Les autorités n’ont pas le choix : c’est « l’inflation ou la mort ». Pourquoi se trouvent-elles aujourd’hui dans une telle impasse ?
Dans notre ère « l’inflation ou la mort », les autorités n’ont que deux possibilités…
Soit elles augmentent l’offre de fausse monnaie (elles n’ont pas de monnaie réelle) avec des taux d’intérêt plus bas, des réductions d’impôts, de l’assouplissement quantitatif (QE), des taux zéro, de plus gros déficits, plus de dettes, plus de distorsion des prix… ou tout autre truc de pacotille qu’elles peuvent inventer…
… Soit elles laissent le système dégonfler, en passant par une récession, des ventes d’actifs, des visages endeuillées, des faillites, des réputations ruinées, des carrières brisées et une perte de richesse.
Il n’y a pas d’autres options.
C’est ce manque de choix que nous voulons explorer aujourd’hui.
Les transports sont moroses
Avant d’en arriver là, nous notons que le bon vieux Dow Jones Transportation Average nous dit ce qu’il se passe vraiment. Les valeurs du transport – navires, camions, chemin de fer – ne sont pas sexy. Elles ne sont pas à la mode. Ce n’est pas le genre d’actions qu’on se vante d’avoir en portefeuille.
Non ; elles sont terre-à-terre et honnêtes. Elles nous indiquent quand les marchandises circulent. Or si elles ne roulent pas sur des rails ou sur des autoroutes, si elles ne flottent pas sur la mer – l’économie n’est pas dans un boom.
S’il n’est pas confirmé par les transports, un nouveau sommet du Dow Jones Industrial Average n’a pas de sens, selon la théorie du Dow.
Pour l’instant, nous n’en sommes pas encore là.
Pourquoi faut-il choisir ?
Revenons-en à nos cogitations du jour. Pourquoi la « croissance » ne peut-elle pas se poursuivre sans plus d’inflation de la part des autorités ? Pourquoi la Fed doit-elle baisser les taux ? Pourquoi ne pas les laisser tel quel ?
Pourquoi faut-il choisir entre l’inflation ou la mort ?
Nous voyons deux raisons à cela.
Pour commencer, dans le système de fausse monnaie actuel, post-1971, le nouvel argent entre dans l’économie par l’emprunt.
Lorsqu’une banque emprunte auprès de la Réserve fédérale, par exemple, ce nouvel argent est créé par voie électronique. Même lorsque vous contractez un prêt immobilier, le prêteur ne va pas dans son coffre-fort pour en retirer une pile de billets. Il vous offre simplement du crédit… à partir de rien.
La masse monétaire augmente à mesure que de plus en plus de gens empruntent. Et à mesure que plus de gens empruntent, la dette augmente.
La dette mesure ce que l’avenir doit au passé. La guerre en Irak est terminée depuis longtemps, certes, mais les Américains la paieront pendant encore des générations. La crise de 2008-2009 a peut-être pris fin il y a 10 ans, mais les autorités ont consacré 10 000 Mds$ à des déficits censés stimuler une reprise – les Américains vont financer et refinancer éternellement cette dette.
Fraude et tourbillon monétaire
Même maintenant, alors que les Etats-Unis connaissent le plein emploi et que leur marché est proche de sommets record, les autorités « stimulent » encore la reprise avec un déficit de plus de 1 000 Mds$ par an… et se proposent de faire passer les taux d’intérêt sous le niveau de l’inflation des prix la consommation – c’est-à-dire en territoire négatif.
Mais avec autant de dette en cours, chaque dollar d’inflation supplémentaire ne rapporte qu’environ 25 cents de croissance.
Parce qu’au lieu d’engendrer plus de production, de nouveaux projets et une augmentation de la croissance… le nouveau crédit (l’inflation) doit être utilisé pour refinancer d’anciens prêts… payer les intérêts d’anciennes créances… et maintenir en vie des entreprises zombies imbibées de dettes.
Vous pouvez faire le calcul vous-même : sur la dernière décennie, ces 20 000 Mds$ de dettes supplémentaires n’ont généré que 5 000 Mds$ de PIB en plus.
Pourquoi ?
Rappelez-vous que la relance est une fraude. Elle ne mène pas à plus de croissance. Elle ne fait qu’avancer de futures dépenses et simuler une croissance réelle par le biais d’une activité économique factice.
Lors des phases avancées d’inflation des prix à la consommation, par exemple, les consommateurs cherchent frénétiquement à se débarrasser de leurs devises. Ils achètent des voitures dont ils n’ont pas besoin et de maisons qu’ils ne veulent pas.
De vieux garçons achètent des sièges pour bébé… des abstinents entassent des réserves de whisky… les gens achètent tout ce qu’ils peuvent pour éviter de perdre de l’argent à cause de leur devise faiblissante.
Mais ce tourbillon monétaire ne crée pas de richesse. Il la détruit.
Le sol se dérobe sous les pieds des autorités monétaires
Ce qui nous amène à la deuxième raison pour laquelle les autorités ne peuvent pas rester immobiles : le sol se dérobe sous leurs pieds.
Lorsqu’elles font jouer l’inflation – que ce soit sur les prix à la consommation ou les prix des actifs – elles trompent les gens, qui pensent pouvoir dépenser plus librement. Cette augmentation des dépenses ressemble comme deux gouttes d’eau à de la « croissance »… si bien que les entreprises et les investisseurs prennent des décisions basées sur une lecture erronée de la demande des consommateurs.
Par ailleurs, les autorités prêtent à court terme, non à long terme, et à des taux ultra-bas. On ne peut pas construire une vraie activité de long terme avec des prêts à court terme. Ce qu’on peut faire, en revanche… c’est financer divers trucs et astuces permettant de faire grimper son entreprise et rémunérer les initiés.
Dans son ensemble, l’économie se concentre moins sur la construction de vraie richesse, et plus sur des plans d’argent facile et rapide. C’est la tendance à la « financiarisation » dont nous avons déjà parlé.
Là encore, la destruction est probablement la plus évidente lors des phases avancées. A ce moment-là, les spéculateurs ont pris le mors aux dents… tandis que les vraies entreprises ont abandonné toute tentative d’anticiper les changements de prix ou les coûts de l’emprunt.
Elles ont arrêté d’investir dans de nouvelles usines et hangars. Elles essaient simplement de survivre – et y parviennent rarement. Il suffit de regarder le Venezuela en ce moment.
Où mettre votre argent ?
Ray Dalio, fondateur de Bridgewater Associates, se pose la question. Dans une note de recherche, il demande :
« Quelle sera la meilleure devise ou réserve de richesse alternative lorsque la plupart des banquiers [gérant] les devises de réserves voudront dévaluer leurs monnaies […] ? »
The Block continue :
« Selon Dalio, pour les investisseurs, il est actuellement opportun de réfléchir aux raisons pour lesquelles le paradigme de l’environnement reflationniste de la décennie actuelle n’est pas soutenable, et de ‘visualiser de quelle façon le changement se matérialisera lorsque [le paradigme actuel] se délitera’.
La note concluait en suggérant aux investisseurs d’envisager de mettre en portefeuille de l’or et autres actifs qui se comportent bien lors de périodes de dépréciation monétaire et de conflits durables au niveau national et international. »
1 commentaire
Il y a un autre inconvénient à la relance, l’effet déflationniste. Si j’achète une voiture deux ans plus tôt que prévu parce que j’y suis incité par une prime et des taux bas, je prélève cet achat sur l’avenir. Il y aura donc moins d’achat de voiture et donc une pression à la baisse des prix pour… relancer et ainsi de suite jusqu’à ce que le marché soit saturé de voiture et de dettes. Cette saturation serait une limite physique aboutissant à la récession s’il n’y avait pas un domaine dans lequel l’obsolescence rapide des matériels, la propagande et la cupidité infinie des hommes n’offraient pas un débouché pratiquement illimité aux crédits, l’armée. L’armement, les équipements militaires, les salaires, l’entretien des bases, sont un trou noir financier dans lequel a disparu les milliers de milliards dollars destinés à la relance. Une théorie osée et complotiste, avance que ces dollars sont entré dans une sorte de vortex débouchant ailleurs, dans les poches des riches actionnaires du complexe militaro-industriel et de leurs serviteurs, les politiques. Nos enfants et petits enfants apprécieront lorsqu’ils n’auront plus que « des cailloux à sucer » (vieille expression française).