Les risques s’accumulent sur le dollar, et le gouvernement américain sera prêt à tout pour le protéger – y compris rogner les libertés individuelles.
Un cinquième de tous les dollars américains jamais créés ont été mis en circulation depuis moins d’un an. Sur la même période ou à peu près, la valeur du bitcoin a quadruplé. La concurrence monétaire est maintenant une réalité.
S’il s’agit d’une bénédiction pour les consommateurs, l’élite oligarchique la perçoit au contraire comme une véritable menace.
De la même manière que les Etats-Unis sont à un carrefour culturel et politique, le pays doit à présent également franchir un Rubicon économique. Cependant, avant tout autre enjeu de société, les Américains devraient se pencher davantage sur le fonctionnement de leur système monétaire.
Les systèmes reposant sur une monnaie fiduciaire ont toujours fini dans les poubelles de l’Histoire. Bien trop souvent, cela provoque le même résultat pour la liberté et la prospérité d’une civilisation, ou même son droit à l’autodétermination.
Le plus effrayant, c’est que l’ensemble de l’économie mondiale repose désormais sur un tel système fiduciaire, avec le dollar américain comme monnaie de réserve internationale.
La fin du dollar ?
Personne ne peut prédire avec précision l’avenir, mais au regard des événements qui se sont déroulés en 2020, il semble que le règne du dollar américain en tant que monnaie de réserve internationale n’en a peut-être plus pour très longtemps.
Les banques centrales, ainsi que les autres mastodontes gouvernementaux et du monde des affaires, ont intérêt à rendre toute transition monétaire aussi douce que possible pour eux-mêmes, tout en maintenant ou en renforçant leur influence sur les marchés.
La solution retenue sera probablement la mise en circulation d’une monnaie numérique émise par la banque centrale, connue sous l’acronyme de MNBC, ce qui laisse présager un avenir où l’argent liquide aura disparu.
Heureusement, il existe un foisonnement bien plus important d’innovations issues du marché libre qui servent les intérêts du consommateur moyen. Celles-ci leur permettront de se protéger contre l’inflation, de maintenir leur pouvoir d’achat, de disposer d’une réserve de valeur sur le long terme et même de bénéficier d’un certain niveau de protection de leur anonymat contre la traçabilité des transactions.
Bitcoin et inquiétudes
L’exemple récent le plus évident est Bitcoin, qui n’est pas une monnaie fiduciaire puisque son utilisation n’a pas été imposée à la population par décret d’un gouvernement ou d’une banque centrale. Le cours du bitcoin a battu un nouveau record à plus de 42 000 $ le 8 janvier. Son augmentation au cours des dix dernières années reflète les inquiétudes profondes qui existent quant au sort à venir du dollar américain.
« Bitcoin a donné naissance à une véritable révolution », a déclaré récemment Daniela Cambone, éditorialiste chez Stansberry Research. « C’est une forme de contestation du dollar américain et des autres devises. »
« Il permet de rendre le pouvoir au peuple », a ajouté Cambone avant de noter que dans le contexte du confinement ordonné face au Covid-19 « beaucoup de gens ont pu prendre le temps de réfléchir au sujet de leur argent ».
Pourtant, Cambone ne fait pas nécessairement la promotion du bitcoin. Elle reste incertaine de sa valeur sur le long terme.
Réserve de valeur
Il est néanmoins indéniable que le bitcoin est de plus en plus perçu comme un refuge et une réserve de valeur, en tout cas à court terme.
On ne doit pas son existence à un quelconque dictateur monétaire ou à un comité d’experts économiques. Il est uniquement le résultat d’échanges libres et volontaires. Non seulement ce processus doit pouvoir se poursuivre, mais il faudrait autoriser le développement d’un marché concurrentiel sans entraves en matière monétaire.
Lorsqu’il était membre du Congrès, le Dr Ron Paul avait déposé plusieurs propositions de réformes afin de légaliser la concurrence monétaire. Il a demandé l’abrogation des lois imposant une monnaie à cours légal. Après tout, ces lois accordent au gouvernement des pouvoirs non autorisés en premier lieu par la Constitution américaine.
Son projet de loi appelait également à mettre fin à la prohibition de la frappe de pièces de monnaies privées. Enfin, il proposait l’abolition de l’impôt sur les plus-values et de la taxe sur les ventes de pièces métalliques.
[…] Mais à quel point ce problème est-il urgent ? Eh bien, cela dépend du degré de stabilité ressenti actuellement à travers les Etats-Unis. En période d’incertitude ou même de crise majeure, les monnaies alternatives sont essentielles pour de nombreuses catégories de transactions, en particulier pour les groupes politiquement marginalisés ou opprimés.
Prenez par exemple le fil Twitter du militant des droits de l’homme Alex Gladstein. Il y relate plus d’une douzaine de situations à travers le monde dans lesquelles le bitcoin a été utilisé pour réussir à contourner des restrictions imposées arbitrairement par différents gouvernements.
Attention aux libertés
Les Américains sont de plus en plus conscients des menaces qui pèsent sur la liberté d’expression en ligne. Ils pourraient également bientôt prendre conscience de la généralisation des pratiques consistant à refuser l’accès à des services essentiels, tels que le traitement des paiements, à toute personne ou organisation jugée trop politiquement incorrecte. Pour se protéger contre cette menace, la concurrence monétaire doit être encouragée.
Ce qu’il faut comprendre ici, ce n’est pas que le bitcoin, l’argent ou l’or seraient nécessairement destinés à remplacer le dollar. Ce sera peut-être le cas, ou peut-être que non.
Mais dans tous les cas, il ne devrait jamais être illégal de faire des affaires honnêtement, même quand cela implique de réaliser des transactions non libellées en dollars US.
Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.
1 commentaire
Bonjour cher chroniqueur,
vous ne pouviez pas être plus explicite dans cet article. J’aurais envie de rajouter ceci. Si nos élus du monde entier s’étaient préoccupés de leurs peuples plutôt qu’améliorer, chaque jour que Dieu fait, leurs sorts personnels, nous n’en serions pas là aujourd’hui et sans bitcoin ou autres altcoins. L’oligarchie mondiale et pas uniquement américaine, a usé et abusé de leurs pouvoirs. Ils ont trahi leurs peuples et désormais, au pieds du mur, on entrepris de les soumettre. C’est du moins l’objectif secret de ces individus. Le problème est que l’on ne peut pas, par incompatibilité et logique, donner l’air d’une démocratie à une république tout en l’asservissant. Le peuple va prendre le pouvoir, c’est une quasi-certitude et c’est inéluctable et pour une fois, ils ne sauront pas comment, jusqu’au jour où le boomerang reviendra à son point de départ et que la pièce changera de côté, de pile à face. Le bitcoin est l’allié du peuple et de tous, il est trop tard pour tuer l’embryon dans l’oeuf car le poussin est né et a grandi de manière exponentielle et inattendue. Il a même déjà fait de très jolis petits, déjà trop grands pour les éliminer. Me Lagarde était pathétique devant l’écran sur BFM et elle a bien senti et compris la situation. Hormis des mots, elle ne pourra pas empêcher la crypto de poursuivre son chemin.
Sincères salutations.
Michel Schmitt