le monde réel, celui de l’usage, de la vie, de la force, de la violence et de la vraie rareté, le dollar baisse contre le pétrole. Donc, et inévitablement, le pétrole monte.
Il y a une véritable brèche dans le système/régime de la financiarisation.
Le dollar américain et les prix du pétrole rompent leur lien commercial historique.
Un économiste explique pourquoi cela signale un « double coup dur » pour les marchés mondiaux :
« Un dollar américain fort a toujours exercé une pression à la baisse sur les prix du pétrole, mais cela ne s’est pas produit ces derniers temps.
Le dollar américain s’est raffermi pour atteindre son plus haut niveau en 20 ans, tandis que les prix du brut ont grimpé en flèche.
C’est un double coup dur pour tout le monde en dehors des États-Unis. »
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]