Les autorités monétaires mondiales sont devenues dépendantes des opérations d’assouplissement quantitatif… mais les rachats d’actifs par les banques centrales se sont mués en instrument de destruction.
La Commission des affaires économiques de la Chambre des Lords du Royaume-Uni offre un rapport perspicace : « Assouplissement quantitatif : une dépendance dangereuse ? »
Point de vue convaincant du rapport britannique :
« Qu’est-ce que l’assouplissement quantitatif ? L’assouplissement quantitatif est un outil de politique monétaire que les banques centrales peuvent utiliser pour injecter de l’argent dans l’économie en achetant des ‘actifs financiers’, généralement des obligations d’Etat. L’assouplissement quantitatif est également connu sous le nom d’’achat d’actifs’ […].
Chaque fois que le Comité de politique monétaire décide qu’il doit entreprendre un assouplissement quantitatif supplémentaire, la Banque d’Angleterre crée de l’argent neuf pour acheter des obligations d’Etat ou d’entreprises auprès d’entités du secteur privé, telles que des fonds de pension ou des assurances. Une fois que la Banque d’Angleterre a acheté des obligations auprès d’un fonds de pension, par exemple, le fonds de pension reçoit de l’argent neuf sous la forme d’un dépôt dans une banque commerciale. »
C’est simple : les QE (pour quantitative easing, assouplissement quantitatif) retirent du portefeuille mondial des actifs financiers qui rapportent un peu – de moins en moins, même – et les remplacent par des liquidités, c’est-à-dire de la monnaie qui ne rapporte rien.
Les portefeuilles mondiaux, privés de rendement, cherchent à retourner à l’équilibre antérieur et ainsi rachètent sur les marchés le rendement dont on les a privé.
Ils ne comprennent rien
Les zozos des banques centrales ne mentent pas, ils n’« impriment » pas de l’argent. Simplement, ils ne comprennent pas pleinement la nature de la finance contemporaine basée sur le marché et l’alchimie qui s’y opère.
Le programme d’assouplissement quantitatif de la Fed a fonctionné pour accommoder le désendettement des avoirs en titres spéculatifs issus de la crise de 2008. On a en quelque sorte procédé à un « lavage » en termes des agrégats du système.
La généralisation et la banalisation des QE par la suite ont changé la donne. Au lieu d’un service de nettoyage, blanchissage ou blanchiment des endettements pourris, les QE ont servi à alimenter la constitution de nouvelles dettes, de nouveaux pouvoirs d’achat – lesquels ont servi de levier aux achats d’actifs financiers sur les marchés.
Les QE se sont retournés en leur contraire : d’instruments de sauvetage, ils sont devenus des instruments de destruction.
La masse monétaire M2 a bondi de près de 5 000 Mds$, plus de 30%, depuis mars 2020 ! Les grands prêtres de la religion de la finance ont beau nous enfumer et faire semblant de lire les mystères qu’ils créent, la vérité réelle finit toujours par se manifester.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]