Par Bill Bonner (*)
Il y a quelque temps de ça, nous avons vu le monde évoluer de cinq manières essentielles. Nous les avons appelées les "5 E". Nous nous demandons ce qu’ils sont devenus.
Au sommet de la liste se trouvait l’Energie. Nous l’avons vue devenir de plus en plus chère. En partie parce que le monde en utilisait plus, et en partie parce que la devise dans laquelle elle était calibrée, le dollar, augmentait plus vite que la production pétrolière. Ces deux dernières années, le pétrole est passé à 100 $. Jusque là, tout va bien.
Ensuite, l’Exode de capitaux et de puissance, qui passent de l’Occident à l’Orient. Est-il arrivé quoi que ce soit, ces deux dernières années, pour ralentir le processus ? Non. Les Asiatiques ont une part de marché plus grande que jamais… et une bonne quantité de l’argent des Occidentaux. Une récession mondiale pourrait ralentir ce phénomène, mais nous ne voyons rien qui puisse l’empêcher.
L’Economie semblait également peser de tout son poids contre l’Occident lorsque nous avons examiné les 5 E pour la première fois. Nous étions un peu en avance à l’époque, semblait-il ; les actions ont continué à grimper, au moins en termes de dollars. Mais à présent, même le cycle économique semble avoir ralenti. Selon George Soros, nous avons atteint la fin d’une expansion de crédit qui dure depuis 60 ans. Enfin… peut-être 25 ans, plutôt. Quoi qu’il en soit, la marée se retire. Les liquidités diminuent. Et les actifs qui ont grimpé avec cette vague de liquidités baissent.
Quoi d’autre ? Ah oui… l’Expérience monétaire. Depuis 1971, le monde a joué avec un système monétaire qui n’a jamais, jamais marché auparavant. Jamais encore une devise papier ne s’appuyant pas sur l’or n’a duré très longtemps. Mais ces 25 dernières années, on aurait dit que les choses seraient peut-être différentes. Ou peut-être pas.
Enfin, le déclin de l’Empire américain. Oui, cher lecteur… si vous devez emprunter de l’argent à vos concurrents pour le financer, votre empire ne durera pas très longtemps. L’Empire des Etats-Unis est né à la fin du 19ème siècle, lorsque les USA ont commencé à jouer les gros bras dans les Philippines et en Amérique Latine. Il a probablement atteint son sommet durant les années Clinton… après que son dernier grand rival, l’Union soviétique, a jeté l’éponge… et que le marché boursier US a été multiplié par 11 en 17 ans.
Puis est arrivé George W. Bush, pile au bon moment, avec pile le bon programme. Les empires ne durent pas éternellement. Tous les grands empires doivent donc trouver un moyen de se ruiner. Bush était l’homme qu’il fallait — avec d’énormes projets de dépenses… dont une guerre en Irak immobilisant l’armée américaine tandis que le Congrès et la population gaspillaient leurs actifs.
Oui, les actions finiront par rebondir. Elles le font toujours. Mais à moins d’une renaissance remarquable — marquée probablement par la banqueroute, la révolution ou la guerre civile, comme la période romaine précédant l’ascension d’Auguste — les jours de gloire de l’empire US sont bel et bien terminés. Il a dépassé son sommet.
Meilleures salutations,
Bill Bonner
Pour la Chronique Agora
(*) Bill Bonner est le fondateur et président d’Agora Publishing, maison-mère des Publications Agora aux Etats-Unis. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450 000 lecteurs), il intervient dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning. Il est également l’auteur des livres "L’inéluctable faillite de l’économie américaine" et "L’Empire des Dettes".