Les autorités US défient les lois de la physique avec une politique monétaire insensée. Mais la gravité devrait reprendre ses droits…
Un fil à plomb, c’est une simple corde à laquelle est attachée un poids. La gravité agit de telle sorte sur le poids que la corde, si elle se poursuivait, arriverait jusqu’au centre de la Terre.
Les anciens ont découvert – il y a plus de 4 000 ans –, que si l’on voulait qu’un bâtiment reste intact, il fallait construire droit. Et pour cela, il fallait un fil à plomb.
Aucun mathématicien, gouvernement ou génie universitaire ne peut améliorer un fil à plomb. Ils ne peuvent pas le rendre plus droit ou plus fiable.
L’ingénierie scientifique moderne ne peut pas le rendre plus exploitable en le gonflant de 2% dans une direction ou une autre. Pas plus qu’ils ne peuvent le fausser pour atteindre le plein-emploi chez les maçons.
Les choses qui ne sont pas « d’aplomb » sont intrinsèquement instables. La gravité agit sur eux comme un slogan électoral sur un esprit faible.
La tour de Pise, par exemple, est une merveille du monde médiéval parce qu’elle a refusé de s’effondrer pendant si longtemps (elle est désormais soutenue par une armature d’acier).
L’économie penche de plus en plus
Rien n’est droit ou fiable dans le monde de l’argent. En fait, les choses penchent de plus en plus.
Bloomberg nous parle des tendances mondiales :
« Le PIB de Singapour, qui dépend des exportations, s’est réduit de 3,4% annualisés au deuxième trimestre par rapport au trimestre précédent, le déclin le plus important depuis 2012. »
La croissance chinoise est revenue à des niveaux qu’on n’avait plus vus en près de trois décennies :
« L’économie chinoise a ralenti, atteignant le rythme le plus faible depuis le début des données trimestrielles, en 1992, sur fond d’impasse commerciale continue avec les Etats-Unis, tandis que les indicateurs mensuels fournissent des signes montrant qu’une stabilisation émerge. »
Ce ralentissement n’est pas limité à l’Asie :
« L’économie britannique s’est probablement contractée pour la première fois depuis 2012 au deuxième trimestre, selon le dernier sondage Bloomberg auprès d’économistes.
La prédiction d’une contraction de 0,1% durant les trois mois menant à juin marque une dégradation par rapport au sondage précédent, où les économistes ne prévoyaient qu’une stagnation. Cette prévision se produit alors que le secteur des ventes au détail rapportait une nouvelle chute des ventes, disant que ‘le tableau d’ensemble est morose’. »
Il faut affamer la bête
Pendant ce temps, aux Etats-Unis, les autorités tentent d’empêcher la récession avec de nouvelles politiques crétines. Ni des taux d’intérêt normaux ni des budgets normaux et équilibrés ne sont permis. Bloomberg à nouveau :
« Le déficit budgétaire US s’est creusé à 738,6 Mds$ durant les huit premiers mois de l’exercice fiscal, une augmentation de 206 Mds$ par rapport à l’année précédente, malgré les revenus supplémentaires engendrés par les taxes douanières du président Donald Trump sur les marchandises importées.
Le trou est 38,8% supérieur à celui de la même période il y a un an, selon la revue budgétaire mensuelle du département du Trésor US publiée mercredi dernier. A ce jour, sur l’année fiscale entamée le 1er octobre, l’augmentation des revenus de 2,3% n’a pas suivi le rythme d’une augmentation de 9,3% des dépenses. »
En d’autres termes, les autorités US ont jeté leur fil à plomb aux orties il y a des années. Désormais, elles augmentent leurs dépenses près de quatre fois plus vite que leurs recettes fiscales.
L’idée motivant de nombreux conservateurs depuis l’époque Reagan était d' »affamer la bête ».
Telle était la stratégie entamée par Grover Norquist, président et fondateur de l’association Americans for Tax Reform, qui pensait que le seul moyen d’empêcher le gouvernement fédéral de croître était de le priver de nourriture.
Mais la bête n’est pas morte de faim. Au contraire, elle est devenue plus forte et plus agressive – en se nourrissant de dette.
La dette fédérale américaine a augmenté de quelque 11 000 Mds$ au cours de la dernière décennie. Durant cette période de 10 ans, les autorités ont plus augmenté la dette que toutes les administrations précédentes confondues.
Dette, une tour penchée
Il y avait un autre argument en faveur de la réduction d’impôts de Donald Trump : elle s’auto-financerait en stimulant la croissance. Cette croissance, disaient les partisans de la baisse, engendrerait une hausse des recettes fiscales.
Cela n’a pas été le cas non plus. La croissance réelle du PIB est à peu près aux mêmes niveaux que durant les années Obama, tandis que le déficit s’approfondit, à 5,5% du PIB.
Par comparaison, même au plus profond de la crise 2008-2009, le gouvernement italien enregistrait un déficit de 5,2% seulement. Aujourd’hui, il en est à 3,2%. Le déficit budgétaire argentin actuel est de 5,2% – inférieur à celui des Etats-Unis.
Au lieu de remettre d’équerre l’économie, la réduction d’impôts l’a fait pencher plus encore. A présent, tant la Réserve fédérale que le gouvernement US font tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter de redresser les finances de l’Etat.
La première triche sur le fil à plomb avec un taux d’intérêt artificiellement bas… tandis que le second construit une tour penchée de dette.
1 commentaire
» A ce jour, sur l’année fiscale entamée le 1er octobre, l’augmentation des revenus de 2,3% n’a pas suivi le rythme d’une augmentation de 9,3% des dépenses. »
Donc clairement le problème résulte non pas de la baisse des taux d’impôt mais de l’absence de contrôle des dépenses