Le tsar russe de la géoéconomie Sergey Glazyev présente le nouveau système financier mondial…
Dans la première phase de la transition, ces pays se rabattent sur l’utilisation de leurs monnaies nationales et des mécanismes de compensation, adossés à des échanges de devises bilatéraux. À ce stade, la formation des prix est encore principalement déterminée par les prix de diverses bourses, libellés en dollars.
Cette phase est presque terminée : après le « gel » des réserves russes en dollars, euros, livres et yens, il est peu probable qu’un pays souverain continue à accumuler des réserves dans ces devises. Leur remplacement immédiat est les monnaies nationales et l’or.
La deuxième étape de la transition impliquera de nouveaux mécanismes de tarification qui ne font pas référence au dollar. La formation des prix en monnaies nationales implique des frais généraux substantiels, cependant, elle sera toujours plus attrayante que la tarification en devises « non ancrées » et perfides comme le dollar, la livre, l’euro et le yen. La seule monnaie candidate mondiale restante – le yuan – ne prendra pas leur place en raison de son inconvertibilité et de l’accès externe restreint aux marchés de capitaux chinois. L’utilisation de l’or comme prix de référence est contrainte par les inconvénients de son utilisation pour les paiements.
La troisième et dernière étape de la transition vers un nouvel ordre économique impliquera la création d’une nouvelle monnaie de paiement numérique fondée sur un accord international fondé sur les principes de transparence, d’équité, de bonne volonté et d’efficacité.
Quel genre de monnaie ?
Je m’attends à ce que le modèle d’une telle unité monétaire que nous avons développé joue son rôle à ce stade. Une monnaie comme celle-ci peut être émise par un pool de réserves de change des pays BRICS, auquel tous les pays intéressés pourront se joindre. Le poids de chaque devise dans le panier pourrait être proportionnel au PIB de chaque pays (basé sur la parité de pouvoir d’achat, par exemple), à sa part dans le commerce international, ainsi qu’à la taille de la population et du territoire des pays participants.
En outre, le panier pourrait contenir un indice des prix des principales matières premières négociées en bourse : l’or et d’autres métaux précieux, les principaux métaux industriels, les hydrocarbures, les céréales, le sucre, ainsi que l’eau et d’autres ressources naturelles.
Pour fournir un soutien et rendre la monnaie plus résiliente, des réserves de ressources internationales pertinentes peuvent être créées en temps voulu. Cette nouvelle monnaie serait utilisée exclusivement pour les paiements transfrontaliers et émise aux pays participants sur la base d’une formule prédéfinie. La guerre financière touche tout le monde alors que le nouveau système financier mondial se divise en deux blocs : les 13% – US EU CANADA UK AU JAPON SK contre 87% – BRICS Central & South America EAEU Iran Saudi Arabia UAE Continent Africain. Les BRICS représentent 41,5% de la population mondiale.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]
3 commentaires
La dé-dollarisation du monde est une tendance inéluctable et saine.
Mais l’idée d’un système de type Bancor basé sur des paniers de matières premières, très difficile à mettre en œuvre et dans lequel tous les gentils (Chine, Russie, Amérique du sud, Arabie, Iran, … Bref, tout le monde sauf les Etats-Unis et l’Europe) se réunirait dans un esprit d’équité, de joie et de bonne humeur pour un commerce mondial serein, paraît bien abusivement enchanteresse.
Comme disait Charles Gave citant lui-même un ami, « En theorie, la théorie et la pratique c’est la même chose, mais en pratique, c’est pas pareil ».
Cher M. Bertez, malgé tout le respect que j’ai pour vos passionnants articles, je tiens à apporter quelques précisions sur celui que vous appelez le « tsar de l’économie ». M. Glazyev est une des plus fervents idéologues russes de la paranoïa anti-occidentale actuelle, paranoïa délirante (pléonasme) qui veut rejeter aujourd’hui la faute de tous ses maux (lesquels d’ailleurs ?) sur une liste bien pratique de boucs émissaires.
Je le cite par exemple sur l’Ukraine : « « L’Europe … [a] organisé [un] coup d’État militaire en Ukraine, ils ont aidé les nazis à prendre le pouvoir. Ce gouvernement nazi bombarde la plus grande région d’Ukraine. »
De manière générale, voici son credo : « Soit nous nous soumettons passivement à une politique suicidaire d’autodestruction et de colonisation de la Russie, imposée de l’extérieur par tromperie et corruption, soit nous passons à une stratégie scientifiquement fondée pour la croissance économique, l’amélioration du bien-être de la population et la restauration de la force spirituelle et intellectuelle et du potentiel scientifique et technique de l’État russe. »
Bref, une rhétorique tout à fait « stalinienne »…
La haine n’a jamais fait bon ménage avec l’économie ni avec la paix. Le système monétaire rêvé par ce tsar de l’anti-occidentalisme primaire s’apparente pour moi plus à du « wishfull thinking » qu’à autre chose, ce qui lui ôte beaucoup sinon toute sa crédibilité.
Comme cette monnaie devrait être basée sur « les principes de transparence, d’équité, de bonne volonté et d’efficacité », je ne vois pas comment elle pourrait voir le jour, c’est tellement opposé aux relations internationales historiques !!!
Toute réforme ou même réformette du système monétaire international fait toujours référence aux attributs de justice, équité et de transparence. La belle affaire ! La transparence est prétexte à toutes les manipulations ensuite, mais l’impoŕtant cest le bouleversement brutal qui va survenir immanquablement avec un autre système financier.