Face à la crise, les autorités prennent les mesure habituelles – mais en ajoutant quelques zéros. Cela peut marcher… mais la prochaine fois, on aura affaire à la Crise, la vraie.
Pour bien assimiler mes textes, il faut toujours avoir présent à l’esprit que quand je fais référence à la crise, je fais référence à la vraie, la finale – celle qui se déclarera quand les autorités perdront le contrôle de la situation.
En 2008 nous n’avons pas eu la crise, la vraie, car elle a été repoussée dans le futur par la création de monnaie, de dettes, par la baisse des taux et par le sauvetage des banques par les contribuables.
Tout ceci a produit une situation de déséquilibre, dont la spéculation boursière n’est qu’un symptôme.
L’argent qui a été créé pour sauver le système n’a été que partiellement utilisé productivement : la plus grande part a alimenté la spéculation.
En conséquence, miné par la spéculation, le système s‘est fragilisé. Fragilisé, cela signifie que plus rien ne s’est retrouvé à son prix, créant ainsi un besoin de correction. On appelle cela un besoin de réconciliation.
Pour être stable, non fragile, un système de prix doit être harmonieux, ce qui veut dire que les prix doivent être compatibles les uns avec les autres.
Les prix des biens en capital, actions, obligations, immobilier etc., doivent pour être stables être compatibles avec les prix des biens et des services et les revenus du travail.
S’ils ne sont pas compatibles, il faut, pour faire tenir l’édifice pyramidal ainsi formé, créer sans cesse plus de dette, de crédit et donc de monnaie. Il faut compléter le vrai pouvoir d’achat par du pouvoir d’achat tombé du ciel – du crédit.
Si les déséquilibres sont trop importants, la fragilité cherche à se révéler à la moindre occasion.
L’édifice menace de s’écrouler
Ce sont ces déséquilibres qui se révèlent maintenant sous le choc de l’épidémie du virus Covid-19.
L’édifice financier artificiel menace de s’écrouler.
Les premières mesures ont été prises, et il est maintenant acquis que l’on va refaire la même chose que ce qui a été fait en 2008/2009 : créer de la monnaie et du crédit, et faire chuter le prix de l’argent c’est-à-dire les taux d’intérêt. Ils vont revenir à zéro et seront peut-être même négatifs.
Déjà, en une journée, la banque centrale américaine a injecté l’équivalent du budget militaire de l’année. On ne compte plus en milliards ; les unités manipulées sont maintenant les milliers de milliards.
Compte tenu de la dispersion et de l’opacité du monde financier, on ne peut pas calibrer les interventions ; on doit obligatoirement sur-stimuler, sur-arroser, on doit sur-réagir.
En route pour les QE, les achats de titres de long terme et certainement, cette fois-ci, les actions par le biais des ETF.
Les autorités vont refaire la même chose qu’en 2008 mais en pire ; est-ce que cela va marcher ?
Mon pari, mais c’est un pari, est que oui, cela va marcher cette fois encore.
On va cependant se rapprocher de la crise finale, car l’arsenal des armes anti-crise est quasi vide et les déséquilibres seront encore plus profonds. Ici on tombe du 30ème étage, la prochaine fois ce sera du 120ème.
Donc ne confondez pas : nous sommes en crise mais ce n’est pas la vraie, la grande, celle qui commence par une majuscule – la Crise.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]